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PRESIDENTIELLE GHANENNE : Comme un fleuve tranquille


C’est ce mercredi 7 décembre 2016 que les Ghanéens sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. Sans tambour ni trompette, le pays de Kwame Nkrumah est en passe de réussir le pari de tenir une fois de plus des élections apaisées, qui verront s’affronter sept candidats dont les favoris restent le président sortant, John Dramani Mahama, candidat du NDC (Natinal Democratic Congress) qui brigue un second mandat, et le leader de l’opposition, Nana Akufo-Addo du NPP (New Patriotic Party), qui tente sa chance pour la troisième fois et qui espère que cette fois-ci sera la bonne. D’autant plus que lors du dernier scrutin tenu en 2012, son challenger ne l’avait emporté que sur le fil, avec 50,7% des voix contre ses 47,7%. Surfant donc sur le ralentissement de la croissance dû à la crise économique quasi généralisée qui n’épargne pas non plus l’ex-Gold Coast en raison de la chute du cours du pétrole et de l’or que le pays exporte d’une part, et sur le scandale de corruption qui a émaillé le règne de son rival d’autre part, le leader de l’opposition espère ratisser large et rallier d’autres voix à sa cause pour remporter le graal. Tout cela, dans une atmosphère globalement apaisée, loin des empoignades et autres violences extrêmes, comme on en voit souvent sous nos tropiques à l’occasion de tels opérations électorales. Tant et si bien que vu de l’extérieur, cette présidentielle ghanéenne ressemble à un long fleuve tranquille, tant la campagne semble avoir été des plus civilisées, malgré des incidents qui auraient coûté, hier, la vie à une personne dans le Nord-Est du pays. En tout cas, en dehors de ce cas isolé, de l’extérieur, l’on n’a rien entendu de véritablement alarmant concernant ce scrutin, même si certaines sources font état de quelques cas de tensions et d’intimidations. Il y a donc lieu de croire qu’il n’y a pas véritablement péril en la demeure, quand on sait qu’ailleurs sur le continent, de tels rendez-vous électoraux se sont souvent terminés de façon plus dramatique, occasionnant dans maintes situations de nombreuses morts d’hommes comme ce fut, par exemple, le cas en Côte d’Ivoire voisine en 2010, et plus récemment au Burundi de Pierre Nkurunziza, au Congo de Denis Sassou Nguesso ou encore au Gabon d’Ali Bongo Ondimba. Et il y autant de craintes à nourrir pour la RDC de Joseph Kabila.

Il faut souhaiter que le scrutin se passe sans anicroche

Toutes choses qui donnent du pays de John Jerry Rawlings, l’image d’un ilot de paix dans un océan de turbulences. Pour toutes ces raisons, le Ghana apparaît aujourd’hui comme un exemple de démocratie apaisée en Afrique, depuis qu’il a résolument tourné le dos aux coups d’Etat, à l’image du Bénin et du Sénégal qui font aussi la fierté des démocrates du continent. Cela est à son honneur et traduit toute la maturité de sa classe politique qui a su inculquer des valeurs de tolérance, de discipline et de respect de la différence d’opinion aux électeurs. En tout cas, il faut souhaiter que ce pays reste encore pour longtemps un havre de paix et que ce scrutin se passe sans anicroche, malgré les signes de nervosité perceptibles. Car, le Ghana a une image à défendre. C’est d’ailleurs cela qui fait la force de son aura et sa crédibilité sur le pan international. Cela dit, il faut souhaiter que comme lors des scrutins précédents, les djinns de ce pays restent sagement dans leur bouteille et épargnent le pays de la reine Pokou, des violences électorales à grande échelle. C’est à ce prix que le Ghana pourrait prétendre consolider et renforcer son image de démocratie moderne et travailler à la réduction des inégalités sociales à travers la recherche d’une répartition équitable des richesses du pays.  En tout état de cause, il est aujourd’hui difficilement contestable que le Ghana est  un pays stable et crédible. Il appartient donc à la classe politique actuelle de ne brader cet héritage longuement et patiemment construit. Il y va de l’intérêt du pays. Alors, que le meilleur gagne et que le fair-play prévale dans ce pays qui a jusque-là véhiculé une image pacifiste et de nation de gentlemen.

Outélé KEITA


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