PROCES DE L’ATTAQUE DE LA POUDRIERE DE YIMDI : Les audiences se poursuivent
La journée du 30 mars 2017 a marqué le 3e jour du procès de l’attaque de la poudrière de Yimdi. Au cours de cette journée, les prévenus ont continué à comparaître pour répondre des faits à eux reprochés.
Le 3e jour du procès de l’affaire « Attaque de la poudrière de Yimdi » a commencé avec l’audition du soldat de 2e classe, Handi Yonli. Selon le président du tribunal, complot militaire, vol aggravé et détention illégale d’armes à feu sont, entre autres, les faits qui lui sont reprochés. « Merci de me donner la parole », a introduit l’accusé. « Avant de commencer, a-t-il dit également au tribunal, je demande votre clémence pour moi et tous mes camarades ici présents ». Selon le prévenu, après la dissolution du RSP, il a rejoint son nouveau poste d’affectation comme cela se doit. Après quelques mois de service, il a obtenu une permission de son chef de corps et c’est ainsi qu’il s’est rendu à Ouagadougou. Une fois à Ouagadougou, il a appelé le sieur Couldiati afin de le voir et d’aller rendre visite à son enfant malade. Ils se sont donc donné rendez-vous à Ouaga 2000. C’est là-bas que Couldiati lui aurait fait savoir qu’il avait été promu. Il lui a donc demandé de lui payer de la viande de porc pour fêter cette bonne nouvelle. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés dans un maquis sur la route de Pô où, quelque instants plus tard, ils ont été rejoints par les sieurs Kam, Sanou et Djerma. Pendant qu’il mangeait sa viande dans un coin du maquis, ces derniers discutaient entre eux. C’est après qu’il a fini de manger, que Couldiati lui a dit ceci dans leur langue maternelle : « Ceux-là, ils sont venus se rendre ». C’est ce même jour, toujours selon le prévenu, que le sieur Djerma et lui ont échangé les numéros de téléphone. De retour chez lui, Djerma l’aurait ensuite appelé et lui a demandé de le rejoindre dans un maquis. « Je lui ai dit que je n’avais pas d’engin et il est venu me chercher chez moi pour qu’on aille dans le maquis où il m’a payé deux bières », a souligné l’accusé. De ce lieu, il a reçu un appel et lui a encore demandé de l’accompagner. C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés sur la route de Yimdi. « C’est là-bas qu’il m’a demandé de l’aider à attaquer le poste. Je lui ai dit qu’à deux, il n’était pas possible d’attaquer le poste. Il m’a rassuré de ne pas m’en faire pour ça et de me contenter de le suivre », a relaté Handi Yonli. Dans leur avancée, ils ont aperçu un groupe devant eux et le sieur Djerma lui a demandé de suivre seulement le groupe en question.
« J’étais saoul ce jour-là, je ne savais pas ce que je faisais »
« A vrai dire, moi-même j’étais saoul ce jour-là, je ne savais pas ce que je faisais », a précisé l’accusé avant de poursuivre : « J’étais derrière et arrivé au poste, j’ai trouvé qu’ils avaient ligoté des gens et m’ont demandé de les surveiller. C’est ce que j’ai fait. A leur retour, ils m’ont dit de prendre un sac que j’ai mis dans la voiture de Ali Sanou. Après cela, je suis rentré chez moi ». Selon le parquet, ces affirmations et celles que l’accusé a faites lors de son audition devant le juge d’instruction sont contradictoires. En effet, le
