OPPOSITION DE LA CHINE ET DE LA RUSSIE A DES SANCTIONS CONTRE BUJUMBURA : Les deux avocats du diable burundais

 

Face au drame burundais, la communauté internationale, secouée par la France, commence à sortir de son silence.  En effet, le  9 novembre dernier, la France a pris l’initiative de proposer une résolution condamnant les violences au Burundi, et proposé des sanctions ciblées contre les fauteurs de trouble. Cette proposition motivée par l’inquiétude croissante du fait des violences et surtout les discours de haine, demande à Ban KI-Moon d’envisager le renforcement de la présence des Nations unies au Burundi et la possibilité de déployer un contingent en cas de dégradation rapide de la sécurité dans le pays. Cette initiative de la France est à saluer d’autant plus qu’elle met le Conseil de sécurité de l’ONU face à ses responsabilités. Instruite par les précédents génocides au Burundi et au Rwanda voisin, l’ONU   s’inquiète que l’histoire se répète  dans cette région des Grands Lacs qui peine déjà à cicatriser les blessures de son passé. Le maître-mot, selon l’ambassadeur adjoint de la France auprès des Nations unies, Alexis Lamek, est « agir » et vite car, estime-t-il, « on peut encore faire de la prévention ». Mais autant il faut saluer l’initiative française soutenue par les Britanniques, autant il faut condamner l’attitude de la Russie, de la Chine et des représentants africains qui affichent de la résistance contre les sanctions ciblées envisagées contre Bujumbura. La Russie en particulier, insensible au drame burundais, à la misère et au traumatisme des 200 000 Burundais errant sur les sentiers incertains de l’exil, accuse à demi-mot les Français de vouloir renverser le gouvernement burundais.

L’ONU se devrait d’être plus ferme dans les sanctions qu’elle envisage de prendre

Cette indécente posture des deux grandes puissances précitées face aux questions humanitaires, au nom de leurs intérêts, est difficilement tolérable et on peut légitimement se demander si elle ne remet pas en cause la question du droit de veto de certains pays. En prenant systématiquement le contrepied des propositions  du camp adverse, même dans les situations d’extrêmes tragédies comme au Burundi, la Russie et la Chine se rendent complices du génocide que tous les signaux rendent imminent.  Tout laisse croire que la guerre de diplomatie à laquelle se  livrent les grands de ce monde, apportera aussi son lot de victimes au Burundi. Quoi qu’il en soit, la résolution française, même si elle ne réglera pas la crise au Burundi, aura le mérite d’engager le dialogue, malgré cette opposition des deux avocats du diable burundais.  Et Nkurunziza qui n’en finit pas de se repaître du sang de ses compatriotes dans cette spirale de violence, devrait savoir lire ce signe des temps.  La sadique image  du chef d’Etat ne s’émouvant pas de l’actualité qui, dans son pays, se décline au quotidien par des assassinats, commence à irriter la communauté internationale. Et l’ONU se devrait d’être plus ferme dans les sanctions qu’elle envisage de prendre. Le régime de Bujumbura a deux talons d’Achille : sa forte dépendance de l’extérieur en termes de ressources  et le nombre élevé de soldats burundais participant aux missions de maintien de paix. Le gel de cette aide extérieure et la non-participation des militaires burundais aux missions de maintien de la paix, mettraient le pays sous une asphyxie financière qui serait fatale au régime. La France a les moyens de sa politique et si elle ne fait pas preuve d’hypocrisie dans sa prise de position, les positions russe et chinoise ne devraient pas constituer un coup d’arrêt à son action car elle bénéficie du soutien des organisations de défense des droits de l’Homme et des organisations internationales qui ne cachent plus leur impatience.

SAHO