HomeOmbre et lumièreLA NOUVELLE DU VENDREDI : Un si gros mensonge

LA NOUVELLE DU VENDREDI : Un si gros mensonge


Alasko était natif d’une région du Sud du Burkina. Après l’obtention de son Bac, il est venu vivre dans la capitale pour poursuivre ses études à l’université auprès de sa tante Carole. Tante Carole, si je puis me permettre, est une dame exceptionnelle au grand cœur. Diplomate presqu’en fin de carrière, tante Carole voyage beaucoup et, en  plus de ces deux enfants étudiants à l’étranger, s’occupe admirablement de mon ami Alasko, fils de sa sœur défunte.  Et Alasko n’est pas le seul enfant de la famille à qui tante Carole apporte son soutien pour un avenir meilleur. Il y a aussi Natou, une jeune mère célibataire et sa fillette Dama, une gamine de six ans, qui vivent chez elle. Recueillie et prise en charge par tante Carole, après un mariage catastrophique et un divorce difficile,  par les bons soins de la généreuse femme, Natou en formation dans un atelier de couture a retrouvé le sourire  et tente de se reconstruire. D’elle, on pourrait tout simplement dire, qu’elle revient de loin.

A chaque rentrée scolaire, tante Carole, par mon ami Alasko, commande auprès de ma librairie beaucoup de documents et fournitures pour ses protégés.

C’est ainsi que depuis plusieurs années, je fréquente tante Carole et sa famille dans un quartier moderne du pays des Hommes intègres. Souvent les week-ends,  je rends visite à mon ami Alasko et nous prenons le thé devant la concession. Tante Carole entre deux voyages, si son agenda le permet, partage ce moment fraternel avec nous. Dama, le petit ange de la famille, nous fait souvent bien rigoler. Quant à sa mère Natou, occupée par ses tâches ménagères après son boulot, je la voyais très rarement. Et excepté les salutations amicales et cordiales nos rapports étaient strictement superficiels.

Un soir, Alasko me confia :

– Natou a traversé des moments très difficiles. Avec l’aide de tante Carole à présent elle se reconstruit. C’est une fille très sympathique et travailleuse. Elle est très appréciée par son patron et ses collègues. Le pire est passé, et je prie et espère pour elle un avenir radieux. Natou le mérite. D’ailleurs elle a rencontré un jeune homme très sérieux et je vois que c’est solide entre eux. Un jeune infirmier que tante Carole et moi-même  apprécions beaucoup… Un jeune homme comme il faut pour Natou.

Pour éviter de nous aventurer dans une vie privée et sacrée qui mérite respect,  je détournai judicieusement la conversation vers d’autres sujets.  Deux ou trois jeunes passèrent.  

Un soir, assis devant la concession avec Alasko autour d’un verre de thé, arriva un jeune homme.

– C’est le prétendant de Natou, me souffla mon ami à l’oreille.

Je me levai pour accueillir le nouvel arrivant. Lorsque le jeune homme descendit de moto, je faillis avaler mon verre de thé. Ce jeune infirmier sérieux n’était autre que le mari de ma nièce Josiane.  Oui ! Soul, le mari de ma nièce Josiane.

Un jeune mécanicien expert d’inventions en tout genre, surtout en histoires de fesses et combines, sauf en mécanique. Et comble d’ironie, ce zombi n’a jamais tenu une seule seringue de sa vie. S’il le faisait, ce serait une catastrophe humanitaire pour le corps des blouses blanches. Soul, un mari volage, frimeur  et faroteur qui menait la vie dure à ma nièce et à ses 4 enfants. Un époux dont la femme devait se lever très tôt à 5h du matin, porter un jean pour la bagarre quotidienne afin d’arracher les 500 F CFA  pour la nourriture des enfants.

En nous serrant la main, étouffant ma colère contre ce Judas des temps modernes, je ne puis m’empêcher de glisser doucement à l’oreille de ce zozo sans scrupule :

– Dieu te voit Soul… En attendant stop !!!

Mon ami Alasko n’a rien saisi.  Mais Soul le savait très bien. En entrant dans la maison, il s’est retourné. Nous nous sommes regardés et je crois qu’il a bien compris.

 

Ousséni Nikiema 70 13 25 96

 

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