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OUVERTURE DE LA CAMPAGNE ELECTORALE EN COTE DIVOIRE


Alea jecta est (les dés sont jetés) !  Les candidats à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, ont deux semaines, soit du 15 octobre à 0 heure au 29 octobre à minuit, pour aller à l’assaut des suffrages des électeurs ivoiriens. Et signe que les préparatifs du scrutin du 31 octobre prochain, vont bon train, l’opération de distribution des cartes d’électeurs a démarré le 14 octobre 2020, sur l’ensemble du territoire ivoirien. Malgré les appels incessants de l’opposition au report du scrutin, l’on semble donc s’acheminer inexorablement vers le maintien du calendrier électoral, au grand bonheur du pouvoir ivoirien très attaché à la tenue, à bonne date, de la présidentielle. A présent donc que la campagne est ouverte, que fera cette opposition ?  Tout comme l’opposant en exil, Guillaume Soro, qui avait clamé haut et fort qu’il n’y aurait pas d’élection en Côte d’Ivoire, d’autres opposants avaient aussi affiché leur volonté d’empêcher la tenue du scrutin pour contraindre Alassane Dramane Ouattara (ADO) à renoncer à son projet de 3e  mandat.  A cette fin, les adversaires voire ennemis politiques d’ADO, n’avaient pas hésité à lancer un appel à la désobéissance civile dont le succès paraît pour le moins discutable dans la mesure où cet appel n’a pas débouché sur un mot d’ordre clair et net de nature à inquiéter le régime.  Ayant échoué à faire trembler le pouvoir ivoirien, l’opposition se résoudra-t-elle finalement à aller en campagne ?  C’est un scénario des plus probables et pour cause : celle-ci sait bien que le temps joue contre elle d’autant que dans le camp d’en face, ADO et sa puissante machine électorale sont déjà en ordre de bataille pour la reconquête du Palais de Cocody. C’est donc peu de dire que cette opposition verra davantage la pression s’accentuer sur elle à mesure qu’on approchera du jour du scrutin. 

 

 

L’opposition devrait travailler à se concentrer sur l’essentiel

 

 

Et puis, quel intérêt aurait-elle à faire l’option du boycott qui se présente comme un gros risque ? Sauf par extraordinaire, l’opposition ivoirienne devrait donc se voir contrainte de se lancer dans la campagne dont on peut toutefois se demander dans quelle atmosphère celle-ci se déroulera. Quand on sait qu’elle intervient quelques semaines seulement après de violentes manifestations à travers la Côte d’Ivoire, ainsi qu’après la non-satisfaction des revendications de l’opposition (réhabilitation des candidats à la présidentielle dont les dossiers ont été rejetés, dissolution de la Commission électorale indépendante ainsi que de la Cour constitutionnelle, etc.), il y a des raisons d’avoir de sérieuses appréhensions sur ce que cette campagne aura de  caractère courtois, civilisé et apaisé. Quel contenu le candidat Henri Konan Bédié (HKB) et compagnie mettront-ils dans leur discours une fois face aux électeurs ivoiriens ?  En tout cas, ils ne gagneraient pas à continuer à bâtir leur rhétorique sur la question – définitivement tranchée – de l’inéligibilité de Ouattara. Un tel discours risque fort, en effet, de s’avérer inopérant.  Tout comme pourrait être infructueux, le récent appel du candidat HKB, à l’ONU, à « se saisir du dossier ivoirien ». Car, ce qui paraît intéresser aujourd’hui bon nombre d’Ivoiriens, qui ne veulent pas revivre la tragédie de 2011, c’est  plutôt l’offre politique que chaque candidat est appelé à leur présenter. L’opposition devrait se concentrer sur l’essentiel sous peine d’avoir un réveil douloureux. En tout état de cause, les discours haineux, empreints de xénophobie et autres propos va-t-en-guerre aux relents ethnicistes et régionalistes, ne doivent plus avoir droit de cité dans ce pays qui n’a pas encore fini de panser ses plaies. Cela dit, la campagne désormais lancée, on peut s’interroger sur le nombre d’Ivoiriens qui se donneront la peine d’aller retirer leurs cartes d’électeurs, le tout, c’est connu, n’étant pas de se faire enrôler.  En tous les cas, tout le mal qu’on puisse souhaiter à la Côte d’Ivoire, c’est l’union sacrée de ses filles et fils pour négocier, en douceur et en toute tranquillité, le virage dangereux qu’elle s’apprête à amorcer. 

 

« Le Pays »

 

 


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