HomeA la unePRESIDENTIELLE SIERRA LEONAISE : Le plus dur, c’est l’acceptation des résultats

PRESIDENTIELLE SIERRA LEONAISE : Le plus dur, c’est l’acceptation des résultats


Les résultats du scrutin présidentiel, en Sierra Leone, sont tombés. Le Chef de l’Etat sortant, Julius Maada Bio, candidat à sa propre succession, l’emporte dès le premier tour. Déjà, les bulletins de vote déjà dépouillés le plaçaient largement en tête du peloton de la course des 13 candidats qui étaient sur la ligne de départ. En effet, après 60% du dépouillement, il remportait 1 067 666 voix soit 55,86% des suffrages exprimés, contre 793 751 voix soit 41,53% pour son poursuivant immédiat et éternel challenger, Samura Kamara. Dans un contexte où la loi fixe le seuil de la victoire au premier tour de l’élection  à 55 % des voix, l’on pouvait affirmer, sans courir grand risque, que les jeux étaient déjà faits, sauf bien sûr,  tremblement de terre sur les hautes terres de la Sierra Leone. Et l’on était d’autant plus fondé à le dire que sous nos cieux, généralement, on n’organise pas des élections pour les perdre. C’est dire si la victoire du candidat sortant était attendue.

 

La communauté internationale devrait se hâter d’étouffer le feu avant qu’il ne développe de véritables flammes

 

C’est même plutôt le contraire qui aurait étonné car à la différence de son adversaire, Julius Maada Bio avait un bilan, quoique très mitigé, à défendre et a sans nul doute aussi bénéficié du soutien de l’appareil d’Etat.  Mais si donc le suspense semblait de courte durée pour l’issue des votes, il n’est pas évident que l’acceptation de la défaite par le camp perdant, soit aussi rapide. Et pour cause. L’on sait, en effet, que les tensions ont été très vives à l’approche du scrutin, faisant craindre même le pire pour le déroulement des votes. L’opposition n’a cessé de donner de la voix, allant jusqu’à remettre en cause la neutralité du président de la Commission électorale et demander même sa démission. C’est dire si la pillule de la victoire est amère à avaler pour Kamara pour qui ce scrutin était celui de la revanche, après la défaite de 2018. Et l’on peut d’autant plus avoir des craintes que des troubles avaient déjà éclaté en marge des votes. Les forces de sécurité ont dû, en effet, recourir à la force pour disperser des manifestants de l’opposition au siège du Congrès de tout le peuple (APC),  occasionnant la mort d’une femme.  Faut-il donc craindre des lendemains incertains pour la Sierra Leone qui a déjà connu dans un passé pas très lointain, les affres de la guerre civile ?  Il est difficile de répondre à cette interrogation mais il est impératif que les Sierra-Léonais qui ont vécu l’enfer, sachent raison garder pour ne pas à nouveau brûler leur pays pour défendre des hommes politiques qui, comme le dit l’artiste, restent «  tous des enfants d’une même mère ». En tout état de cause, la communauté internationale qui a dépêché des observateurs pour superviser le scrutin et qui sont unanimes quant à son déroulement dans des conditions globalement apaisées, devrait se hâter d’étouffer le feu avant qu’il ne développe de véritables flammes.

 

On espère que Kamara ne jouera pas les mauvais perdants

 

En effet, il serait incompréhensible que  la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et le Commonwealth  ne prennent pas les devants pour prévenir une éventuelle crise post-électorale ; elles qui ont eu du scrutin, cette appréciation : « La mission note que malgré quelques défis initiaux, le scrutin s’est généralement déroulé sans heurts et dans une atmosphère largement pacifique. Les électeurs ont pu participer librement au processus. ». Au regard du constat établi, ces regroupements disposent de tous les arguments pour faire entendre raison aux protagonistes d’une éventuelle crise post-électorale. Et c’est maintenant qu’il faut agir pour ne pas intervenir comme c’est souvent le cas, en sapeurs-pompiers. Mais pour l’instant, tout cela relève d’un scénario-fiction et l’on espère que Kamara se limitera juste à la surenchère verbale presque coutumière des campagnes électorales et qu’il ne jouera pas les mauvais perdants au point de ternir la renommée des pays anglophones qui se sont taillé le label des élections propres en Afrique, contrairement aux pays francophones qui sont bien connus pour les scrutins avec des lendemains de gueule de bois.  Il faut le dire,  il y a même urgence à tourner la page de cette élection. Car, la situation socio-économique du pays exige des Sierra- Léonais qu’ils se remettent au travail immédiatement.  Le taux d’inflation dans le pays  s’élevait à  plus de 43%, en avril dernier. Durement touchée par  l’épidémie d’Ebola dont le pays peine  à se relever,  l’économie a été davantage fragilisée par la  pandémie de Covid-19. Et pour ne rien arranger, la guerre en  Ukraine avec pour conséquence l’envolée des prix des produits de grande consommation comme les denrées alimentaires et le carburant, menace de mettre le pays à genoux. C’est donc à cette vie chère qu’il faut d’urgence trouver des solutions. Julius Maada Bio n’a donc pas de temps à perdre dans des querelles électorales. Il doit donner corps à ses promesses de campagne. Et la promesse principale est de donner la priorité à la relance de l’agriculture et à la durabilité alimentaire,  pour faire face à la crise du coût de la vie. C’est donc là, véritablement, qu’il est attendu surtout que cette situation économique catastrophique n’est pas étrangère à sa gestion du pays.

 

« Le Pays »


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