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PRESIDENTIELLE MALIENNE


 Jusqu’où ira la contestation ?

C’est aujourd’hui, 8 août, que seront proclamés les résultats définitifs du premier tour de la présidentielle malienne. Ces résultats devraient confirmer les meilleures places occupées par les deux principaux poids lourds de la scène politique malienne, à savoir Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), candidat à sa propre succession, et le Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé qui n’en est pas à sa première tentative dans la course à l’échalote. Le dimanche prochain, les Maliens en âge de voter, seront donc encore sollicités pour départager les deux candidats arrivés en tête, comme ce fut aussi le cas en 2013.  Seulement voilà, le score attribué au président sortant, au premier tour, a mis l’opposition dans tous ses états.  Elle a, en effet, jeté un gros pavé dans le Djoliba, à l’issue du premier tour, en criant au « coup d’Etat électoral ». Elle n’en est pas restée là puisqu’elle a aussitôt saisi la Cour constitutionnelle pour lui faire part de ses critiques portant sur des « fraudes immenses » lors de ces consultations électorales.  L’on ne peut lui faire grief d’avoir déposé des recours auprès de la Cour, aux fins que celle-ci statue sur ces cas de fraudes présumés ou avérés.  C’est du reste, dans l’ordre normal des choses.  Mais en réclamant hic et nunc la démission du ministre malien de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, principal organisateur du scrutin qu’ils qualifient de « mascarade », et en appelant au rassemblement et à l’unité « d’un front », cette opposition qui se fait appeler le « groupe des 18 », semble s’être inscrite dans une logique maximaliste dont nul ne saurait prédire l’issue.  Peut-être aurait-il fallu laisser les juridictions compétentes se prononcer d’abord avant de penser à engager toute autre action qui ne sorte pas du cadre des principes de la République !

Les opposants devraient se garder à tout prix d’être l’allumette qui déclenche l’incendie

Cela dit, face au score réalisé par IBK (41% de suffrages) au premier tour, qu’elle qualifie de « mascarade », l’opposition a convoqué un meeting, hier, 7 août 2018, pour dire tout le mal qu’elle pense de l’organisation du scrutin.  Faut-il croire que les candidats malheureux du premier tour, se comportent en mauvais perdants ? En convoquant un meeting quelques heures seulement avant la proclamation des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, avait-elle choisi comme stratégie, d’exercer la pression sur cette juridiction pour la rappeler à son devoir d’impartialité ? Ses critiques sont-elles fondées ? En tous les cas, pour autant qu’ils détiennent des preuves de ce qu’ils avancent, ces opposants devraient, dans leurs faits et gestes, se garder à tout prix d’être l’allumette qui déclenche l’incendie. Dans ce contexte d’insécurité ambiante où les terroristes ne ratent jamais une occasion pour frapper fort, il faut éviter de jouer avec le feu !  Jusqu’où ira la contestation de l’opposition ? A ce propos, elle croit avoir sa solution :  celle du recomptage des voix et de la publication des résultats, bureau de vote par bureau de vote. Est-ce réaliste ?  Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le danger d’un tel scénario, serait que l’organisation du second tour provoque un glissement électoral qui ne serait pas sans conséquences. On pourrait ainsi ouvrir une boîte de Pandore. En tout cas, le plus grand mal qu’on puisse souhaiter au Mali, c’est que sa classe politique sache négocier en douceur, ce virage dangereux et qu’elle se prémunisse contre tout dérapage qui viendrait à compliquer davantage la situation au Mali.  Mais en attendant, l’heure est au jeu des alliances dans l’entre-deux tours de ces élections. L’écart de voix entre le candidat IBK et son principal challenger, à l’issue du premier tour, est-il prémonitoire ? Soumaïla Cissé doit-il se faire du mouron ? En tout cas, selon toute vraisemblance, l’accès au Palais de Koulouba, ne sera pas une sinécure pour le candidat de l’Union pour la République et la démocratie (URD). D’autant que, de manière générale, en Afrique, battre un candidat qui bénéficie de la prime au sortant, relève de la gageure.  S’il arrivait que le ciel lui tombe sur la tête, IBK ferait exception à la règle en Afrique.  Mais nous sommes en politique où rien n’est définitivement inscrit dans le marbre.

« Le Pays » 


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