Opposition de l’Etat ivoirien à la levée des conditions imposées à Gbagbo:ADO tombe le masque
Encore un rebondissement dans l’affaire Gbagbo. En effet, dans une requête déposée au Bureau de la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI), les avocats de l’Etat ivoirien s’opposent à la levée des conditions imposées à Laurent Gbagbo, suite à son acquittement en janvier 2019. Comme si cela ne suffisait pas, les avocats de Côte d’Ivoire demandent l’autorisation de participer à la procédure d’appel en cours. Mais comme il fallait s’y attendre, la réaction du Front populaire ivoirien (FPI) dont le fondateur n’est autre que Laurent Gbagbo, ne s’est pas fait entendre. Le secrétaire général dudit parti, Assoa Adou a dénoncé mercredi dernier, l’attitude de l’Etat ivoirien, la qualifiant d’immixtion honteuse dans le procès de leur mentor. Assoa Adou est allé plus loin en accusant le gouvernement ivoirien de s’opposer au retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et par ricochet, à la réconciliation nationale.
Pour cette figure de proue du FPI, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une ‘’cabale’’ contre Laurent Gbagbo. Il en veut pour preuve, la confirmation en appel, le mardi dernier, de la peine de 20 ans de prison, prononcée en 2010 contre le fondateur du parti, dans l’affaire du braquage de la BCEAO. La question que l’on se pose est la suivante : les avocats de l’Etat ivoirien seront-ils entendus? Rien n’est moins sûr. En effet, ce n’est pas la première fois que les avocats de Côte d’Ivoire demandent à intervenir dans la procédure en cours mais ils n’ont jamais obtenu gain de cause. Cela dit, même si cette énième requête a peu de chance d’aboutir, elle apporte à n’en point douter, de l’eau au moulin de la procureure Fatou Bensouda qui, non seulement s’oppose à la levée des conditions imposées à Gbabgo mais aussi a fait appel de son acquittement en janvier dernier. En effet, dame Bensouda croit dur comme fer à la culpabilité de l’ex-président ivoirien et de son ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé. Et elle garde toujours espoir de prouver la culpabilité des deux hommes. Car, il faut le rappeler, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé avaient été acquittés pour insuffisance de preuves. Ce qui est loin de signifier qu’ils sont blancs comme neige.
Et en attendant que la Cour d’appel se prononce, le calvaire de Laurent Gbagbo se poursuivra encore pour quelque temps. Cela est d’autant plus vrai que cette action de l’Etat ivoirien n’est pas pour faciliter le retour du Christ de Mama au bercail. Du reste, on n’exagérait pas en disant que c’est un coup de massue sur la tête des partisans de Laurent Gbagbo eux qui piaffent d’impatience de le voir regagner sa terre natale. Mais mieux, nourrissent le secret espoir de le voir jouer les premiers rôles en 2020. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en agissant ainsi, ADO tombe le masque.
En tout cas, si à un an de la présidentielle en Côte d’Ivoire, les avocats de l’Etat ivoirien plaident pour le maintien des conditions imposées au plus farouche adversaire politique d’ADO, c’est que la volonté de l’écarter de la course à la présidentielle ne souffre d’aucun doute. Toutefois, l’on ne saurait trop en vouloir à ADO car en politique, tous les coups sont permis. On le sait, le récent rapprochement entre Gbagbo et le sphinx de Daoukro, Henri Konan Bédié pour ne pas le nommer, n’est pas anodin. L’objectif est clair : déloger le locataire du palais de Cocody, Alassane Ouattara. Et à moins d’être naïf, n’importe quel homme politique à sa place, n’hésiterait pas à jeter des peaux de banane sur le chemin de ces deux vieux loups de la scène politique ivoirienne. En tout état de cause, il faut souhaiter que les ambitions politiques des uns et des autres, ne mettent pas en péril la paix et la cohésion sociale en Côte d’Ivoire.
Dabadi ZOUMBARA