HomeA la unePARAPHE SOUS PRESSION DE L’ACCORD D’ALGER PAR LA CMA : Va-t-on vers une paix armée ?

PARAPHE SOUS PRESSION DE L’ACCORD D’ALGER PAR LA CMA : Va-t-on vers une paix armée ?


 

Hier, 14 mai 2015, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a finalement fait contre mauvaise fortune bon cœur, en acceptant de « parapher le document du 1er mars 2015 issu du processus d’Alger pour honorer les engagements antérieurement pris », selon ses propres termes. Toutefois, elle a annoncé qu’elle ne serait pas présente, ce vendredi 15 mai à Bamako, pour la cérémonie officielle de signature dudit document.

Cela dit, en se résolvant à parapher l’accord d’Alger, la CMA fait preuve de lucidité et de réalisme, pour ne pas se compliquer davantage la tâche. En effet, sur le plan diplomatique, elle semble de plus en plus isolée, principalement en raison de l’attitude réfractaire dont elle avait jusque-là fait montre. Pourtant, sur le terrain, la situation ne semble guère meilleure, avec la reprise de certaines localités qui étaient sous son contrôle par des groupes armés proches de Bamako. A cela s’ajoutent les fortes dissensions internes qui sont en passe d’avoir raison de sa cohésion. Aussi, pour ne pas se mettre définitivement hors-jeu, la meilleure perspective pour continuer à avoir voix au chapitre était d’aller dans le sens de la volonté générale, notamment de la communauté internationale et du médiateur algérien qui a bataillé dur pour aboutir  à cet accord dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est équilibré.

Cela donne une chance à la paix. Mais en paraphant le document pratiquement le couteau sous la gorge, l’on se demande si l’on ne va pas finalement vers une paix armée où les protagonistes attendront la moindre occasion pour reprendre les hostilités.

Le véritable enjeu se trouve sur le terrain, c’est-à-dire l’application de l’accord

En effet, au regard des derniers développements sur le terrain, tout porte à croire que la CMA est en perte de vitesse et qu’elle a besoin de garder la tête hors de l’eau. C’est pourquoi l’on se demande quelle sera son attitude face à Bamako, au lendemain de la clôture des pourparlers d’Alger. Car une chose est de prendre des engagements, une autre est de les tenir, surtout lorsque cela est fait du bout des lèvres comme c’est visiblement le cas de la CMA ici. Sinon, comment comprendre qu’elle accepte de parapher le document et trouve en même temps des raisons pour ne pas participer à la cérémonie officielle de sa signature ? Cela laisse un goût d’inachevé qui peut pousser au scepticisme quant à la sincérité de l’acte posé. Et l’on peut se demander ce que vaut un document paraphé et non signé. Surtout venant de la part de gens qui ont souvent cherché à ruser pour ne pas faire de concessions qui pourraient les écarter de leur objectif.

C’est pourquoi cette étape peut paraître une victoire de la diplomatie algérienne qui y jouait quelque part son honneur. Mais le véritable enjeu se trouve sur le terrain, c’est-à-dire l’application de l’accord. En cela, le médiateur algérien devrait maintenir la pression, avec l’aide de la communauté internationale, pour donner une véritable chance à la paix dans ce pays. C’est à ce prix, et seulement à ce prix que tous les efforts consacrés jusque-là auront la chance d’être couronnés de succès. Autrement, on court le risque d’un retour prématuré à la case départ, et tous les efforts n’auront finalement servi à rien.

Outélé KEITA


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