HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Les cordes

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Les cordes


Sous le ciel ensoleillé du pays des Hommes intègres, chaque jeudi ou samedi se réveille avec son lot de mariages. Synonyme de fêtes, d’étalage de ses acquis, de son prestige.

Sur les avenues, les cortèges se croisent, klaxonnent, fanfaronnent. Les heureux occupants de la voiture luxueuse aux mille décorations rayonnent de bonheur dans leurs tenues des grands jours.

Devant eux, les acrobates sur des motos au risque de leur vie et celle des autres rivalisent de numéros, de prouesses. Dans les quartiers, les tentes se dressent, la musique s’invite dans une ambiance conviviale pour accueillir les invités.

Les fiancés sacrifient des années d’économies, de durs labeurs, hypothèquent le futur pour ce jour de noblesse. Les familles dépensent, se dépouillent, s’endettent pour sauver le paraître.

De nos jours, passer devant le pasteur, le prêtre, l’imam ou le maire est une nouvelle tendance, presqu’une mode. Parfois l’amour vrai, le respect dans le beau et dans le laid sont artificiels.

Quels sont les raisons, les sentiments qui inspirent un tel engouement pour le mariage de la nouvelle ère ?

Difficile d’y répondre.

Le noble sentiment du cœur, la tendresse réciproque, le désir de partager le meilleur mais aussi le pire restent toujours à vérifier.

Parfois se glissent dans le mariage actuel des cordes invisibles.

Pour certains, c’est juste une cérémonie, l’officialisation d’un lien au regard de la société.  Pour d’autres, c’est l’installation d’un paratonnerre qui protégera l’un ou l’autre si la foudre destructrice du destin s’invite un jour dans le foyer. Tout est calculé, pesé, les avantages matériels expertisés à la loupe en échange du don de soi. Une équation mathématique examinée à la virgule près.

Pour d’autres encore c’est un piège moral pour s’accaparer du souffle de l’autre. Le ou la réduire au néant, attendre tout du partenaire. Faire comme tout le monde. Suivre les règles de la société tout en conservant ses vieilles habitudes.

Les cordes où beaucoup se prennent les pieds sont multiples dans le mariage moderne. Avant la cérémonie, elles sont souvent indétectables. C’est après que les nœuds apparaissent. Après quelques années, l’homme ou la femme que l’on croyait avoir épousé/e se fond dans le brouillard de l’illusion. Le réveil est tardif et souvent amer.

Avant de se dire « oui ! » parfois avec des yeux de désir, on croit que c’est le fil qui relie deux êtres dans une communion de pensées, de visions communes qui  motive. On pense que c’est l’amour sincère et réciproque qui guide. Que c’est l’élan de deux cœurs loin de l’attirance artificielle et charnelle. On se projette sur l’avenir, sur le chemin où deux créatures main dans la main marchent, luttent, se prêtent aux concessions, aux sacrifices, aux privations et à la tolérance réciproque. Deux forces unissant leurs énergies pour le quotidien et pour l’avenir. Deux corps formant une équipe solide, mature, entraînée physiquement et moralement pour escalader les montagnes, sortir indemne des orages, des tempêtes.

C’est le rêve de tous les mariés de la terre.

Souvent la réalité est différente après quelques années de vie commune.

Le mariage est un grand jour, rayonnons avec retenue. Dépensons avec dimension. Savourons sans excès. Le vrai mariage, c’est après le mariage.

Vive les mariés !

Ousséni Nikiéma, Langage de sourds

[email protected]

70-13-25-9


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