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PRISE EN OTAGE DE L’ADMINISTRATION DECONCENTREE DE LA SANTE : Le syndicat des médecins hausse le ton


Tout en appelant ses militants à la cohésion avec les autres syndicats, le Syndicat des médecins du Burkina (SYMEB) met en garde contre les comportements de nature à ternir l’image du corps ou à créer un blocage pouvant porter atteinte à la santé publique. Lisez pour en savoir davantage !

 

Le Syndicat des médecins du Burkina, à travers cette déclaration, se veut avant-gardiste, face au grand risque de déliquescence de notre système de santé. Nous voudrions attirer l’attention de l’opinion publique et des autorités de la transition sur ce que nous appelons la prise en otage de l’administration déconcentrée du secteur de la santé, le plus souvent dirigée par des médecins (médecins-chefs de districts). Cette prise en otage est très dangereuse, dans le sens ou certains agents poussent l’outrecuidance jusqu’à mettre les populations de notre chère patrie en danger. Pire, leurs attitudes portent atteinte à la sécurité sanitaire publique, par le blocage du Télégramme lettre officielle hebdomadaire (TLOH).

Les TLOH constituent l’outil stratégique d’un Etat, qui permet de faire une veille sanitaire et d’apporter des réponses rapides et vigoureuses aux épidémies (méningites, choléra, grippe aviaire, etc.). Cette information obligatoire doit être remontée chaque lundi, depuis les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) jusqu’au niveau central. Imaginez que des agents de santé, pour des querelles byzantines, bloquent cette information et que, par malchance, le pays est envahi par une épidémie, sans qu’une réponse idoine soit apportée par défaut de données fiables !

Le SYMEB déplore aussi le fait que des blocs opératoires soient fermés pour des jérémiades sans fondement, pendant qu’il existe des ressources humaines à même de faire fonctionner ces blocs opératoires, pour réaliser des césariennes et sauver des femmes qui meurent en donnant la vie.

Il est devenu quasi normal de voir dans la presse et sur le terrain, des frondes pour demander le départ de tel ou tel médecin, çà et là. Nous dénombrons environ une dizaine de structures de santé, durant cette Transition en proie à des situations alambiquées de ce genre, et souvent pour des raisons aussi subjectives que fallacieuses, qui cachent des raisons objectives liées à la mise en œuvre des pouvoirs discrétionnaires et objectifs des responsables de structures administratives. En l’occurrence, le management des ressources humaines et de la logistique. Au nombre des raisons de demande de départ, on note :

– il ne salue pas les gens, il est zélé, il ne nous aide pas ;

– il n’a pas une bonne communication. Il ne respecte pas les gens ;

– il refuse de nous signer un certificat administratif pour nous permettre d’avoir des indemnités de logement (les intéressés étant logés dans des bâtiments administratifs) ;

– il refuse de vider ses collègues médecins qui nous ont, du reste, précédés dans le logement pour nous remettre lesdits logements en tant que nouveaux agents venant d’arriver

– il a nommé un infirmier chef de poste (ICP) plus jeune dans un CSPS

– sa gestion n’est pas transparente, malgré un contrôle de l’ASCE sans irrégularités majeures constatées, et des indicateurs de performances au vert ;

– puis, nous nous perdons à égrener le long chapelet des raisons subjectives.

Le SYMEB tient à préciser que ce raz-le-bol ne vise pas spécifiquement un corps. Que ce soit un médecin ou un paramédical qui, de par ses comportements, porte atteinte à la santé publique et partant à nos vies, il trouvera le SYMEB sur son chemin. Cela d’autant plus que les agents de santé que nous sommes, sont les plus vulnérables aux épidémies (cf. Guinée Conakry, Sierra-Leone et Liberia). Parmi les agents de santé, il n’y a ni ouvrier ni patron ni gens de la plèbe ni noble ; nous sommes des personnes toutes complémentaires, chacune avec sa spécificité. Il n’y a pas non plus conflit de compétences, car les emplois sont bien distincts. Aussi, la délégation de prescription ne doit pas susciter des amalgames dans le sens d’un conflit de compétences entre agents.