commissaire du gouvernement a indiqué que l’accusé, lors de son audition, a reconnu avoir participé à l’attaque. Reprenant la parole, Handi Yonli a indiqué qu’il ne se reconnaissait pas dans le rapport transmis par le juge d’instruction. A titre d’exemple, a-t-il expliqué, il est ressorti qu’il aurait transporté un fusil mitrailleur PKMS et son maillon du poste jusque dans la voiture de Ali Sanou. Chose qui, de son point de vue, n’est pas possible car le PKMS avec son maillon et ses chargeurs pèsent environ 25 kilogrammes. « Revoyez votre cours d’armements. Le PKMS avec son maillon pèse 15 kilogrammes au lieu de 25 », lui a rétorqué le commissaire du gouvernement sur ce point. Mais qu’à cela ne tienne, Yonli dit ne pas avoir participé à un complot. « Dire que je suis allé tomber dans des problèmes, je reconnais. Mais dire que j’ai pris une permission pour participer à un complot, je ne reconnais pas », a-t-il dit. Mais dans ses propos, le sieur Yonli affirme s’être rendu à Yimdi avec le sieur Djerma sur un engin. Alors que, lors de leurs auditions, les sieurs Couldiati et Napon ont eux-aussi affirmé s’être rendus à Yimdi dans le véhicule de Ali Sanou, accompagnés du même Djerma. Appelés à la barre, les accusés confirment ce qu’ils ont dit, mais font une précision sur l’heure à laquelle ils s’y sont rendus. « Nous sommes arrivés sur le site à 20h », a déclaré Handi Yonli. « Nous y sommes allés vers les 22h », ont déclaré les sieurs Couldiati et Napon. Quant à la détention illégale d’armes à feu, Handi a affirmé que lors de la perquisition chez lui, aucune arme n’a été trouvée. L’audition de Handi Yonli a duré 1h 30mn. A 10h 00, c’est le soldat de 2e classe Youssouf Traoré qui est appelé à la barre. Il est accusé de complot militaire et désertion à l’intérieur du pays. Des faits qu’il dit ne pas reconnaître. De ses explications, il ressort que c’est après avoir effectué une mission de 4 mois au nord du pays qu’il a rejoint son poste d’affectation au RCAS de Bobo-Dioulasso. Il a alors introduit une demande de permission qui lui a été refusée à trois reprises. Lors de sa dernière tentative, en plus du refus, son chef lui aurait dit de faire ce qu’il veut et s’il voulait, il pouvait aller se plaindre où il veut. « Donc, j’ai fait ce que je voulais et je me suis donné la permission moi-même », a indiqué le soldat de 2e classe. Aussi, a-t-il ajouté, sa venue à Ouagadougou le 22 janvier 2016, était dans le but de rencontrer le sieur Soulama qui l’aurait appelé auparavant pour l’informer qu’il y avait « une mission ». Arrivé à Ouagadougou, il a tenté de joindre Soulama sans succès et étant donné que celui qui l’avait fait venir ne répondait pas, il est retourné à Bobo-Dioulasso, le même jour. Pour le parquet, si le chef du sieur Traoré a refusé de lui donner une permission, c’est qu’il a une bonne raison. « Vous n’aviez donc pas le droit de quitter la garnison », a-t-il fait savoir au prévenu. Donc, a-t-il poursuivi, si le sieur Traoré a déserté pour venir à Ouagadougou, c’est que la mission dont il était question est « importante ». « J’ai dit qu’il a dit qu’il y avait une mission, je n’ai pas dit une mission militaire », a répondu le prévenu. « Pourtant, devant le juge d’instruction, ce n’est pas ce que vous avez dit », a répliqué le parquet pour qui les déclarations faites par le prévenu ne sont que diversion. Il était 10h 32mn, lorsque Youssouf Traoré a été invité à rejoindre sa place. A sa suite, c’est le soldat de 2e classe Seydou Soulama, celui-là même dont le nom a été cité lors de l’interrogatoire de Youssouf Traoré, qui est appelé à la barre. Il est accusé de complot militaire, désertion et complicité de vol aggravé.
« Mission », nom de code « Copine »
