HomeLa chronique du fouOCCUPATION ANARCHIQUE DES ESPACES PUBLICS : Pourquoi le Burkinabè a-t-il l’oreille si dure ?

OCCUPATION ANARCHIQUE DES ESPACES PUBLICS : Pourquoi le Burkinabè a-t-il l’oreille si dure ?


J’ai été témoin d’une opération de ramassage de marchandises des commerçants installés aux abords du marché central de Ouagadougou, Rood Wooko, le 29 avril dernier. Cette opération qui a suscité le courroux des propriétaires des marchandises saisies par la police municipale, a été, ai-je appris, ordonnée par le maire de la commune, Marin Casimir Ilboudo. Grand était mon étonnement car je ne savais pas qu’un Marin pouvait agir sur la terre ferme, c’est-à-dire en dehors de la mer où il y a l’eau. Les commerçants dont les marchandises ont été saisies le pensaient aussi. C’est pourquoi malgré le délai de trois mois qui leur avait été donné pour quitter les lieux, ils étaient toujours là. Certains ne le croiront pas mais je dois vous dire que même fou, je n’aime pas le désordre. Je n’irais pas jusqu’à féliciter le maire, mais je dirais qu’il a fait son travail. On ne peut pas accepter que des commerçants occupent anarchiquement les abords du marché. Non seulement cela contribue à rendre plus sale le marché, mais cela crée aussi l’insécurité. Avant cette opération, il était difficile de se frayer un chemin aux abords du marché. Presque tous les espaces libres étaient occupés par des marchands. Comment pouvait-on, dans une telle situation, secourir efficacement les vrais occupants du marché en cas de danger ? Hormis cela, ces marchands qui occupaient illégalement les abords du marché faisaient une concurrence déloyale aux commerçants qui ont pris des hangars et boutiques à l’intérieur du marché et qui paient régulièrement des taxes à la commune. En tout cas, il y avait mille raisons pour déguerpir ces commerçants. J’allais dire qu’ils ont même eu la chance que l’opération se soit déroulée sous la gouvernance de Marin. Si elle avait été conduite par l’ancien maire, Simon Compaoré, on imagine comment les choses se seraient passées. J’ai l’impression que certains Burkinabè, à l’image de ces commerçants, veulent profiter de l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat pour faire tout ce qu’ils veulent. Ils ont certainement cru que s’ils persistaient à y rester, l’autorité allait plier l’échine. Mais c’était sans compter avec la détermination du nouveau maire. Cette œuvre de salubrité mérite d’être saluée. Même dans la brousse, on ne s’installe pas n’importe comment a fortiori dans une ville qui, qui plus est, est la capitale. A dire vrai, le Burkinabè a l’oreille dure. Il a tendance à vouloir braver tous les interdits. Et lorsque l’autorité agit, il en fait un boucan de diable. Je me rappelle encore ces gens-là à qui l’on avait trouvé des parcelles ailleurs, après les inondations du 1er septembre 2009, mais qui ont complètement refusé de quitter les zones inondables. Il en est de même de ceux-là à qui l’on a dit d’éviter les cultures en hauteur en ville, mais qui en font à leur tête. On a encore en mémoire l’incendie qui avait ravagé en 2008 le même Rood Wooko, à l’issue duquel des commerçants avaient refusé de rejoindre les yaars qu’on leur avait proposés. Or, quand on laisse une personne s’établir dans un endroit pendant longtemps, elle finit par croire qu’elle est le propriétaire des lieux. Même le fou que je suis a tendance à croire que tous les endroits où j’ai passé quelques nuits m’appartiennent.

« Le Fou »


Comments
  • Les autorités municipales es sont les fautives; Si vous laissez les gens occupés les espaces publics pendants plusieurs années et vous venez un beau jour pour les déguerpir c’est sûr que ca ne peut pas être simple. C’est son avenir!

    28 août 2014

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