HomeA la unePROCES DE L’ANCIEN PRESIDENT FRANCAIS : Le fantôme de Kadhafi aux trousses de Sarkozy

PROCES DE L’ANCIEN PRESIDENT FRANCAIS : Le fantôme de Kadhafi aux trousses de Sarkozy


Nicolas Sarkozy sera-t-il rattrapé par ses propres turpitudes ? Telle est la question qui se pose avec l’ouverture, le 6 janvier dernier, de son procès au Tribunal correctionnel de Paris où il comparaît avec une dizaine d’autres prévenus dont trois anciens ministres. En effet, l’ancien locataire du palais de l’Elysée est appelé à répondre d’accusations de « corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs ». Un procès qui s’annonce autant comme un marathon judiciaire qu’une nouvelle épreuve pour l’ancien président français qui a déjà été condamné dans l’affaire dite des écoutes appelée affaire Bismuth. Et qui s’apprête à vivre quatre mois d’audience soutenue où il devra faire la preuve qu’il est blanc comme neige, dans les accusations récurrentes de financement de sa campagne électorale de 2007 par le défunt président libyen, Mouammar Kadhafi.

 

 

Le procès de Nicolas Sarkozy qui s’ouvre, plusieurs années après son départ du pouvoir, est riche en enseignements

 

 Une affaire qui défraie la chronique depuis 2011, date des premières accusations contre l’ancien chef de l’Etat français, au moment où l’étau de la révolte populaire se resserrait autour du guide de la Jamahiriya dont la disparition tragique dans les conditions que l’on sait, suscite aujourd’hui encore de nombreuses interrogations. En tout cas, pour d’aucuns, l’activisme débordant de la France dans l’intervention occidentale qui a abouti à la chute et à la mort du colonel Kadhafi, répondait à un impératif de le faire taire pour ne pas qu’il dévoile certains secrets.  Et dans les circonstances floues qui ont entouré la mort du dirigeant libyen alors traqué de toutes parts par les brigades révolutionnaires, certaines sources pointent un doigt accusateur sur les services secrets français dans l’exécution du Guide. Toujours est-il que pour de nombreux observateurs en Libye et ailleurs, Nicolas Sarkozy a sur sa conscience, la mort du colonel Kadhafi qu’il a tout fait pour réduire au silence. De là à voir dans l’ouverture de ce procès, le fantôme d’un Kadhafi aux trousses de Sarkozy, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de franchir. D’autant plus que dans les croyances africaines, les morts ne sont pas morts et sont capables de passer des messages d’outre-tombe.

En tout état de cause, vu d’Afrique, le procès de Nicolas Sarkozy qui s’ouvre plusieurs années après son départ du pouvoir, est riche en enseignements. Et, au-delà du motif de « financement illégal » qui peut prêter à sourire sur le continent noir où l’opacité est plus la règle que l’exception dans le financement des campagnes électorales des princes régnants, le symbole est fort dans la mesure où c’est un procès qui se veut pédagogique. Et ce, en ce qu’il tend à montrer qu’un ancien chef d’Etat reste justiciable au même titre que le citoyen lambda et que quelle que soit la durée de son règne ou de son départ du pouvoir, il peut toujours répondre, un jour, de ses actes.

 

Il appartient à la Justice française de démêler l’écheveau

 

Autant dire que c’est un procès qui sonne, à plus d’un titre, comme un appel à la responsabilité, à la probité et à l’exemplarité dans la bonne gouvernance, pour s’éviter d’éventuels ennuis d’après-pouvoir. Ceci expliquant cela, bien des dirigeants africains se voient souvent contraints à prendre le chemin de l’exil dans l’espoir de se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires quand certains ne cherchent pas à s’abriter maladroitement derrière des lois d’amnistie votées à la hâte, pour espérer couvrir leurs arrières une fois forcés à passer la main. En tout cas, ce procès ne manque pas d’intérêt non seulement pour les Français. Mais aussi pour ces Libyens qui voient en Nicolas Sarkozy, un Judas Iscariote bon pour la potence, après avoir tiré profit des largesses de l’ex-homme fort de Tripoli pour finalement se dresser contre lui et jouer un rôle majeur dans son élimination physique. Toute chose que rejette l’ancien chef de l’Etat français qui est dans le déni total et qui a toujours parlé de « fable » et de « machination » visant à nuire à sa réputation.

A présent, il appartient à la Justice française de démêler l’écheveau. Et l’on espère que pour l’Histoire et pour la vérité, toute la lumière sera faite sur cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive des deux côtés de l’océan atlantique.

 

« Le Pays »

 


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