PROCES DE KARIM WADE : Qui a peur de la manifestation de la vérité ?

Le procès de Karim Wade a repris le 16 février  dernier et se poursuit  sans  le prévenu  et ses avocats. Celui-ci s’est emmuré dans un silence, parce qu’il a vu que les accusations portées contre lui  sont  accablantes,  à  en juger par  les propos de maître Simon Ndiaye : “Aujourd’hui,  nous avons démontré que Karim Wade était au cœur de tout ce qui se faisait. C’était lui le cerveau qui avait les informations privilégiées et précises, qui utilisait ses amis comme une toile d’araignée pour pouvoir envahir tous les secteurs de la vie économique du Sénégal”. Vrai ou faux ? Toujours est-il que cette attitude  de la défense, loin de faire bouger les choses, complique davantage le cours du procès, car il est évident que celui-ci traînera en longueur.

Que veut au juste Karim Wade ? Que  cache cette attitude ? Comment mener ce procès à terme, quand le principal mis en cause refuse de comparaître ?  Et que dire de ses avocats qui ont opté pour la même stratégie ?

Le refus de Karim Wade de se présenter aux juges paraît pour le moins bizarre

Depuis un certain temps, le prévenu, appelé à répondre à la convocation du tribunal, est aux abonnés absents, se présentant comme une victime. Et pourtant, les Sénégalais ont besoin de connaître la vérité, car il est question d’enrichissement illicite portant sur plusieurs milliards de F CFA, l’argent du contribuable sénégalais. La justice maintiendra-t-elle le cap ? Se laissera-t-elle prendre au piège de l’émotion, de la victimisation ?  Si oui, il faut craindre que le droit ne soit pas dit. C’est pourquoi le procès doit aller jusqu’à son terme, pour la manifestation de la vérité. Pour l’image même de Karim Wade, il y va, du reste, de son intérêt.  Et puis, pourquoi son géniteur,  Abdoulaye Wade, ne travaillerait-il pas, tout juriste qu’il est, à apporter  son talent au collège des avocats commis à la défense de son fils, pour le sortir des griffes de la Justice ?  Plutôt que de faire appel à la rue ?

Quant à Karim Wade, son refus de se présenter aux juges paraît pour le moins bizarre.  Quand on ne se reproche rien,  en principe,  on se met à table. On ne laisse rien passer, quitte à espérer que l’affaire, sur la base de ses déclarations, soit réglée au plus vite. Ce qui n’est visiblement  pas le cas pour Karim qui, dans sa nouvelle posture, fait plutôt obstruction à la manifestation de la vérité.  Qui a peur de la manifestation de la  vérité ?

Ce refus cache-t-il  une stratégie destinée à obtenir un verdict par défaut ?  Un verdict qui permettrait  au rejeton de l’ex-président sénégalais de s’en tirer à bon compte  ?  En tout cas, c’est sans compter avec la détermination de certains, en l’occurrence

l’ancien bâtonnier, qui réclame,  au nom de l’Etat du Sénégal, 200 milliards de F CFA, soit environ 300 millions d’euros, de dommages et intérêts.

Ben  Issa TRAORE