HomeGrand anglePOLEMIQUE AU CAMEROUN AUTOUR DE BOKO HARAM :La cohésion nationale menacée

POLEMIQUE AU CAMEROUN AUTOUR DE BOKO HARAM :La cohésion nationale menacée


La secte islamiste Boko Haram est en train de fragiliser dangereusement les Etats qu’elle écume, notamment le Nigeria et le Cameroun. Le cas de ce dernier pays, suscite inquiétude. En effet, des députés et ministres du centre du Cameroun accusent les responsables politiques du Nord d’être de connivence  avec Boko Haram. Et comme il fallait s’y attendre, ces derniers n’ont pas tardé à réagir. Par la voix du président de l’Assemblée nationale, une des figures emblématiques du grand Nord, ils disent s’inscrire en faux contre de telles allégations.  Une situation qui  a vite créé une tension entre les hommes politiques du pays de Paul Biya.  Si l’intention de Boko Haram est de diviser pour mieux avancer, eh bien, elle a réussi. Il est évident que cette guéguerre entre fils du même pays menace la cohésion nationale. Toute chose qui risque de rendre la lutte contre cette nébuleuse qui tarde à porter des fruits plus complexe. Cela dit, il urge que les Camerounais du Centre et du Nord enterrent au plus vite la hache de guerre afin de mieux faire face à l’ennemi commun. En tout état de cause, s’ils ne veulent pas que l’unité nationale vole en éclats, que le Cameroun ne devient un califat, ils doivent se ressaisir. En tout cas, avec cette passe d’armes entre nordiques et centristes, le Cameroun n’est pas loin de vivre la même situation que son voisin, le Nigéria, où des dissensions politiques ont fini par faire le lit de Boko Haram.  En effet, après la ville de Banki, celle de Bama, située à 1h30 de Maiduguri la capitale de l’Etat de Borno, dans le Nord du Nigeria, vient de tomber entre les mains de Boko Haram, et ce, sans résistance aucune. C’est dire que la secte islamiste avance la fleur au fusil, dans son ambition de conquérir le nord du Nigeria, comme un couteau avance dans du beurre. L’intégrité territoriale du Nigeria se trouve plus que jamais menacée. L’appétit vient en mangeant et à l’allure où vont les choses, on est tenté de se demander si après Maidougouri, Boko Haram n’ira pas encore plus loin. Ce d’autant plus que l’armée nigériane donne le sentiment d’avoir capitulé. La preuve est que les soldats en poste à Bama se sont évaporés dans la nature, abandonnant leurs armes à l’adversaire. L’argument du manque d’équipement qu’avancent les soldats est si spécieux qu’il ne convainc personne. Même dotée du meilleur armement qui soit, une armée ne peut produire des résultats que si elle a foi en elle-même.

 

Au manque de courage de l’armée, s’ajoute le manque de collaboration des populations

 

On se rappelle encore qu’il n’y a pas longtemps, 500 soldats nigérians fuyant les combats, s’étaient réfugiés au Cameroun voisin. Alors qu’à moins de 100 km, la ville de Maiduguri dispose d’une importante base militaire. D’ailleurs, aucun plan de reconquête des villes perdues n’est  en réflexion, à en croire du moins le sénateur de l’Etat de Borno, Ahmed Zana.

Le chef d’Etat-major de l’armée demeure quant à lui, aphone.

Au manque de courage de l’armée, s’ajoute le manque de collaboration des populations qui, visiblement apeurées, semblent se ranger aux côtés de Boko Haram. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de l’aide de la communauté internationale pour retrouver les jeunes lycéennes enlevées par Boko Haram, on reste jusqu’à ce jour, sans aucune nouvelle d’elles ? Cela n’est pas imaginable dans un Etat normal où les services de renseignement prétendent bien fonctionner. C’est dire que toutes les conditions sont réunies pour que Boko Haram prospère au nord du Nigeria. Au demeurant, le président Goodluck Jonathan est visiblement seul dans la lutte contre la secte au Nigeria. La classe politique, la société civile et l’armée, toutes semblent avoir baissé les bras, le laissant se débattre tout  seul. Une chose est sûre : tant que Goodluck Jonathan sera président, Boko Haram continuera de gagner du terrain. Nombreux sont ceux qui voudraient que le président nigérian  échoue face à la secte islamiste, tant il se sera mis à dos bien de ses concitoyens.

 

Pour gagner cette guerre il faut  un minimum d’union sacrée autour du Président

 

Ceux qui pensent que le président Jonathan fait face à une vaste conspiration nationale visant à le déstabiliser, n’ont certainement pas tort. Cela n’est d’ailleurs pas nouveau. On se rappelle que son accession à la magistrature suprême avait provoqué une levée de boucliers au sein de la classe politique qui, pour une bonne part, estimait que la succession de Yar’Adua devait revenir à un musulman. Il entamait déjà son mandat sur fond de profondes récriminations. Pire, au sein de sa propre famille politique, il ne dispose aujourd’hui d’aucun soutien dans la lutte contre Boko Haram. Pourtant, pour gagner cette guerre il faut  un minimum d’union sacrée autour du Président.  Ce qui lui fait défaut.

En vérité, c’est la personne de Goodluck Jonathan qui pose aujourd’hui problème. En tant qu’homme politique, il lui appartient donc de tirer les conclusions qui s’imposent. En attendant, il devrait déjà songer à ne pas se porter candidat à la présidentielle. Il rendrait par là, service au Nigeria.

 

Thierry Sami SOU


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