PROCES DE CORNEILLE NANGAA ET COMPAGNIE EN RDC : Félix Tshisékédi reste droit dans ses bottes
C’est un procès très attendu qui s’est ouvert le 24 juillet dernier en République démocratique du Congo (RDC). Sont présentes dans le box des accusés cinq personnes sur 25, toutes poursuivies pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et haute trahison, perpétrés dans l’Est du pays. Afin donc de donner à ce procès toute sa dimension « historique », les autorités congolaises ont choisi de le retransmettre en direct sur les antennes de la Télévision nationale. Le jeu en vaut la chandelle quand on sait que ceux qui sont poursuivis devant la Cour militaire de Kinshasa-Gombe, sont présentés comme étant des figures du M23, du nom de ce mouvement rebelle armé dont on dit qu’il est soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, qui donne du fil à retordre aux Forces armées congolaises (FARDC) au point qu’il contrôle la quasi-totalité de la partie orientale du pays. Toutefois, parmi les grands absents au banc des accusés, on compte l’ex-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et chef de l’Alliance fleuve Congo (AFC) qui n’est ni plus ni moins que la branche politique du M23. Il sera donc jugé par contumace ainsi que 19 autres personnes en cavale. La tenue de ce procès est la preuve, pour ainsi dire, que les autorités congolaises ne sont pas prêtes à engager des négociations avec les rebelles du M23. Félix Tshisékédi reste donc droit dans ses bottes.
Reste à souhaiter que Corneille Nangaa et ses complices présumés puissent bénéficier d’un procès équitable
En plus de la force militaire qui, malheureusement, a montré ses limites, il veut opposer la rigueur de la loi au M23, espérant ainsi déstabiliser moralement le mouvement. Ce qui n’a rien de mauvais. Car, dans un Etat de droit, tous ceux à qui il est reproché des infractions quelconques, doivent rendre des comptes, fusent-ils des anciens dignitaires. Reste seulement à souhaiter que Corneille Nangaa et ses complices présumés puissent bénéficier d’un procès équitable pour ne pas renforcer le sentiment de rejet dont se dit victime la communauté tutsi qui, à travers le M23, dit se battre pour sa survie. C’est, du reste, pour cette raison que l’on se demande si le procès en cours était opportun, au regard du contexte sécuritaire qui prévaut dans l’Est de la RDC presque sous coupe réglée. En tout cas, il faut craindre qu’en cas de condamnations, cela ne braque le M23 qui pourrait s’en servir pour mener des actions de représailles contre les populations qui souffrent déjà le martyre, s’il n’en profitera pas pour gagner du terrain en procédant à la conquête de nouvelles localités.
En vérité, pour une sortie de crise durable, l’idéal voudrait que les autorités congolaises acceptent de surpasser leurs ego surdimensionnés pour prendre langue avec leurs voisins rwandais et ougandais. C’est la meilleure voie en vue d’une désescalade. A défaut, tout autre option ne fera qu’aggraver la situation et accroître la souffrance des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer.
B.O