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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE Les grandes manœuvres ont commencé


Pendant que l’enfant terrible de Mama attend de s’expliquer devant la CPI (Cour pénale internationale) sur sa responsabilité dans les crimes gravissimes consécutifs à la crise post-électorale, le parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux, le FPI (Front populaire ivoirien), connaît une fracture qui pourrait le conduire à l’implosion.

 

La question qui divise le FPI porte sur sa participation ou non à la présidentielle de 2015

 

La confirmation récente des charges par la CPI contre Laurent Gbagbo, pourrait-on dire, est pour quelque chose dans le malaise qui secoue aujourd’hui le Gbagboland. La question qui divise le parti porte sur sa participation ou non à la présidentielle de 2015, en l’absence certainement de son fondateur. Deux tendances se dégagent. D’un côté, il y a ceux que l’on pourrait appeler les faucons, regroupés autour du vice-président du parti, Aboudramane Sangaré. Pour ces ultras, il ne peut y avoir qu’un seul candidat, Laurent Gbagbo. Ces personnes qui ne jurent que par le célèbre pensionnaire de La Haye, et qui posent à dessein un problème dont ils savent qu’ils n’ont pas la solution, vont certainement raidir la nuque en jouant à fond la carte du boycott de la présidentielle de 2015. Mais aussi celle du rejet systématique de toute initiative allant dans le sens d’un rapprochement avec le pouvoir d’Alassane Ouattara. Aboudramane Sangaré et ses camarades, qui ont une lecture surréaliste de la situation politique de la Côte d’Ivoire, sont en réalité animés par deux sentiments qui rendent impossible la réconciliation en Côte d’Ivoire. Le premier sentiment est la passion maladive qu’ils vouent à Laurent Gbagbo qui, à leurs yeux, a tous les attributs pour être canonisé. Le deuxième sentiment qu’ils ont en partage est leur haine inextinguible et primaire pour la personne d’Alassane Ouattara, coupable, selon eux, d’avoir usurpé le pouvoir avec l’aide et la complicité de « l’impérialisme français et de ses valets locaux et sous- régionaux » et d’avoir déshonoré leur idole en l’expédiant à La Haye.

Face à ces ultras qui se complaisent dans un romantisme politique, il y a ceux que l’on pourrait appeler les modérés dont le chef de file est l’actuel président du parti, Pascal Affi N’Guessan. Ces derniers estiment à juste titre d’ailleurs, que la seule issue qui s’offre au parti, est le dialogue avec le pouvoir. Ils entendent ainsi arracher des concessions politiques qui pourraient relancer le FPI. Cette démarche que les extrémistes du parti qualifient de traîtrise à la cause de Laurent Gbagbo, peut être pourtant perçue comme une option réaliste.

 

La politique de la chaise vide peut être contre-productive pour le FPI

 

En effet, Pascal Affi N’Guessan, avec la récente confirmation des charges par la CPI contre Laurent Gbagbo, donne l’impression d’avoir compris que le FPI devrait désormais tourner la page de son fondateur en cessant de regarder de manière aliénante dans le rétroviseur, pour enfin envisager l’avenir en se donnant toutes les chances de battre, pourquoi pas, Alassane Ouattara à la présidentielle de 2015. Cette projection n’est pas farfelue au regard du contexte politique qui est celui de la Côte d’Ivoire. En effet, certains membres de la coalition qui avaient permis à ADO de battre Laurent Gbagbo, pourraient n’éprouver aucun scrupule aujourd’hui à prêcher pour la chapelle du FPI. Par le jeu de ces alliances contre-nature dont la Côte d’Ivoire est coutumière, un grand regroupement anti-ADO pourrait émerger, dans lequel des militants du FPI convoleraient en justes noces avec des Houphouetistes qui ont des raisons subjectives et objectives d’être en colère contre le président actuel. A propos de ces alliances de circonstances qui peuvent contribuer à modifier les rapports de force politique en RCI, l’on peut évoquer à titre d’exemple, le rapprochement que le FPI avait opéré en direction du RDR pour combattre, dans les années 90, le pouvoir de Henri Konan Bédié. En politique, l’on ne peut jurer de rien, surtout en Afrique où, bien souvent, elle est pratiquée contre des individus et non contre leurs idées. De ce point de vue, tous les castings politiques peuvent être envisagés pour la présidentielle de 2015 en RCI. Pascal Affi N’Guessan, qui a certainement compris que la politique de la chaise vide prônée par les ultras, peut être contre-productive pour le FPI, et qui sait qu’il peut compter sur des anti-ADO tapis au sein du PDCI, a des raisons objectives de croire qu’il peut déloger l’actuel président du palais de Cocody. Ce dernier a certes un bilan positif qu’il pourrait opposer à ses adversaires, le moment venu, mais celui-ci pourrait ne pas suffire pour qu’il ait un second mandat. En attendant ce possible scénario, le moins que l’on puisse dire est que le malaise que vit actuellement le FPI et les divergences de vues au sein de la grande famille des Houphouetistes sur la question de la candidature unique d’ADO à la présidentielle de 2015, peuvent conduire à un éclaircissement du jeu politique en RCI.

 

Pousdem PICKOU


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