Au demeurant, nous restons fermement attachés au droit de grève qui est un droit fondamental pour les travailleurs. L’Etat se doit de garantir ce droit à tous les travailleurs. Cependant, le SYMEB tient également à marteler que les vies humaines de nos populations sont à protéger, en cas de grève. Aussi les contentieux administratifs doivent se régler devant le juge administratif compétent, qui pourra annuler tous actes règlementaires teintés d’un excès de pouvoir de l’exécutif central ou déconcentré. Après épuisement des voies de droit, si un agent estime toujours être lésé, il lui est loisible d’opter pour d’autres formes de lutte. C’est ainsi que nous construirons ensemble l’Etat de droit.

Le SYMEB invite ses militants à privilégier les conciliations entre agents de santé et, à défaut, à s’en remettre à la décision du juge administratif, avant d’user, à juste titre, d’autres formes de luttes ; cela dans l’intérêt des populations qui demeurent les premières victimes de nos conflits. Aussi, nous invitons nos militants à renforcer la cohésion avec les autres syndicats de la santé (le Syndicat des pharmaciens, le SYNTSHA, le SAIB, le Syndicat des sages-femmes). Au-delà de nos revendications spécifiques, en tant que médecins, nous nous devons de nous tenir prêts pour des luttes communes liées à des aspects transversaux du secteur de la santé, voir national.

Le problème des ressources humaines qualifiées se pose avec acuité, en ce qui concerne l’anesthésie- réanimation (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso sont les villes desservies en médecins anesthésistes et réanimateurs), spécialité indispensable pour réaliser une intervention chirurgicale. Le Burkina Faso connaît un désert médical en la matière, avec une saignée vers l’extérieur de façon constante. A l’image des médecins généralistes à compétence de chirurgie d’urgence, n’est-il pas temps de penser aux médecins généralistes à compétence d’anesthésie en accompagnant les universités et les CHU pour leurs formations? Cela aura l’avantage de constituer un binôme nécessaire pour sauver les femmes et les hommes qui meurent de pathologies urgentes chirurgicales et gynécologiques dans nos formations sanitaires périphériques ne disposant ni de médecin chirurgien ni de médecin gynécologue ni de médecin anesthésiste réanimateur.

Par ailleurs, le SYMEB félicite les forces de défense et de sécurité pour le travail patriotique qu’elles mènent pour débusquer les faussaires et contrebandiers qui nous empoisonnent de jour en jour. Nous constatons aussi avec amertume que les dispositions législatives punissant ces délits voire ces crimes sont peu, ou pas du tout dissuasives. De l’affaire Obouf en passant par les huiles, les vinaigres et terminant par les pâtes alimentaires, nous constatons que le jeu de la contrefaçon en vaut la chandelle pour les faussaires. Nous demandons donc à madame la ministre de la Justice, Garde des sceaux, d’introduire un projet de Loi modificative du Code pénal en vue de durcir les peines, voir criminaliser les contrefaçons et la vente de produits périmés. Ainsi, nous espérons éviter que la santé de nos populations ne se retrouve à la croisée des chemins.

Non à la désacralisation et à la banalisation de la vie humaine sur l’autel de nos ego!

Non à la lutte des classes entre agents de santé!

Soyons des médecins dignes et intègres !

Le Bureau exécutif national du SYMEB


Comments
  • Tant que le medecin va continuer a ignorer le rôle de collaboration qui le lie a l- infirmier ,la tension perdurera. Il ya trop de medecins dans les bureaux.

    26 juin 2015
  • A la lecture, j’ai eu l’impression que c’est une autorité administrative, un Conseil d’administration et non un syndicat qui parle. Que les syndicats jouent leur rôle (sensibiliser voire sanctionner leurs militants comme bon leur semble) et que les autorités disciplinaires jouent également leur rôle en toute responsabilité. Si derrière cette déclaration, en réalité se cache un conflit entre visions et options syndicales de médecins et assimilés, il faut que les faits soient précis, clairement référencés pour éviter de jeter en pâture l’ensemble du corps, particulièrement les Chefs de Districts.
    Je ne comprends pas l’expression “lutte de classe” dans cette déclaration. Ce sont des luttes d’intérêts dont il faut évaluer la légitimité et les rapports d’avec l’intérêt général. Chercher à les marquer idéologiquement n’y changerait rien

    27 juin 2015
  • C’est bon de lutter mais pas en mettant en
    la santé de toute Nation.

    27 juin 2015

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