HomeA la unePROCES DE L’ASSASSINAT DE ROBERT GUEÏ : Chacun doit assumer

PROCES DE L’ASSASSINAT DE ROBERT GUEÏ : Chacun doit assumer


 

Ouvert depuis le 19 novembre 2015, le procès de l’assassinat de Robert Guéï se poursuit en Côte d’Ivoire. Au total, 22 prévenus ont défilé à la barre. Le 16 février dernier, la parole a été donnée au commissaire du gouvernement, Ange Bernard Kessi, qui, soutenant que les faits d’assassinat et de complicité d’assassinat du général Guéï ont été établis, a requis de lourdes peines d’emprisonnement à l’encontre des accusés. C’est la prison à perpétuité qui a été requise contre Anselme Séka Yapo et Bruno Dogbo Blé. Avant donc le verdict du tribunal, la défense a eu aussi droit à la parole, hier, 17 février. Rejetant totalement l’argumentaire du parquet, elle a, au cours de sa plaidoirie, demandé que soient acquittés ses clients qui, du reste, ont plaidé non coupables. C’est de bonne guerre. Car le procureur a joué son rôle, la défense aussi. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que ce procès doit donner à réfléchir à plus d’un, notamment à la plupart de ces soldats qui, à un moment donné de l’histoire, se croient tout permis. C’est le cas de Anselme Séka Yapo et Bruno Dogbo Blé dont la simple évocation de leur nom faisait trembler plus d’un en Côte d’Ivoire, tant ils s’étaient montrés impitoyables et intraitables.

L’histoire de chacun finit par le rattraper

Ces deux hommes étaient à la Côte d’Ivoire ce que fut Gilbert Diendéré au Burkina, du fait de la terreur qu’ils ont semée. Ils doivent donc assumer avec courage et responsabilité leur passé. Car, comme on le dit, l’histoire de chacun finit par le rattraper. Cela peut prendre le temps qu’il faut, mais tôt ou tard, cela arrivera. En tout cas, ce procès qui intervient treize ans après, n’aurait jamais eu lieu si l’illustre pensionnaire de la prison de Scheveningen, Laurent Gbagbo, était toujours au pouvoir en Côte d’Ivoire. Pourtant, comme le dit le procureur, tout le monde sait que l’assassinat de Robert Guéï a été « un plan machiavélique prémédité de longue date au plus haut sommet de l’Etat ». L’homme sait de quoi il parle car, faut-il le rappeler, Ange Bernard Kessi occupe le poste de Commissaire du gouvernement bien avant l’arrivée du président Alassane Dramane Ouattara (ADO) aux affaires. De ce fait, il connaît bien le régime Gbagbo de l’intérieur et de l’extérieur. Les peines qu’il a requises à l’encontre des prévenus, viendraient d’un autre magistrat promu à ce poste par ADO que d’aucuns auraient vite fait de crier à un acharnement judiciaire. C’est connu. La mauvaise foi est la chose la mieux partagée en Côte d’Ivoire, si fait que par moments, on ne sait plus qui dit vrai et qui dit faux. La preuve est que même Gbagbo et Blé Goudé disent n’avoir rien à se reprocher dans les tueries massives consécutives à la crise post-électorale, comme si les 3000 personnes qui ont été occises s’étaient suicidées. Certes, Gbagbo et son homme lige ne sont certainement pas les seuls responsables de tous ces crimes, mais par pudeur ou par respect pour les morts, ils auraient pu reconnaître leur part de responsabilité. De toute évidence, comme le dit l’adage, « le mensonge a beau courir, la vérité finira par le rattraper ». En témoigne aussi l’affaire Thomas Sankara, du nom de cet ancien président burkinabè qui a été froidement abattu le 15 octobre 1987. Après plus d’un quart de siècle d’omerta, les lignes ont commencé à bouger depuis que Blaise Compaoré, acculé par la rue, a pris ses jambes à son cou pour se réfugier dans un pays voisin. Car depuis lors, les langues ont commencé à se délier, certains suspects ayant même été inculpés et mis aux arrêts.

Boundi OUOBA


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