« J’ai déserté parce que ma vie était menacée », a-t-il fait savoir au tribunal. A l’entendre, il ferait parti de ceux qui auraient intercepté les « éléments de Zida chargés d’abattre le général Gilbert Diendéré et Salifou Diallo ». Après la dissolution du RSP, il a donc décidé de quitter le pays pour « sauver sa peau ». « Avez-vous participé à l’attaque de Yimdi ?», lui a demandé le président du tribunal. « Participé, c’est trop fort pour moi », a répondu l’accusé. Selon lui, de retour à Ouagadougou, Ali Sanou l’aurait appelé et lui aurait donné rendez-vous sur la route de Yimdi. Mais une fois sur les lieux du rendez-vous, il ne le voyait pas. Il l’a donc rappelé et le sieur Sanou lui aurait donné un autre point de rencontre, un peu plus loin. Arrivé sur ces lieux, il n’a pas aperçu le sieur Sanou, mais a rencontré un autre soldat du nom de Aboubakren. Lorsqu’il a demandé après Ali Sanou, ce dernier lui aurait dit de le suivre. Chemin faisant, il a prétexté un besoin naturel, s’est faufilé et est rentré chez lui. Revenant sur les déclarations de son co-accusé Youssouf Traoré, il a fait savoir que c’est lui, en effet, qui l’a appelé à Ouagadougou pour lui parler d’une « mission ». Le terme « mission », selon lui, serait un code qu’ils avaient l’habitude d’utiliser et pour le cas d’espèce, c’était
pour lui dire que sa copine était à Ouagadougou. « Mais, si je lui avais dit qu’il s’agissait de sa copine, il n’allait pas venir », a-t-il dit. Pour tous les autres chefs d’accusations, le prévenu dit ne pas reconnaître les faits et a estimé que si son nom était beaucoup cité par ses camarades, c’est parce qu’il n’était pas présent dès les premières interpellations. Après son intervention, c’est Hamado Zongo qui est intervenu. Il était 11h 57mn. Il est accusé de complot militaire et désertion à l’étranger en temps de paix. « J’ai déserté, mais ce n’étais pas en temps de paix », a-t-il dit. Comme la plupart des autres prévenus, il a affirmé avoir fui le pays parce que sa vie était menacée. Selon ses dires, il serait revenu parce qu’en Côte d’Ivoire « ça n’allait pas ». De retour au pays, il serait resté à Léo. C’est de là-bas qu’il a appris que les camarades avec qui il était rentré, étaient recherchés. « Si on est rentré ensemble et qu’ils étaient recherchés, c’est sûr qu’ils allaient venir nous prendre nous aussi. Donc on a décidé de retourner en Côte d’Ivoire, via le Ghana », s’est-il expliqué. Accompagné de Boureima Zouré et de Alexandre Yougbaré, a relevé le prévenu, ils ont été arrêtés à 500 mètres de la frontière Burkina-Ghana.
Il faut noter que pour cette matinée des auditions, s’il y a un point sur lequel le parquet et les avocats sont en désaccord, c’est bien les déclarations préliminaires des accusés. Pour le parquet, la majeure partie des déclarations des prévenus sont contraires à celles qu’ils ont faites devant la PJ et le juge d’instruction. Les conseils, eux, estiment que leurs clients sont cohérents. Aussi, pour la défense, les déclarations issues de l’instruction ne peuvent pas être considérées dans leur entièreté, dans la mesure où les prévenus se plaignent des conditions de détention et de la pression qu’ils y ont subie. C’est à ce moment qu’est intervenu le président du tribunal pour suspendre la séance. Il était 12h 45mn.
La reprise du procès s’est effectuée dans la soirée, avec à la barre, le soldat de 2e classe Aboubakren Ould Ahmed de l’ex-RSP. Ce dernier dit ne pas reconnaître le fait de complot militaire qui lui est reproché. Selon ses dires, il était en mission à Essakane quand il a reçu un coup de fil anonyme, lui disant de rejoindre Ouagadougou pour une mission. Chose qu’il a faite sans avoir la permission de son supérieur hiérarchique. Et quand il est arrivé à Ouagadougou, c’est par l’intermédiaire de Soulama Seydou, lui aussi soldat de 2e classe, qu’il a rejoint le groupe qui se trouvait sur le pont de Yimdi. En ce qui concerne le chef de vol aggravé, Aboubakren a reconnu être entré dans le magasin de la soute de Yimdi mais n’a pas pris d’armes à feu, parce qu’il avait eu instruction de chercher des RPG7. Armes qu’il n’a d’ailleurs pas trouvées. C’est ainsi qu’il est retourné bras ballants au véhicule du sergent-chef Sanou, qu’il ne connaissait pas physiquement avant l’attaque de Yimdi.
