PRISE DE POUVOIR PAR LAURENT DESIRE KABILA EN RDC : Un anniversaire sur fond de massacres
La partie orientale de la RD Congo est-elle devenue un pandémonium ? On est tenté de répondre par l’affirmative au regard de ce qui se passe dans cette région abandonnée à elle-même. En effet, dans un rapport de 164 pages, non encore publié, des experts de l’ONU évoquent des massacres de civils attribués aux rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF) soutenus par des officiers de l’armée congolaise ; tant et si bien que les territoires de Beni, Butembo et Lubero dans le Nord-Kivu, sont finalement devenus des nécropoles à ciel ouvert. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 1 000 civils ont été envoyés ad patres et 1400 autres kidnappés, sans compter les centaines de maisons incendiées, et ce, au moment même où le pays commémore le 17e anniversaire de la prise du pouvoir par Laurent Désiré Kabila. Tous ces massacres, tenez-vous bien, se déroulent dans l’indifférence totale du président de la République, Joseph Kabila, qui semble avoir d’autres chats à fouetter. Et c’est peu dire. Puisque pour Kabila, l’heure est plutôt à la recherche de voies et moyens pour conserver son fauteuil présidentiel. Le reste importe peu. Si ce n’est pas de l’incurie, c’est de l’irresponsabilité caractérisée. Car, tout se passe comme si l’Est de la RD Congo était dans une autre république, tant Kabila n’a visiblement cure de la souffrance de ses compatriotes qui y vivent la peur au ventre. C’est à n’y rien comprendre. Dès lors, on comprend pourquoi, manifestement exaspérée, la coordination des sociétés civiles congolaises a décidé de donner de la voix face à ce décompte macabre qui n’en finit pas. En effet, dans une lettre adressée au président Kabila, elle lui demande d’assumer ses responsabilités de chef suprême des armées, pour arrêter ces massacres à ciel ouvert des civils qui ne savent plus désormais à quel bourreau se fier. Car, selon le rapport des experts, si ce n’est pas le tristement célèbre brigadier général Muhindo Akili Mundos qui incite à la violence, c’est le sulfureux colonel Katachandjo Hangi qui fournit « armes, munitions, nourriture et renseignements » aux spadassins pour mieux atteindre leurs cibles.
On n’est pas loin d’un nouveau drame génocidaire dans les Grands Lacs
Hitler et Néron que l’histoire présente comme de grands criminels, n’auraient pas mieux fait. En tout cas, c’est la preuve que si rien n’est fait pour protéger les civils, on n’est pas loin d’un nouveau drame génocidaire dans les Grands Lacs. C’est le lieu donc d’en appeler à la responsabilité des grandes puissances qui, sans aucun doute pour des questions d’intérêts, continuent jusque-là de caresser Kabila dans le sens du poil. Car, en dehors des tièdes remontrances des Etats-Unis, aucune autre puissance n’a osé tancer Kabila fils qui, en plus de se montrer indifférent face à ce qui se passe dans l’Est de son pays, embastille et emprisonne à tour de bras opposants et activistes de la société civile. Dieu seul sait s’ils sont nombreux les contestataires arrêtés, dont le seul péché est d’avoir tout simplement rappelé au dictateur que son mandat prend fin en décembre prochain et qu’il ferait mieux de faire valoir ses droits à la retraite plutôt que de briguer un troisième mandat avec le risque de plonger le pays dans le chaos. C’est le comportement bien connu des dictateurs qui ne voient pas venir les choses. Complètement aveuglés, ils se plaisent généralement à faire l’autruche. De toute évidence, la preuve est faite que Joseph Kabila est un petit président (au sens propre comme au figuré) pour un grand pays comme la RD Congo qui vaut cinq fois la France du « président normal », et qui croule sous le poids des ressources naturelles en tout genre. C’est à se demander si Kabila, par ses errements, n’est pas en train de briser le capital de sympathie dont bénéficie son père Laurent Désiré Kabila que les Congolais présentent comme étant un sauveur pour avoir mis fin à la dictature d’un homme : Mobutu Sese Seko. Car c’est au moment où les Congolais commémorent cet événement historique que Joseph Kabila, par ses frasques, choisit de dresser le bûcher contre son pays en décidant de s’accrocher à tout prix au pouvoir.
Boundi OUOBA