POURPARLERS INTERSOUDANAIS EN ETHIOPIE
A peine a-t-il été signé que l’accord entre les civils et les militaires au Soudan a été remis en cause, rendant improbable toute sortie de crise. En effet, les principaux mouvements armés du Darfour, tout en dénonçant un accord précipité signé sous la pression de la communauté internationale, disent n’avoir pas été consultés. Pour eux, les vrais problèmes du Soudan n’ont pas été abordés lors des discussions qui ont abouti à la signature de l’accord querellé. « Ils n’ont jamais abordé les vrais problèmes du Soudan. Ils n’ont fait que parler d’un transfert du pouvoir aux civils, mais ce n’est pas ça le problème des Soudanais. Il faut s’attaquer aux causes du génocide au Darfour, à la discrimination de certaines communautés, à ce qui a poussé le Soudan du Sud à vouloir son indépendance. Tout cela doit être discuté », a laissé entendre le leader de l’Armée de libération du Soudan (SLA). Peu avant lui, c’est le porte-parole du Mouvement pour la justice et l’égalité, du nom de cet autre groupe armé du Darfour, qui déclarait : « Nous faisons tous partie de la coalition, nous devions tous contribuer à trouver une solution. Ce n’est pas normal qu’un petit groupe décide pour tous les autres. La question aujourd’hui est de savoir qui a signé cet accord. Qui leur a donné l’autorisation de signer au nom du peuple soudanais ».
L’armée qui devait jouer les arbitres, se retrouve au cœur du jeu politique
Face à ces divergences de vues manifestes, le régime militaire et la coalition de l’opposition qui se fissure, se sont retrouvés, hier, 21 juillet 2019, à Addis Abeba, sous les auspices des médiateurs éthiopien et de l’Union africaine (UA). L’objectif de cet énième round est d’aplanir les difficultés afin de parvenir à la mise en place d’une Transition dont on dit qu’elle devra, dans un premier temps, être dirigée par les militaires et dans un second temps, par les civils. Y parviendront-ils ? Difficile d’y répondre d’autant plus que certaines exigences paraissent pour le moins maximalistes. C’est le cas, par exemple, de ces groupes armés qui estiment que le retour à la paix doit nécessairement précéder la formation d’un gouvernement de transition. En tout cas, à supposer même que les protagonistes soudanais réunis dans la capitale éthiopienne, parviennent à un nouvel accord, celui-ci ne sera que de courte durée ; les intérêts des uns et des autres ayant pris le pas sur ceux du peuple. En effet, chaque camp voit midi à sa porte et essaie de tirer la couverture à soi si fait que plus de trois mois après la chute du dictateur Omar El Béchir, le Soudan est dans l’impasse. On tourne en round. Et comme pour ne rien arranger, l’armée qui devait jouer les arbitres, se retrouve au cœur du jeu politique et ne manque pas l’occasion de sortir l’artillerie lourde pour réprimer toute contestation.
B.O