Le caporal Toé Desmond du 30e RCAS de Ouagadougou a été le deuxième accusé à passer à la barre dans la soirée du 30 mars dernier. Il raconte les faits : «le 21 janvier, j’étais chez le mécanicien, en train de réparer ma moto quand j’ai reçu un coup de fil de Gounabou Albert. Après le rassemblement, le soir, je l’ai rejoint à domicile. Il m’a fait savoir que les Djerma sont là et qu’ils veulent libérer les chefs à la MACA. On s’est remorqué sur sa moto et on est parti vers Boulmiougou. On s’est arrêté vers un marché qui se trouve dans les parages. Le sergent-chef Ali nous y a rejoint. Ensemble, nous avons continué vers le Pont de Yimdi et d’autres éléments nous ont rejoins dont Couldiaty Salif, Napon Djimaldine. Pendant la progression vers la poudrière, je n’ai parlé à personne. Entre-temps, Gounabou m’a dit de rester à l’arrière. J’ai donc fait semblant de me soulager et je suis resté planqué. Quelques temps après, quand j’ai entendu le coup de feu, j’ai essayé d’appeler Gounabou mais ça ne passait. C’est après qu’il m’a appelé et m’a dit de venir le chercher parce qu’il était blessé. Je suis allé donc le chercher et je l’ai ramené chez lui. Il faisait jour. Je suis ensuite allé au camp parce qu’on avait le sport ». Et le commissaire du gouvernement de chercher à savoir s’il s’est rendu au maquis Alex. L’intéressé a répondu par la négative. Et il a même ajouté « n’être pas arrivé au site de Yimdi puisqu’il s’est planqué entre-temps ». Ce que le commissaire du gouvernement ne trouve pas juste, puisque l’un des soldats qui a été ligoté au site de Yimdi, dit avoir reconnu la voix de Toé Desmond et même qu’il peut l’identifier physiquement. Alors, Me Sandwidi Alexandre, avocat commis d’office, de demander si le commissaire du gouvernement a un prélèvement d’empreintes sur les lieux, qui incrimine son client. Il poursuit : « A-t-on prélevé les empreintes de ses chaussures sur les lieux, puisqu’il était en tenue civile ? » Il se demande alors « d’où sort l’inspiration du parquet d’accuser son client de complot militaire, s’il n’y a rien qui le prouve ». Et le fait, dit-il, est qu’il n’a jamais été en Côte-d’Ivoire, là où le complot a été préparé. Le Commissaire du gouvernement revient à la charge pour dire qu’au cours de l’instruction, Desmond a dit avoir donné son accord pour participer à l’attaque de Yimdi. Et il ajoute que le nom de Toé Desmond apparaît dans toutes les déclarations. Il a même été
dit que c’est lui qui connaissait bien le terrain et
qui a donné le mot de passe pour désarmer la sentinelle. A cette accusation, Desmond a fait savoir qu’en effet, on l’accuse de certaines choses dont il n’est pas au courant et qu’il n’était pas en service ce jour à fortiori connaître le mot de passe. Et quand à la connaissance du terrain, il dit n’être pas le seul à bien le connaître parce que tous les militaires de l’ex-RSP connaissent bien la zone de Yimdi. Toé Desmond dit qu’il est accusé à tort. Pour voir clair, le Président du tribunal a suspendu l’audition du caporal Toé Desmond, en attendant l’audition des témoins afin de faire une confrontation. C’est alors que le caporal Ouédraogo Issaka est appelé à la barre. Il est accusé de désertion à l’étranger en temps de paix et de détention illégale d’arme à feu ou de munitions. Relativement au premier chef d’accusation, il a reconnu les faits mais dit « avoir déserté par contrainte ». Qu’est-ce qui l’y a poussé ? Il s’explique : « Je parle avec des preuves. Le 28, je me suis présenté au 30e RCAS. On m’a dit que je suis affecté au camp Sangoulé Lamizana où j’ai pris service. J’avais deux (2) pistolets automatiques et une kalachnikov. Compte tenu de la situation du moment, j’ai réintégré la kalachnikov. Pour la remettre, je suis allé en tenue civile et avec ma carte d’identité civile avec laquelle on ne pouvait pas savoir à quel corps j’appartenais. A ce moment, la gendarmerie nous cherchait, et il y avait des jeunes qui arrêtaient les gens pour demander s’ils sont de l’ex-RSP. J’ai alors gardé les deux pistolets automatiques avec des munitions, pour me protéger. Le même soir, vers 22h-23h, la gendarmerie est venue chez moi. J’étais sorti. Elle a torturé mes enfants. Un autre a pris le mur pour aller chez le voisin et on a dit de l’abattre. C’est après vérification que la gendarmerie a su que ce n’était pas moi. En fait, les éléments qui sont venus me chercher, ne me connaissaient pas. On m’a appelé pour me dire que la gendarmerie était chez moi. Je suis venu à la maison m’arrêter devant la porte et c’est là que j’ai vu qu’il y avait effectivement un véhicule de la gendarmerie nationale