HomeA la unePORT OBLIGATOIRE DU MASQUE AU BURKINA

PORT OBLIGATOIRE DU MASQUE AU BURKINA


Le 16 avril dernier, le gouvernement décidait de rendre obligatoire le port du masque sur toute l’étendue du territoire. Une mesure qui est entrée en vigueur hier 27 avril 2020, et qui vise à rompre la chaîne de transmission de la pandémie du coronavirus. Mais qu’en est-il de l’effectivité de cette mesure- barrière sur le terrain? De ce qui ressort de notre constat sur le terrain en ce premier jour de la mesure, ils sont nombreux les Ouagavillois qui adhèrent à cette mesure en ce sens qu’elle permet de se protéger et de protéger les autres. Mais à côté, il y a ceux qui, estimant que les masques sont devenus chers, attendent que le gouvernement leur en donne gratuitement.

Ça y est ! La mesure concernant le port obligatoire du masque est entrée en vigueur hier 27 avril. En circulation, un peu partout dans la ville, ils sont nombreux ceux qui respectent cette mesure, arguant qu’elle permet de les protéger et de protéger les autres. Sont de ceux-là Pingdewendé Sébégo, un étudiant en faculté de médecine que nous avons rencontré juste à côté de l’université. « Je pense que le port du masque vise à assurer ma propre sécurité. Cela permet de me protéger et de protéger également ma famille et même le pays. Parce que la maladie a commencé par une personne avant de se propager et, aujourd’hui, cela est devenu un problème pour nous tous », a déclaré M. Sébégo. Yaya Ouattara, lui, est enseignant. Selon ses propos, bien avant cette décision gouvernementale, il aimait porter un cache-nez à cause de la poussière. « Cela me protégeait contre certaines maladies telles que le rhume, etc. Mais avec la maladie du Covid-19 qui sévit, cela est devenu une raison de plus pour ne pas s’en passer. Quand on entend les explications sur le mode de contamination de cette maladie, c’est dire que le port de masque permet de protéger les autres ainsi que soi-même. En portant son cache-nez, même si on éternue ou on tousse, les postillons et autres restent sur le cache-nez ; donc, cela permet de protéger les autres. Chacun doit donc porter son masque pas seulement à cause du Covid-19 mais à cause de bien d’autres maladies car cela nous préserve contre ces maladies », a estimé M. Ouattara.

« Que chacun mette du sien pour que la vie reprenne son cours normal sinon… »

Pour Mariam Drabo, commerçante à Zogona, cette mesure du port obligatoire de masque est à saluer dans la mesure où il est question de se protéger contre une maladie. « Je pense qu’il faut être inconscient pour ne pas respecter cela. Tout le monde gagnerait à respecter scrupuleusement cette mesure pour le bien de tous car, voyez comment la vie est paralysée depuis un certain temps, à cause de ce mal. Que chacun mette du sien pour que tout aille au mieux et que la vie reprenne son cours normal sinon, si ça continue comme c’est le cas actuellement, ce sera la catastrophe », a prévenu la commerçante. Et s’il est vrai que tous ces derniers sont d’accord avec le port obligatoire de masque, il n’en demeure pas moins qu’à côté, il y a ceux qui fustigent le coût élevé des masques, par conséquent pas à la portée de bien des Burkinabè. Ils plaident donc pour la baisse du prix des masques. « Je sais qu’au Burkina, tout le monde n’a pas les moyens de s’acheter un cache-nez qui coûte au minimum 300 FCFA. Si on pouvait revoir le coût à la baisse, ce serait l’idéal », a plaidé Yaya Ouattara. « J’ai appris qu’ils vont distribuer des cache-nez au niveau des feux tricolores aux populations ; c’est ce que j’attends. J’ai regardé aux feux ce matin en vain et je n’ai rien vu. S’ils nous en distribuent, nous allons les porter. Il n’y a plus de marché, donc difficile d’avoir de l’argent pour se nourrir et s’il faut débourser de l’argent, au minimum 300 FCFA pour se procurer un cache-nez, cela devient la mer à boire. Qu’ils nous aident à nous en procurer sinon ce n’est pas facile », a confié Pierre Moyenga, un vendeur ambulant d’eau et de gâteaux. Même son de cloche du côté de Mme Zongo, une vendeuse de pain en face de l’université Ouaga 1 Pr Joseph Ki-Zerbo. « Nous avons appris à la radio que le port de masque est obligatoire à partir de ce 27 avril, nous avons tout fait pour en avoir. Ce n’est pas facile. Imaginez si vous avez à votre charge au moins 5 enfants, et qu’il faut en prendre pour soi-même et aussi toute la famille. Cela devient très difficile dans un contexte où tout est au ralenti, où il n’y a plus de marché. Vraiment, la vie est devenue très dure. J’ai appris que des masques sont en train d’être confectionnés pour être distribués aux enfants à l’école, je crois que cela est une bonne chose car cela va nous permettre de souffler un peu.

Les uns et les autres invités au strict respect de la mesure

Je sais que le port du cache-nez est une bonne chose et permet de se protéger et de protéger les autres, mais la réalité est qu’il n’y a pas d’argent », a relevé Mme Zongo. Un monsieur qui a requis l’anonymat, a également évoqué la question du nerf de la guerre. « Je n’ai pas d’argent pour me procurer un masque », a lancé notre interlocuteur qui n’a pas été tendre avec les autorités. « A ce que je sache, le gouvernement a déboursé plusieurs milliards de F CFA pour la confection de masques et s’il n’est pas capable de les distribuer à tout le monde, je ne vois pas le sens de leur soi-disant mesure d’accompagnement… Si tu es chef de famille, que tu n’as pas acheté un habit pour ton enfant et que tu lui dis de tout faire pour s’habiller, tu veux qu’il trouve cet habit où si ce n’est aller voler? Il ne faudrait pas que le gouvernement joue avec nous. Si réellement la maladie existe, c’est Dieu seulement qui peut nous aider. Je suis très remonté contre ce régime qui n’a pas pitié de nous », a martelé l’intervenant anonyme. Pour Noël Simporé, étudiant-photographe, avec toutes les ressources dont dispose le pays, les autorités peuvent bien faire confectionner des masques et les distribuer gratuitement à tout le monde. « Même si les autorités ne peuvent pas les donner gratuitement, qu’elles les vendent à 100 F CFA au moins. Finalement, l’attitude du gouvernement par rapport à cette pandémie me fait douter. Néanmoins, que les gens portent leurs masques », a affirmé Noël Simporé. En tout cas, tous sont unanimes, le port de masque fait partie des mesures-barrières qui permettent de se protéger mais également de briser la chaîne de propagation de la maladie. C’est pourquoi ils ont lancé un appel aux uns et aux autres pour le respect scrupuleux de ladite mesure. « J’invite les uns et les autres à respecter scrupuleusement le port de masque afin d’éviter la propagation car, si la maladie est réelle, ce sera tant mieux et si ce n’est pas vrai, ceux qui n’y croient pas n’auront rien à perdre », a affirmé M. Sébégo.

Colette DRABO


No Comments

Leave A Comment