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PRISE EN CHARGE DES VICTIMES DE L’INSURRECTION ET DU PUTSCH DE SEPTEMBRE 2015


Au nombre des événements socio-politiques douloureux qui ont marqué de façon indélébile, l’histoire du Burkina, l’on peut citer sans grand risque de se tromper, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et le coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015. Le Burkina a payé un lourd tribut à ces deux événements en termes de morts et de blessés. Six ans après le coup d’Etat et 7 ans après l’insurrection, le pays s’en souvient encore. En effet, ce dimanche 31 octobre 2021, le président Kaboré a déposé une gerbe de fleurs au pied du monument dédié aux victimes de ces deux événements.  A cette occasion, les mots choisis par le premier des Burkinabè en disent long  sur ce que ces évènements représentent pour le pays des Hommes intègres. Extrait : « Je salue la mémoire des victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre et du putsch manqué du 16 septembre 2015. Le souvenir de tous ces combattants qui ont donné leur vie pour la liberté et la démocratie, demeure vivace dans nos cœurs ». C’est bien de leur rendre hommage par des mots et des rituels émouvants et pathétiques. Mais ce serait encore mieux de leur rendre justice, de s’occuper véritablement de leurs ayants droit et de prendre en charge les blessés. C’est là où le bât blesse, selon Nebon Bamouni et Victor Pouahoulabou, respectivement porte-parole des victimes et président de l’Union des familles des martyrs de l’insurrection populaire et du coup d’Etat de septembre 2015. Les griefs formulés par les deux hommes contre l’Etat, sont formels. Ils se déclinent en ces termes et comme suit : la non-effectivité des indemnisations des familles, la non-application de la loi concernant les pupilles de la Nation, la non-prise en charge des soins pour certains blessés ayant toujours des balles dans leur corps, le manque de suivi médical pour d’autres blessés et la scolarisation des orphelins.

 

Blaise Compaoré tout comme Gilbert Ouédraogo, pourraient éventuellement faciliter le travail de Roch   Kaboré

 

Le ministère de l’action humanitaire  est particulièrement mis à l’index dans ces manquements. Extrait : « par rapport aux orphelins, le président du Faso a ordonné au ministère en charge de l’Action sociale, de doter toutes les familles en vivres et ce par trimestre. On n’a jamais rien reçu durant ces 7 ans ». Au cas où toute ces accusations contre l’Etat sont fondées, l’on peut et doit se joindre à Victor Pouahoulabou et à Nebon Bamouni pour crier sa colère. Car, de fortes promesses avaient été faites aux ayants droit des victimes de l’insurrection et du putsch ainsi qu’aux blessés de ces deux événements douloureux sous la Transition. Comme l’Etat est une continuité, rien ne peut justifier que sept ans après, il y ait tant de manquements dans la prise en charge des ayants droit et des blessés. Que des Burkinabè traînent encore aujourd’hui avec des balles dans le corps, est tout simplement révoltant ! De ce point de vue, il est impératif que l’Etat s’assume pleinement par rapport à toutes les promesses qui ont été prises. Car, ce n’est pas de cette façon que l’on doit traiter les ayants droit de ceux « qui ont donné leur vie pour la liberté et la démocratie ». Le Burkina a donc l’obligation politique et morale d’aller ici et maintenant vers leur prise en charge effective. Du reste, cela est leur droit. Et Victor Pouahoulabou n’a pas manqué de le marteler aux hommes et aux femmes de média, le 28 octobre dernier, au Centre national de presse Norbert Zongo. Mais il ne serait pas juste de ne voir que le verre à moitié vide. En effet, le gouvernement a posé des actions en faveur des ayants droit et a procédé à la prise en charge de certains blessés. Même si cela reste largement insuffisant, il faut tout de même le souligner et inviter l’Exécutif à s’assumer pleinement. Au nombre des promesses traduites en actes concrets, l’on peut retenir entre autres : les constructions des tombes de toutes les victimes de l’insurrection et du putsch manqué, l’octroi de la somme d’un million à des veufs ou veuves, l’octroi d’une villa à 8 familles sur 42 recensées, l’intégration de trois femmes à la Fonction publique. Victor Pouahoulabou a du reste reconnu cela. Il faut ajouter que le président du Faso vient d’assurer que des discussions sont en cours avec les différentes associations pour la finalisation des dossiers en instance et qui sont en lien avec la prise en charge des blessés et des familles des victimes. Certes, le pays est dans des difficultés mais s’il le veut, il le pourra. Mais là où la seule volonté de Roch Marc Christian Kaboré ne suffira pas  pour satisfaire Victor Pouahoulabou, c’est quand ce dernier lui demande de faire tout « pour que l’ex-président Blaise Compaoré rentre pour faire face à la Justice ». Roch Marc Christian a beau le vouloir, l’on ne voit pas comment il pourrait contraindre Alassane Ouattara à livrer son « désormais compatriote » Blaise Compaoré à la Justice burkinabè. Une  autre exigence qui est légitime mais qui pourrait ne pas être satisfaite, est la récusation de Gilbert Ouédraogo comme membre de la Haute cour de justice. L’argument qui serait opposé aux contestataires, pourrait être simplement l’indépendance de la Justice et la séparation des pouvoirs. Mais,   sait-on jamais. Blaise Compaoré tout comme Gilbert Ouédraogo, pourraient éventuellement faciliter le travail de Roch Marc Christian Kaboré en rentrant au pays pour faire face à la justice pour ce qui concerne le premier et en renonçant volontairement à son poste juteux de membre de la Haute cour de justice en ce qui concerne Gilbert Ouédraogo. En tout cas, c’est tout le mal qu’on leur souhaite, pour eux-mêmes et pour l’Histoire.

 

Sidzabda


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