POURPARLERS INTERBURUNDAIS A ARUSHA : L’impasse !
C’est un pas de franchi dans les pourparlers interburundais qui, maintes fois annoncés, ont toujours été renvoyés aux calendes grecques. En effet, l’opposition, réunie au sein du CNARED qui avait refusé de participer au dialogue politique, vient d’infléchir sa position. Elle a décidé de prendre finalement part à la session qui s’ouvre aujourd’hui même, 16 février, à Arusha, en Tanzanie, sous les auspices de l’ex-président tanzanien, Benjamin Mkapa. « Le CNARED a noté une évolution positive de la facilitation (médiation) dans l’organisation des négociations de paix au Burundi. Il a donc décidé de répondre à son invitation jeudi, pour aller faire prévaloir ses droits », a déclaré le porte-parole Pancrace Cimpaye. Et d’ajouter : « Le CNARED a noté une inflexion positive dans la position du facilitateur », accusé, entre-temps, de rouler pour le président Pierre Nkurunziza dont la réélection controversée a été à l’origine de tous les maux dont souffre le Burundi. C’est tant mieux donc si les uns et les autres ont accepté de mettre un peu d’eau dans leur vin. Car, comme on le dit, toute guerre finit autour d’une même table. Reste seulement à savoir si ce changement de ton de la part de l’opposition burundaise n’est pas l’expression d’un essoufflement ou d’une lassitude. Auquel cas, c’est le président Nkurunziza qui se frottera les mains ; heureux d’avoir eu ses adversaires à l’usure. C’est à se demander si avec le temps, beaucoup d’eau n’a pas coulé sous les ponts, pour ne pas dire, sous les collines de Bujumbura. Ce n’est pas impossible car, en politique, seule la fin justifie les moyens.
Rien n’est gagné d’avance
Cela dit, il faut craindre que Nkurunziza n’ait réussi à diviser l’opposition si fait que ses responsables ne parlent plus le même langage. En témoignent les propos de son porte-parole qui, abordant le boycott de la rencontre d’Arusha annoncé dans un premier temps par le CNARED, parle « d’erreur de communication de la part d’un de leurs responsables ». La suite nous le dira. Mais quoi qu’il en soit, il faudra rendre un vibrant hommage au médiateur Mkapa qui a réussi à faire changer la donne, à un moment où d’aucuns ne voyaient plus d’issue à la situation. C’est tout à son honneur, même si, pour le moment, il faudra se garder de tout triomphalisme. Car, comme on le dit, la présence du CNARED à Arusha ne signifie pas forcément l’ouverture du dialogue, ce d’autant que Bujumbura a toujours refusé de négocier avec ce mouvement et ce, en dépit de la pression et des sanctions internationales. « Le CNARED est une organisation non reconnue par la loi burundaise et qui renferme en son sein des individus recherchés par la Justice burundaise », avait d’ailleurs rappelé, le 14 février dernier, Willy Nyamitwé, le ci-devant responsable de la communication présidentielle. C’est-à-dire donc que rien n’est gagné d’avance, puisque le pouvoir a finalement renoncé à participer à la session d’Arusha. On attend de voir la thérapie de choc que proposera le sieur Mkapa pour aplanir les difficultés et ramener tous les protagonistes autour d’une même table de négociations. Pour le moment, c’est l’impasse totale !
B.O