HomeOmbre et lumièrePERSISTANCE DE L’UTILISATION DES SACHETS PLASTIQUES NON BIODEGRADABLES: Ces vieilles pratiques qui ont la peau dure

PERSISTANCE DE L’UTILISATION DES SACHETS PLASTIQUES NON BIODEGRADABLES: Ces vieilles pratiques qui ont la peau dure


Tout le Burkina est envahi par les sachets plastiques non biodégradables. Ce constat, tout le monde peut le faire aisément. La réalité fait simplement froid dans le dos. Car, en plus du fait que ces sachets représentent un grand danger pour l’environnement, et cela personne ne peut le nier, ils constituent aussi, de l’avis des spécialistes, un problème de santé publique en ce sens qu’ils sont cancérigènes. Et que dire sur le fait qu’ils portent un coup dur à l’esthétique de nos villes et au pittoresque de nos campagnes. Le gouvernement avait donc vu juste en légiférant sur la question. En effet, une loi portant interdiction de la production, de l’importation et de la commercialisation de ces sachets avait été adoptée en 2014. Elle est entrée en vigueur depuis le 21 février 2015. Seulement, 6 mois après cette date, l’on a l’impression que les choses n’ont pas véritablement changé. Dès lors, l’on peut s’en inquiéter et s’interroger sur les causes de la persistance de leur utilisation.

D’abord, cette persistance peut être liée au fait que le sachet plastique fait partie, peut-on dire, de la culture des Burkinabè. Et effet, peu de Burkinabè s’en privent aujourd’hui. Toutes les catégories sociales recourent systématiquement à cet emballage pour faire leurs emplettes. De la ménagère au cadre de l’administration en passant par le citoyen Tartempion. Et la préférence de tout ce monde va au sachet plastique non biodégradable de couleur noire, censé mettre à l’abri des yeux des curieux, le contenu qu’il renferme. Or, justement, c’est ce genre de sachet qui est jugé le plus dangereux en termes de menace sur la santé des populations et de préjudices causés à l’environnement. Que les vieilles pratiques ont la peau dure, peut-on s’écrier !

La deuxième cause de la persistance de l’utilisation des sachets plastiques non biodégradables peut être liée à un déficit de communication du gouvernement. Celui-ci peut objecter en disant qu’il a communiqué sur la question. Mais il n’en a pas fait suffisamment pour inverser les tendances. En matière de changement de comportement, la communication doit non seulement être permanente, mais aussi se baser sur des supports dont l’interprétation ne pose aucun problème aux populations.

Le gouvernement doit se donner les moyens pour atteindre les objectifs visés par cette loi

La meilleure manière de cacher quelque chose aux Africains, dit-on, est de le coucher dans un livre pour la simple raison que ceux-ci, dans leur grande majorité, sont analphabètes. Il faudrait donc tenir compte de cette réalité dans le choix des stratégies de communication, pour peu que l’on veuille qu’elles atteignent l’immense majorité des citoyens. C’est pourquoi le principe de droit selon lequel « nul n’est censé ignorer la loi », peut ne pas résister à l’analyse dans un contexte marqué par l’analphabétisme ambiant. De ce point de vue, l’idéal serait de traduire la loi portant interdiction de l’utilisation du sachet plastique non biodégradable dans toutes les langues nationales du pays, de recourir aux institutions traditionnelles et aux leaders des communautés pour mieux relayer auprès des populations, le contenu de cette loi et les motivations qui l’ont suscitée. Une telle approche, dans le contexte de notre pays, peut être efficace.

Toujours en rapport avec le déficit de communication, l’on peut se demander si les quelques rares Burkinabè qui, par civisme et par conviction, ont la volonté d’observer cette loi ont la capacité de distinguer les vrais sachets plastiques biodégradables des faux. Là aussi, il va falloir communiquer pour permettre aux Burkinabè de distinguer le bon grain de l’ivraie. L’on peut même se demander si le gouvernement dispose de moyens techniques en l’état actuel des choses, pour bouter hors de nos marchés et de nos frontières les sachets plastiques qui, théoriquement, portent le label biodégradable mais qui, en réalité, relèvent de la contrefaçon.

Cela dit, dans un contexte où l’incivisme est la chose la mieux partagée dans notre pays, le gouvernement ne doit pas donner l’impression aux populations qu’il a adopté la loi portant interdiction de l’utilisation de sachets plastiques non biodégradables pour être dans l’air du temps. Il doit, comme le fait déjà avec brio le gouvernement du Rwanda, se donner les moyens les meilleurs pour atteindre les objectifs visés par cette loi. Un de ces moyens pourrait être la promotion de l’utilisation d’emballages et autres objets plus écologiques comme les sacs en coton, en jute, en papier lors des courses domestiques. Et cela n’est pas hors de portée de notre pays. C’est à ce prix que cette loi dont l’intérêt pour le Burkina ne souffre d’aucun doute, peut échapper au sort que celui qui a été réservé par exemple à la loi portant interdiction de fumer dans les espaces publics, c’est-à-dire un mépris royal d’une catégorie de personnes indélicates qui semblent trouver du plaisir dans la défiance des textes de la République.

Sidzabda


No Comments

Leave A Comment