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PRESIDENTIELLE EN OUGANDA


Un candidat à la présidentielle, arrêté et inculpé en attendant la tenue de son procès. Libéré à l’issue de plusieurs manifestations de rue qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes, il reprend sa campagne qu’il a dû suspendre après que son véhicule a essuyé des tirs venant des forces de l’ordre. Conséquence : deux membres de son équipe s’en trouvent blessés. Vous l’aurez sans doute compris. On est en Ouganda, pour ne pas dire dans « la bananeraie » de Yoweri Museveni où aura lieu la présidentielle le 14 janvier 2021. Sont en lice 11 candidats dont le président sortant, aux affaires depuis le 26 janvier 1986. Parmi cette pléiade de candidats à la magistrature suprême, un seul trouble le sommeil de Museveni. Il s’agit, pour ne pas le nommer, de la star de la musique et député Bobi Wine, à l’état civil Robert Kyagulanyi. Agé de 38 ans, ce jeune homme est présenté comme le véritable poil à gratter du président Museveni  tant et si bien  qu’il est devenu un pensionnaire régulier des prisons ougandaises. En fait, conscient que Bobi Wine est très adulé par la jeunesse ougandaise et qu’il draine des foules lors de ses meetings de campagne, le pouvoir de Kampala fait feu de tout bois pour mettre des bâtons dans ses roues. Ce qui lui vaut d’être poursuivi pour «  actes susceptibles de propager une maladie infectieuse et infraction aux règles sur le Covid-19 ». C’est donc clair comme de l’eau de roche. Les autorités de Kampala voudraient empêcher l’icône de la musique ougandaise de battre campagne qu’elles ne s’y prendraient pas autrement, tant il s’agit là visiblement de mesures taillées …sur mesure. Certes, nul ne conteste la pertinence des consignes sanitaires visant à briser la chaîne de contamination du Covid-19. Mais de là à en faire un  prétexte pour remettre en cause les libertés individuelles et collectives, au point d’ouvrir aveuglément le feu sur les militants et sympathisants de Bobi Wine, c’est un palier de trop que le pouvoir ougandais aurait pu se garder de franchir.

 

 

L’Ouganda est pour la région des Grands lacs ce que le Togo est à l’Afrique de l’Ouest

 

 

Et il faut dire que tout se passe malheureusement sous le regard complice de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis dont les dirigeants actuels, même s’ils sont loin d’être des démocrates, n’avaient pas, naguère, hésité à exprimer leur soutien au satrape ougandais qui refuse de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir. En tout cas, à moins d’un miracle, on ne voit pas comment l’artiste Bobi Wine, en dépit de sa popularité à jamais démentie, pourra, par les urnes, déloger Museveni de la Maison d’Etat. Car, ce dernier peut toujours compter sur une Commission électorale et une Justice aux ordres. Et ce n’est pas tout. Le fils de Museveni est le numéro deux de l’armée ougandaise et de ce fait, il constitue le véritable gardien du temple. Ce sont, du reste, pour toutes ces raisons que  d’aucuns se demandent s’il est encore nécessaire de dilapider autant de ressources financières pour organiser une présidentielle dont le vainqueur est déjà connu. Comparaison n’est pas raison, certes. Mais tout se passe comme si l’Ouganda est pour la région des Grands lacs ce que le Togo est à l’Afrique de l’Ouest, c’est-à-dire un pays où on ne voit pas poindre la moindre lueur d’espoir en terme d’alternance. Et c’est peu dire !
 

 

Boundi OUOBA

 


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