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PRESIDENTIELLE AMERICAINE SUR FOND DE SOUPCONS DE FRAUDES ET DE CONTESTATION  


De Joe Biden et Donald Trump, les Américains qui étaient appelés aux urnes, le 3 novembre dernier, attendent de savoir qui sera le 46e président des Etats-Unis. Une élection qui intéresse aussi au plus haut point les Africains   curieux de savoir si le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche, connu pour son manque d’intérêt à la limite du mépris pour le continent noir qui passe, à ses yeux, pour une charge inutile et où il n’a même pas daigné mettre les pieds une seule fois en quatre ans de mandat, pourra se succéder à lui-même. C’est donc un peu naturellement qu’en Afrique comme en Amérique voire un peu partout dans le monde, la tension monte durant l’attente des résultats. Car, s’il n’est pas exclu que le milliardaire locataire du Bureau ovale compte encore des sympathisants sur le continent noir, il y a des raisons de croire que dans leur grande majorité,  le cœur des Africains bat pour Joe Biden qui n’est pas particulièrement connu sur le continent, en dehors du fait qu’il fut le vice-président du seul président noir de l’histoire des Etats-Unis.

 

On se demande si Trump acceptera le verdict des urnes, en cas de défaite

 

Mais un tel cliché serait aussi fortement réducteur car, de la parole à l’acte, il faut dire que Donald Trump aussi n’a rien fait pour se faire aduler par les Africains. Au contraire, en qualifiant leur continent de « pays de merde » qui ne mérite pas, à la limite, de commisération, il a contribué à s’aliéner la sympathie de bien des Africains. Surtout par sa politique de désengagement progressif de son pays de l’Afrique, dans bien des domaines qui vont de la santé, notamment dans la lutte contre le Sida, à la sécurité où il est question de réduction voire de retrait du contingent américain du continent, au moment où celui-ci fait difficilement face au péril terroriste.  Cela dit, l’un des faits majeurs de cette présidentielle qui, vue d’Afrique, ne manque pas de curiosité dans une démocratie aboutie comme celle des Etats-Unis, est le fait qu’avant même la fin du dépouillement, Donald Trump a annoncé la couleur  en s’autoproclamant vainqueur, dénonçant au passage des tentatives de fraudes et menaçant  de saisir la Cour suprême pour arrêter le décompte des résultats. De quoi rappeler les républiques bananières où la contestation systématique et les dénonciations de fraudes passent pour être la marque déposée des élections en Afrique. Sauf que dans le cas d’espèce, ce n’est pas le candidat de l’opposition, comme c’est généralement le cas sous nos tropiques, qui crie à la fraude mais bien le président sortant. On croirait rêver, et pourtant, c’est la triste réalité. Donald Trump va-t-il se vêtir du manteau de  « pays de merde » ?  Le fait ne manquerait  pas de surprendre d’autant  que le richissime homme d’affaires devenu président, est convaincu de sa victoire avant l’heure. L’on se demande alors s’il acceptera le verdict des urnes, en cas de défaite. En tout cas, tout porte à croire qu’il ne s’imagine pas un seul instant perdre cette élection et qu’une défaite serait moralement insupportable pour lui.

 

Avec l’iconoclaste président américain, il faut s’attendre à tout

 

En cela, il présente bien des points de similitudes avec tous ces dirigeants africains qui se comportent en  « Président-fondateur » ; toute chose qui amène finalement à se demander quel genre de démocrate est Donald Trump. Surtout avec un tel comportement qui ne met pas son pays à l’abri d’une crise et de violences post-électorales.  Mais fort heureusement, aux Etats-Unis, la Cour suprême n’est pas une Cour aux ordres, comme dans les républiques gondwanaises où les  institutions brillent généralement par leur inféodation au pouvoir en place. C’est dire si l’on peut accorder du crédit au processus électoral au pays de l’Oncle Sam, aussi bien dans le vote, y compris celui par correspondance, que dans la compilation des résultats.  On peut donc croire que la vérité des urnes finira par triompher. De ce point de vue, on ne peut pas donner raison à Donald Trump qui dit qu’on veut lui voler sa victoire. Mais avec l’iconoclaste président américain qui a bousculé les habitudes au-delà même des frontières de son pays, il faut s’attendre à tout. Et l’histoire retiendra qu’en plus de la tension qui a entouré ce scrutin sur lequel planent des menaces de violences,  c’est l’une des rares fois que le résultat d’une présidentielle ne sera pas connu immédiatement, plongeant les électeurs dans une languissante  et angoissante attente, comme dans les républiques bananières. Sauf que là, la faute n’est pas imputable au système électoral, comme on le voit souvent en Afrique où cela est généralement fait à dessein dans le but de fabriquer des chiffres à hauteur de  satrapes du continent, mais au Covid-19 qui aura, pour une fois, fait la part belle au vote  par correspondance qui risque non seulement de prolonger les délais de proclamation des résultats définitifs,  mais aussi de peser lourd dans la balance.  En tout état de cause, il faut souhaiter qu’au sortir de cette présidentielle 2020 qui s’annonce indécise jusqu’au bout, même s’il y a des contradictions, cela ne donne pas lieu à des violences post-électorales dont la menace est loin d’être écartée. Cela ne pourrait qu’écorner l’image de la plus grande démocratie du monde, celle de Donald Trump avec.

 

« Le Pays »                                                                               


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