HomeA la uneNOUVELLE CHARGE CONTRE LE GENERAL MOKOKO : Qui veut casser de l’opposant l’accuse de trouble à l’ordre public

NOUVELLE CHARGE CONTRE LE GENERAL MOKOKO : Qui veut casser de l’opposant l’accuse de trouble à l’ordre public


Le Général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat malheureux à la présidentielle congolaise du 20 mars dernier, n’est pas au bout de ses peines. En effet, alors qu’il est écroué depuis deux mois pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat » et « détention illégale d’armes et munitions de guerre », il s’est vu extrait de sa cellule, dans l’après-midi du 17 août dernier, et présenté à un juge qui lui a signifié une nouvelle charge portée contre lui : « incitation au trouble à l’ordre public» que certaines sources lient aux appels à la désobéissance civile qu’il a lancés, suite à la publication des résultats de la présidentielle prononcés en faveur du président Sassou Nguesso.  La notification de cette nouvelle charge au Général Mokoko, juste à la veille de la délibération de la Justice sur la demande de mise en liberté provisoire introduite par ses avocats, laisse planer le doute sur l’innocence de l’acte. En tout cas, l’on est porté à croire que cette précaution a été prise juste pour pouvoir maintenir le Général en prison, au cas où la Cour viendrait à se prononcer favorablement sur la requête de ses avocats. Et le timing dans la signification de la nouvelle charge à l’accusé, qui n’est visiblement pas un hasard, laisse plutôt penser que le premier dossier n’est pas suffisamment consistant pour maintenir  légalement l’accusé en détention. Et comme on dit que deux précautions valent mieux qu’une, ceci pourrait bien expliquer cette nouvelle charge. L’on est donc fondé à croire que Sassou cherche des poux sur le crâne rasé du Général Mokoko. Et comme l’incitation au trouble à l’ordre public, dans les républiques bananières,  est un chef d’accusation quasiment fourre-tout, le motif semble bien trouvé pour que le Général ne respire pas de sitôt l’air de la liberté.  Cela fait penser à l’adage selon lequel « qui veut tuer son chien, l’accuse de rage ». L’on peut même être plus précis en disant que qui veut casser de l’opposant, l’accuse de trouble à l’ordre public. Dans le cas d’espèce, le Général Mokoko apprend à ses dépens  qu’on ne convoite pas la place de Sassou et surtout, qu’on ne défie pas publiquement le maître de Brazzaville. La démocratie peut toujours attendre… Pour l’alternance, il ne faut pas rêver.

Le combat pour la démocratie en Afrique, passe aussi par le combat pour l’indépendance réelle de la Justice

Cela dit, le cas du Général Mokoko est vraiment à déplorer. D’autant plus que dans cette affaire, la Justice semble aux ordres. Comme dans la plupart des républiques bananières où au plus haut sommet de l’Exécutif, on passe le temps à chanter sur tous les toits l’indépendance de la Justice, alors que le pouvoir a savamment travaillé à s’assurer la servitude de juges qui vont s’asseoir sur leur conscience et lire le droit, en toutes circonstances, en faveur du prince. C’est pourquoi l’on est porté à croire que le Général Mokoko a peu de chances de s’en sortir à bons comptes. Car, c’est quasiment une certitude que tout sera mis en œuvre pour le couler définitivement, lui enlever toute possibilité de rebondir, sous les artifices du droit. C’est pourquoi le combat pour la démocratie en Afrique, passe aussi par le combat pour l’indépendance réelle de la Justice. Il est impératif que les Africains se donnent les moyens d’y parvenir. Autrement, tant qu’il y aura des juges acquis, tant qu’il y aura des Conseils constitutionnels aux ordres, les dictateurs africains auront toujours de beaux jours devant eux. Toute chose qui contribuera à retarder le développement de ce continent où les satrapes de tout acabit règneront en maîtres absolus. En tout état de cause, au Congo comme dans bien des pays d’Afrique, il ne fait pas bon être opposant. Car, l’on vous fera voir des vertes et des pas mures, pour peu que vous osiez vous dresser contre le prince régnant. Jean-Marie Michel Mokoko est en train d’en vivre l’amère expérience au Congo Brazzaville. Son cas fait penser à celui de Moïse Katumbi, de l’autre côté du fleuve, en RD Congo, aux prises avec un certain Joseph Kabila. C’est cela aussi la triste réalité de l’Afrique, et c’est malheureux. Il faut que cela change.

Outélé KEITA


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