PLEBISCITE DE BALA SAKANDE AU PERCHOIR
Un peu plus d’une semaine après la validation des résultats des élections législatives par le Conseil constitutionnel, les mandats des députés de la huitième législature ont été validés, le 28 décembre dernier, permettant ainsi aux nouveaux élus d’élire le président de l’Assemblée nationale. Et sans surprise, c’est Alassane Bala Sakandé du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), qui a été plébiscité par 123 voix sur 127 votants. Si le choix de Bala était connu d’avance, l’on ne saurait toutefois dire pourquoi il n’y a pas eu d’autres candidatures à ce poste aussi prestigieux. Les élus des autres partis politiques, notamment de l’opposition, se sont-ils abstenus de peur de mordre la poussière et de paraître ridicules ? Difficile d’y répondre. Pour le moins, on sait que le MPP, à lui seul, compte 56 députés et ses alliés, une trentaine. Rivaliser avec le candidat d’une majorité aussi écrasante, c’est se jeter dans une bataille perdue d’avance. Mais est-ce la raison principale qui a justifié l’absence d’autres candidatures ? Ou est-ce le bilan de Sakandé qui a convaincu les autres députés de faire leur, l’adage selon lequel on ne change pas une équipe qui gagne? En tout cas, Bala Sakandé aura marqué de son empreinte la septième législature. Pour certains, il aura su chausser les bottes de son prédécesseur, Salifou Diallo, en termes de management d’hommes. Mais est-ce suffisant pour justifier son plébiscite ? Cette « cooptation » ne serait-elle pas liée à la volonté du chef de l’Etat dont Bala serait très proche? Ou faut-il voir en la candidature unique de Bala Sakandé un deal politique ? C’est probable. Il n’est pas exclu que les députés de la majorité et ceux de l’opposition, se soient entendus pour se partager les rôles.
Tout laisse croire que le MPP cherche à maintenir la cohésion en son sein
On est d’autant plus fondé à le croire que les postes-clés de l’hémicycle, avaient été partagés entre la majorité et l’opposition lors de la législature sortante. Et il faut ajouter à cela que depuis quelques années, le consensus est devenu la règle d’or à l’Assemblée nationale. En tout cas, le plébiscite de Bala Sakandé est trop beau pour être un acte désintéressé, surtout venant d’hommes qui se sont lancé des piques pendant la campagne électorale. Cela dit, il faut se féliciter du fait que le vote s’est déroulé dans un climat apaisé. Toutefois, il y a lieu de s’interroger sur les conséquences d’un tel consensus, pour notre démocratie. Surtout que sous d’autres cieux, le consensus a fini par tuer la démocratie et ouvrir la porte à des dérives telles que le népotisme, la gabegie, les détournements de deniers publics, etc. Le cas du Mali voisin est assez édifiant. En tout état de cause, la réélection de Bala Sakandé au perchoir, vient mettre un terme aux rumeurs persistantes annonçant un clash entre ce dernier et le président du parti, Simon Compaoré. Tout laisse donc croire qu’en permettant à Bala Sakandé de prolonger son bail à la tête de la Représentation nationale, le MPP cherche à maintenir la cohésion en son sein. Mais jusqu’à quand ? Car, il n’est pas exclu que les querelles de positionnement pour la succession de Roch Marc Christian Kaboré dont le second et dernier mandat s’achève en 2025, ne tarderont pas à apparaître au grand jour.
Dabadi ZOUMBARA