devant ma porte. Tous les voisins étaient devant ma porte. C’est alors que j’ai fait demi-tour. Je suis resté une semaine en ville, dans le bureau de ma femme à Ouaga 2 000. Les gendarmes y sont venus me chercher mais ils ne m’ont pas eu. Voilà pourquoi je suis parti en Côte d’Ivoire en passant par Léo et le Ghana. Je suis resté 4 mois à Assini, chez un neveu ». A la question de savoir s’il a eu des contacts avec le sergent-chef Sanou Ali et autres, il répond par la négative. Le caporal Ouédraogo Issaka dit être revenu au Burkina Faso le 31 janvier, après l’élection présidentielle. Le jour de son arrivée, la nuit, il est allé au camp. « J’ai réveillé le chef de corps qui m’a dit de rentrer chez moi et de revenir le lendemain matin. Chose que j’ai faite. J’étais étonné de voir que j’étais escorté par des militaires en gilets pare-balles, comme un délinquant jusqu’à la gendarmerie, alors que je suis venu me rendre. On m’a gardé à la gendarmerie pendant 5 mois, avec ceux qui ont attaqué Yimdi. C’est après, que j’ai obtenu une liberté provisoire. J’ai 28 ans de service, je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter une telle honte. La gendarmerie est venue chez moi casser tous mes placards, mes buffets, et est rentrée dans mon plafond. » A la question de savoir pourquoi il ne s’est pas rendu à la gendarmerie de Paspanga, Ouédraogo Issaka affirme : « La gendarmerie n’a pas laissé de papier me disant de venir. Comme c’était verbal, je ne suis pas allé ». Selon les propos du commissaire du gouvernement, Ouédraogo Issaka est en instruction pour le dossier de l’insurrection populaire, il est à la Maison d’arrêt et correction de Ouagadougou (MACO) pour le dossier du putsch manqué. Qu’à cela ne tienne, Me Bazemo Bali, avocat du caporal Ouédraogo Issaka, a affirmé que « son client n’est ni le cousin, ni le neveu du dossier de Yimdi ». Tout compte fait, le Président du Tribunal a suspendu l’audition du Caporal Ouédraogo Issaka pour une confrontation avec les témoins. Rendez-vous est donc pris au tribunal militaire ce matin, pour la suite de l’audience.
Françoise DEMBELE et Adama SIGUE
Me Bazémo Bali, conseil du caporal Ouédraogo Issaka
« Il est difficile d’avoir un procès pénal sans irrégularités »
« L’accusation a présenté des charges qu’il suffit de démonter. Mon client a été maintenu dans le dossier Yimdi, quand bien même les faits de complot ne sont pas à sa charge. Il est difficile d’avoir un procès pénal sans irrégularités. Et c’est pourquoi il est aussi difficile d’avoir un procès pénal sans exceptions. Pour ma part, j’espère qu’on aurait pu mieux faire. Les choses peuvent changer. Il y a eu quand même des failles dans la conduite de la procédure, depuis l’enquête préliminaire. Les officiers de police judiciaire (OPJ) sont là, et je pense que les choses vont changer. Vous aurez constaté que les irrégularités qui sont dans ce dossier, sont moindres par rapport à celles qui étaient dans le dossier précédent. Les choses s’améliorent. Tout compte fait, le dernier mot revient au tribunal ».
Les révélations du soldat de 2e classe Seydou Soulama
« Je n’ai pas été maltraité, mais ce qu’ils ont fait après est plus grave »
« Lors de mon arrestation, contrairement aux autres, je n’ai pas été maltraité par la gendarmerie. Mais, ce qu’ils ont fait après est plus grave. Lorsque j’étais à la MACA, ils sont partis arrêter mon père depuis Niangoloko. Ils l’ont ensuite déporté à Bobo-Dioulasso avant de le déférer au camp Paspanga. Là-bas, il a été détenu deux semaines avant d’être libéré. Dans la foulée, ils ont également arrêté mon petit frère qui est élève et l’ont également détenu au camp Paspanga. Un autre de mes petits frères qui est à la base aérienne et qui s’apprêtait à aller en mission, a aussi été interpellé et détenu près d’un mois à la MACA. Une fois, on m’a fait sortir de la MACA et amené au camp Paspanga. Ils m’ont fait asseoir face à mon père. Ils ont ensuite dit à mon père que j’étais un assassin, un chien de garde de Blaise Compaoré. C’est après cet épisode qu’ils ont libéré mon père. Ensuite, mes petits frères ont été libérés. Celui qui devait aller en mission est reparti à Bobo-Dioulasso où il râle actuellement ».
Mais, il faut noter que concernant ces arrestations, le commissaire du gouvernement a indiqué qu’elles n’entraient pas dans le cadre de l’instruction de l’affaire « Attaque de la poudrière de Yimdi », mais celui du pont « Nazinon ». Aussi, a-t-il dit, lorsqu’il a été informé de ces arrestations, il a instruit la PJ de procéder à leur libération car, les proches des accusés ne sont pas tenus de les dénoncer.