HomeA la uneOFFICE NATIONAL D’IDENTIFICATION (ONI) : Le DG déclaré persona non grata par des policiers

OFFICE NATIONAL D’IDENTIFICATION (ONI) : Le DG déclaré persona non grata par des policiers


Hier 29 mai 2018, les portes de l’Office national d’identification (ONI) sont restées fermées aux usagers de l’institution peu après 9h, empêchant momentanément  les travailleurs  d’en sortir ou d’y accéder.  Et pour cause ? Le Directeur général, Parbignalé Yoda, qui reprenait service après une mesure suspensive d’un mois,  s’est vu empêché d’accéder à son bureau par des policiers qui, apparemment, ne veulent plus de lui à la tête de l’institution.

 

Il est 9h passées. Nous arrivons devant l’ONI, au quartier Ouaga 2000. Des policiers font le pied de grue devant les portes fermées de l’institution. Les usagers arrivent et repartent sans comprendre pourquoi les portes de l’Office national d’identification sont fermées. Quand nous demandons aux policiers ce qu’il se passe, ils nous orientent vers d’autres personnes. Certains usagers tapent aux portes, mais en vain. D’autres insistent et finissent par se voir ouvrir une porte par un policier. Quand ils demandent aux policiers pourquoi les portes sont closes, la réponse est simple et laconique : « c’est fermé, ce n’est pas encore ouvert ». Les policiers qui ne veulent pas décourager les usagers en attente, leur disent  de patienter. Nadia Congo, élève, a accompagné son oncle à l’ONI ce matin. Elle dit ignorer pourquoi les usagers qui viennent, sont obligés de repartir, sans satisfaction. Olivier Nion, lui, est étudiant et attend sa CNIB depuis  mars 2018. Arrivé à 8h 30 mn  devant l’ONI, il est obligé de patienter parce que des policiers postés devant les portes ne laissent entrer personne, selon ses mots. Comme lui, femmes et hommes attendent à côté du parking, espérant voir le service fonctionner. Mais, l’impatience oblige  à parler. Quel est le problème, a demandé un usager ? La réalité, c’est que des policiers en poste à l’ONI ont bloqué le DG à la porte de l’institution dans la matinée, quand celui y entrait avec son véhicule, a-t-on précisé. Après un mois de suspension pour « manquement aux règles de la déontologie », le DG Parbignalé Yoda devait reprendre service hier 29 mai. Mais, à sa grande surprise, des policiers lui ont refusé l’accès au service, prolongeant ainsi la crise qui avait éclaté à l’ONI et empêché la délivrance des documents d’identification.  De l’intérieur de la cour de l’ONI, le chef de service comptabilité, Jean Baptiste Kabré, donne sa lecture des faits à quelques journalistes derrière le mur. «Nous avons été séquestrés ce matin depuis 9h 30 mn, bloqués à l’intérieur par des policiers. Personne ne sort, personne ne rentre. C’est vraiment intolérable et inacceptable dans un Etat de droit. Nous avons estimé qu’avec les tractations avec le ministre de la Sécurité, le contentieux avait été vidé. Nous ne comprenons pas qu’aujourd’hui une situation pareille se produise, avec les travailleurs séquestrés, victimes de la situation ».

L’autorité doit prendre ses responsabilités

 

«Nous demandons à l’autorité publique de prendre ses responsabilités», a-t-il  confié, précisant que c’est tout le personnel civil qui était séquestré au moment où il s’adressait à la presse à travers les ouvertures du mur. Plus d’une heure après, nous apercevons Pierre Arsène Ouédraogo et certains de ses collègues, tous employés de l’ONI, qui venaient de sortir de la cour de l’ONI. Pierre Arsène Ouédraogo est le Secrétaire général de la section Forces ouvrières de l’ONI et coordonnateur des activités syndicales et civiles au niveau de l’ONI. Pour le syndicaliste, « nous sommes à une page d’une crise », puisque l’institution vit une crise depuis le 30 mars dernier, né d’un Conseil d’administration au cours duquel le DG aurait eu des « propos désobligeants ». Après deux médiations sans succès, le ministre de la Sécurité qui s’était saisi du dossier, a suspendu le DG pour un mois.  Un dialogue a été initié avec la section syndicale de la Police (UNAPOL) de l’ONI, pour éviter ce qui est arrivé ce 29 mai dans la matinée, a confié Pierre Arsène Ouédraogo. Pour lui, les gens accompagnent tacitement cette crise sans prendre leurs responsabilités et des décisions. C’est pourquoi des policiers ont bloqué et empêché le DG d’accéder au service, avant de « prendre en otage » le personnel civil de  l’ONI.  Le personnel civil de l’ONI travaille avec des collaborateurs qui utilisent des armes, a-t-il souligné, faisant allusion aux policiers en cause. Pour lui, un danger peut vite arriver. D’où le cri du cœur qu’il lance : l’autorité doit prendre ses responsabilités pour leur éviter, à lui et à ses collègues civils, l’enfer qu’ils vivent, selon ses mots. Les civils n’ont pas de problème avec l’institution « Police », a-t-il souligné. Les policiers sont nos frères, mais entre frères, on doit faire attention, a-t-il dit l’air inquiet.  Quand des  policiers empêchent des travailleurs d’un service public d’aller et venir  dans ledit service, on n’est pas loin d’un autre « RSP », s’est lâché Pierre Arsène Ouédraogo.

Lonsani SANOGO

 

 


No Comments

Leave A Comment