HomeA la unePRESIDENTIELLE 2023 AU NIGERIA : Vers un duel Tinubu-Atiku ?

PRESIDENTIELLE 2023 AU NIGERIA : Vers un duel Tinubu-Atiku ?


Au Nigeria, on assiste depuis peu à un branle-bas politique pour la désignation des candidats à la présidentielle du 25 février 2023. Le parti au pouvoir, l’APC (Congrès des progressistes) du président Muhammadu Buhari, sera représenté par Bola Tinubu. L’ancien sénateur puis gouverneur de la capitale économique, Lagos,  a remporté, le 8 juin dernier, la primaire de son parti devant 23 autres candidats.  Peu avant, c’est le principal parti d’opposition, le PDP (Parti démocratique populaire), qui désignait son candidat en la personne de Atiku Abubakar. L’ancien vice-président sous Olusogun Obasanjo, a triomphé de treize autres concurrents, au nombre desquels l’ancien président du Sénat, Bukola Saraki, et le gouverneur de l’Etat de Rivers, Nyesom Wike arrivé deuxième au terme de la convention du parti, le 28 mai dernier. Tout porte donc à croire que l’on se dirige vers un duel Tinubu-Atiku dont les partis respectifs représentent les deux principales forces politiques en présence au Nigeria. Mais avant, l’on peut déjà saluer l’esprit de la culture démocratique au sein de ces partis politiques qui ont eu recours à des primaires pour la désignation de leurs porte-étendards respectifs à la magistrature suprême.

 

La désignation de Bola Tinubu traduit la renonciation de Muhammadu Buhari à briguer un troisième mandat

 

Une pratique qui a, par essence, l’avantage de répondre aux principes de la démocratie, loin a priori de l’arbitraire, et qui est devenue pratiquement une tradition dans des pays anglophones comme le Nigeria et le Ghana, mais qui peine encore à prendre corps dans les pays francophones où le choix des candidats, qui aiguise souvent les appétits, fait parfois l’objet de tiraillements voire de divisions au sein des partis politiques. L’autre leçon que l’on peut tirer de la désignation du « parrain », ainsi qu’on surnomme Bola Tinubu, pour représenter le parti présidentiel au prochain scrutin, est qu’elle traduit de fait, la renonciation du chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, à briguer un troisième mandat consécutif. Une sage décision s’il en est, somme toute,  au regard des tensions et autres violences meurtrières engendrées dans certains pays du continent africain, par un sujet qui relève plus de la grandeur d’âme des Hommes d’Etat et de la bonne culture démocratique des acteurs politiques. C’est dire si, en la matière, Muhammadu Buhari donne la preuve qu’il a été à la bonne école. Au contraire de ces valétudinaires présidents africains parfois frappés de sénilité comme le Zimbabwéen Robert Mugabe ou encore l’algérien Abdelaziz Bouteflika qui, même en fauteuil roulant, se refusaient à passer la main jusqu’à finir par être destitués. Le comble est que ces cancres de la démocratie comptent encore bien des adeptes au sein des têtes couronnées du continent, même si dans le cas d’espèce, le Nigeria peut se réjouir d’avoir, sur  cette élection, conjuré le mauvais sort.

2023 verra-t-elle un autre retournement de situation au Nigeria ?

 

Pour en revenir à ce duel en perspective entre septuagénaires à la prochaine présidentielle, le combat s’annonce épique entre ces deux grosses fortunes qui désirent prendre les rênes de ce vaste pays de l’Afrique de l’Ouest où la lutte contre l’insécurité d’une part et celle contre la corruption d’autre part, restent aujourd’hui encore de grands défis à relever. L’enjeu, pour l’APC, étant de conserver le pouvoir d’Etat en remportant la course à l’échalote, même après avoir changé de cheval. Mais si l’expérience est une première pour l’égérie du parti au pouvoir, le magnat du pétrole, Atiku Abubakar, est, lui, à sa sixième tentative d’accrocher le palais présidentiel d’Aso Rock. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne pour lui ? En tout cas, l’homme croit en ses chances. Pour la petite histoire, à la fin des dictatures militaires, le PDP a dirigé le Nigeria pendant 16 ans à la faveur du retour du pays à la démocratie en 1999, avant d’être détrôné par l’APC en 2015, suite à l’élection de Muhammadu Buhari. 2023 verra-t-elle un autre retournement de situation au Nigeria ? On attend de voir. Toujours est-il qu’au regard de l’appartenance régionale des candidats, leur choix semble loin d’être anodin. Ce, en raison d’une règle non écrite qui ressemble à une sorte de gentleman agreement entre acteurs politiques,  qui prévoit une alternance entre  Sudistes et Nordistes à la tête de l’Etat au Nigeria. Suivant ce principe, Buhari étant du Nord, il est dès lors tout à fait compréhensible que tous les efforts soient conjugués de part et d’autre pour que le prochain locataire du palais présidentiel, soit un sudiste.  C’est sans doute le prix de l’union et de la cohésion sociale à payer dans le pays le plus peuplé d’Afrique qui enregistre par ailleurs des tentatives d’atteinte à sa cohésion religieuse entre un Nord majoritairement musulman et un Sud plutôt chrétien.

 

« Le Pays »

 

 


No Comments

Leave A Comment