HomeA la uneNOUVELLES ACCUSATIONS D’EXACTIONS CONTRE L’ARMEE MALIENNE ET SES SUPPLETIFS RUSSES : Attention à ne pas s’aliéner le soutien des populations

NOUVELLES ACCUSATIONS D’EXACTIONS CONTRE L’ARMEE MALIENNE ET SES SUPPLETIFS RUSSES : Attention à ne pas s’aliéner le soutien des populations


L’armée malienne et ses supplétifs russes font, à nouveau, l’objet d’accusations d’exactions contre les populations civiles. En effet, selon certaines sources, cinq civils ont été tués le 13 février 2023 au matin et d’autres gravement blessés à Soumouni, un village du cercle de Macina, région de Ségou, dans le Centre du pays. Cette tragédie n’est que la énième sur une liste qui commence à être véritablement longue. En effet, depuis quelques mois déjà, les accusations d’exactions commises sur des populations, se multiplient contre l’armée malienne et ses alliés russes de Wagner. Quand ce ne sont pas des exécutions extrajudiciaires dont ils sont soupçonnés, ce sont des accusations de violences sexuelles et de viols dont ils sont l’objet.  A titre d’exemples, le 4 septembre 2022, dans la commune de Fakala, région de Mopti dans le Centre du pays, des sources indiquent qu’ils se sont rendus coupables de délits portant atteinte aux mœurs sur des populations féminines, assortis de pillages d’objets de valeur et de vol de bétail. 

 

L’armée malienne gagnerait à faire toute la lumière sur ces sombres affaires

 

Avant cela, des témoignages faisaient état des mêmes types d’abus sexuels lors de l’opération antiterroriste à Moura, dans le cercle de Djenné, dans le Centre du Mali, menée en mars dernier, où les supplétifs russes des FAMa étaient déjà pointés du doigt. Cette opération coup de poings qui passe pour le plus grand massacre de l’armée malienne, avait fait entre 200 à 400 civils tués, selon des Organisations non gouvernementales (ONG) locales et des sources onusiennes. Un mois plus tard, soit en avril 2022, c’est le dossier du charnier de Gossi, dans le Nord du pays, qui faisait les choux gras des journaux, sur fond d’accusations portées par l’armée française contre les mercenaires russes de Wagner que des images satellites auraient surpris en train d’enterrer à la sauvette des morts, dans une mise en scène visant à incriminer les soldats français après la rétrocession de la base de ladite ville par la force Barkhane. Dans le prolongement des massacres de Gossi, d’autres rapports mettent gravement en cause les forces armées maliennes dans les tueries d’une cinquantaine de civils à Hombori, dans le Centre du pays. Même si l’armée malienne s’est toujours défendue d’avoir commis ces exactions, on ne peut pas l’absoudre à  bon compte. Car, comme on le dit, il ne peut pas y avoir de fumée sans feu. Et l’on peut d’autant plus croire à la culpabilité des FAMa et de leurs alliés russes que le groupe Wagner est accusé des mêmes violences en République centrafricaine où ses forces sont aussi engagées sur le terrain. C’est donc dire si les troupes maliennes et leurs alliés se torchent avec les droits humains au risque de donner raison aux détracteurs du pouvoir kaki de Bamako. C’est pourquoi, au-delà des dénégations, l’armée malienne gagnerait à faire toute la lumière sur ces sombres affaires qui sont autant de graves accusations qui ternissent sa réputation, mais qui pourraient aussi lui porter préjudice à plus d’un titre.

 

Toute la difficulté pour les FAMa et leurs alliés est de pouvoir faire le tri entre le bon grain et l’ivraie

 

Car, il s’agit non seulement de laver son honneur à la face du monde, mais aussi de ne pas perdre la confiance des populations dont la collaboration est capitale dans la lutte contre les forces du mal. Autrement, ce serait une façon, au pire des cas, de jeter ces mêmes populations dans les bras de l’ennemi si cela ne suscite pas la méfiance, au meilleur des cas. Toute chose qui, en tous les cas, en rajouterait à la difficulté de leur mission de sécurisation du territoire, dans le difficile combat pour réduire considérablement la voilure des terroristes.  Cela dit, il n’est pas exclu que l’armée malienne et ses alliés du groupe Wagner fassent l’objet d’une campagne qui vise à salir leur réputation. Car, c’est connu, les pays du Sahel, à commencer par le Mali, font l’objet d’une âpre lutte d’influence entre leurs alliés occidentaux traditionnels, notamment la France et de nouveaux concurrents, principalement la Russie et la Chine. Et c’est précisément ce qui amène à se demander pourquoi les accusations se sont davantage multipliées, depuis le divorce de Bamako avec Paris dans les conditions que l’on sait ; toute chose qui a valu le départ de la force française Barkhane du Mali. Est-ce une guerre de communication visant à ternir l’image des FAMa et de leurs supplétifs russes voire mettre à mal les relations entre Bamako et son nouveau partenaire ? On pourrait le penser. On pourrait même penser que c’est aussi une opération qui vise à saper le moral des troupes et à les conduire à l’échec. Or, à la décharge d’ailleurs de l’armée malienne, il faut aussi reconnaitre la complexité de la mission sur le terrain avec des populations qui ne jouent pas parfois franc jeu. Dans le cas d’espèce, les soldats maliens et leurs supplétifs soupçonnaient la présence, dans le village de Soumouni, de combattants djihadistes affiliés à la Katiba Macina du JNIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans), elle-même liée à Al-Qaida. Il faut aussi dire que depuis plusieurs mois, de nombreux villages de la zone dont celui de Soumouni, ont dû se résoudre à passer des accords avec les djihadistes pour pouvoir vaquer à leurs occupations. Toute la difficulté pour les FAMa et leurs alliés est de pouvoir faire le tri entre le bon grain et l’ivraie.

 

« Le Pays »

                                            

 

 


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