Home7 jours dans le BulkiemdéPR GEORGES SAWADOGO, A PROPOS DU BLOCAGE ACADEMIQUE A L’UNIVERSITE DE KOUDOUGOU: « Il faut que chacun sache raison garder»

PR GEORGES SAWADOGO, A PROPOS DU BLOCAGE ACADEMIQUE A L’UNIVERSITE DE KOUDOUGOU: « Il faut que chacun sache raison garder»


Depuis le 17 novembre 2015, un bras de fer oppose les responsables de l’Université de Koudougou aux syndicats des enseignants (SYNADEC, F- SYNTER, SNESS), sections de ladite université. En effet, les syndicats réclament le paiement des présalaires et des actes académiques. Ces revendications n’ayant pas trouvé de solution, les enseignants ont décrété une grève illimitée jusqu’au règlement définitif de leurs arriérés. Les étudiants, principaux perdants de cette situation, pour leur part, veulent une reprise des activités académiques. Pour ce faire, ils se sont mobilisés le lundi 11 janvier 2016 devant la présidence de l’université pour inviter le premier responsable, le Pr Georges Sawadogo, à prendre ses responsabilités et à procéder à la programmation des cours. Pour mieux comprendre ce problème qui n’a que trop duré et les solutions préconisées, nous avons rencontré ce dernier. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : Cela fait quelques semaines que les activités pédagogiques sont arrêtées à l’Université. Pouvez –vous nous en donner les principales raisons ?

 

Pr Georges Sawadogo : Effectivement, depuis quelques jours, au niveau des activités académiques et pédagogiques, il y a des difficultés pour leur conduite normale. Cela est dû à un blocage des activités suite à une plateforme revendicative introduite par les enseignants à mes services dont le point culminant est la question du non-paiement des arriérés communément appelés les actes académiques. Les fonds étant insuffisants pour un problème budgétaire, ils ont entamé une série de grèves qui perturbent les activités.

Ces difficultés financières sont-elles dues à une mauvaise gouvernance financière ou à un problème de financement de la part de l’Etat ?

Il faut dire que c’est forcément un problème de financement de budget. Vous savez, c’est un vieux problème qui ne concerne pas uniquement l’Université de Koudougou. Nous avons toujours dit qu’il fallait faire plus d’effort pour que nos universités publiques soient mieux accompagnées. Voyant venir les choses, nous avons écrit plusieurs lettres aux différentes tutelles techniques qui n’ont pas manqué de faire ce qu’elles pouvaient. Dans ces lettres, nous avons sollicité une rallonge budgétaire de 941 011 000 F CFA, représentant le reliquat des besoins financiers nécessaires à la prise en charge des présalaires. Et la toute dernière réponse que nous avons reçue date du 17 décembre 2015, disant que les contraintes budgétaires actuelles rendent difficile la prise en charge de la requête dans l’immédiat.

Est-ce à dire que les états généraux de l’Enseignement supérieur n’ont pas permis d’aplanir les difficultés?

A l’étape actuelle, c’est ce à quoi l’on est obligé de penser, car pour ces états généraux, il y avait beaucoup d’attentes. Moi–même je faisais partie de la commission de réflexion en 2012 pour la proposition de solutions. Et l’une des questions les plus pertinentes, c’était le relèvement de la dotation budgétaire de nos universités dans la mesure où elle est en déphasage avec l’évolution des besoins réels. L’université de Koudougou a, par exemple, un budget de 3 milliards de F CFA, qui, d’ailleurs, n’est ni donné en intégralité par l’Etat ni en temps réel. La dotation de nos universités est très insuffisante.

Vos enseignants vous accusent d’une mauvaise gouvernance. Que leur répondez-vous ?

Il n’y a pas une école de gouvernance. Même ceux qui le disent n’ont pas été à une université de gouvernance. J’ai toujours dit que la gouvernance des hommes n’est pas une science exacte. C’est une question d’équipe, le professeur que je suis, ne travaille pas seul. D’ailleurs, notre principe de gestion c’est le dialogue que mon équipe et moi avons préconisé pour résoudre les problèmes. Et je vous assure même qu’à un moment donné, on nous a reprochés de trop communiquer.

Si la situation ne s’améliore pas, l’université ne connaîtra-t-elle pas davantage des troubles?

C’est notre crainte aussi mais si les choses se passent normalement tel que souhaité par le Conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU) et le conseil d’administration, on s’en sortira. Le principe c’est de payer d’abord les arriérés. Il faut que les gens comprennent que l’argent de l’Etat n’est pas déposé dans une caisse qu’on peut enlever à tout moment. La preuve, lors du Conseil des ministres du 29 juillet 2015, le gouvernement a décidé de mettre à notre disposition 1 543 011 000 F CFA mais nous n’avons reçu que 602 000 000 F CFA. Il faut que chacun sache raison garder, qu’on ait un amour pour le pays et qu’on ait également pitié de nos étudiants. Ceci permettra d’une part, de laisser tomber nos intérêts égoïstes et d’autre part, de donner une formation de qualité en dépit des difficultés.

Vos étudiants s’impatientent de reprendre les cours. D’ailleurs, ils l’ont manifesté  le lundi 11 janvier. Quelles sont les dispositions qui seront prises dans l’immédiat ?

Je leur ai promis que le vice-président chargé des enseignements prendra les dispositions pour programmer les cours en collaboration avec les directeurs. La note de sa saisine est déjà prête.

Avez-vous un appel à lancer ?

Je demande à mes collègues enseignants d’accompagner l’université. Car accompagner l’université, ce n’est pas accompagner Georges Sawadogo. Cela y va de l’avenir de nos universités, de nos étudiants, de nos stagiaires et de notre devoir. Aux étudiants et aux stagiaires, je les invite à rester disponibles pour poursuivre leur formation car nous ferons notre devoir.

                                                         Propos recueillis par Modeste BATIONO


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