HomeA la unePROCES DE L’ATTENTAT TERRORISTE DE GRAND-BASSAM  : Que faut-il en attendre ?  

PROCES DE L’ATTENTAT TERRORISTE DE GRAND-BASSAM  : Que faut-il en attendre ?  


Le procès des accusés dans l’attentat terroriste de Grand-Bassam, ville balnéaire ivoirienne et lieu touristique classé patrimoine universel de l’UNESCO, s’est ouvert le 30 novembre 2022 au tribunal criminel d’Abidjan. Revendiquée par la branche d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), cette attaque, la première du genre en Côte d’Ivoire, avait fait dix-neuf morts dont des ressortissants européens. Dans cette affaire, dix-huit personnes sont inculpées par la Justice ivoirienne d’ «actes terroristes, d’assassinats et de détentions illégales d’armes ».   Mais seulement quatre accusés, en ce moment, en détention provisoire à Abidjan, étaient présents à ce procès. A ce triste et amer constat, l’un des avocats des familles des victimes a jugé  utile d’en ajouter un autre : il n’y a, selon lui, que les « petites mains » qui seront jugées, autrement dit, des lampistes.   Mais d’ores et déjà, il faut se réjouir de l’ouverture de ce jugement tant attendu par les parents des victimes.  A l’image de la France qui sera parvenue, tant bien que mal, à juger les auteurs présumés des attentats du 13-Novembre, au Bataclan, la Côte d’ivoire tient enfin, elle aussi, son procès ! Et le mérite en revient non seulement à la Justice ivoirienne, mais aussi aux autorités ivoiriennes qui auront ainsi répondu au désir ardent des parents des victimes qui appelaient de tous leurs vœux, un procès à la suite de cette sanglante tragédie.  La tenue d’un tel jugement apparait déjà comme un début de soulagement pour les innombrables parents de victimes meurtris, qui voient à jamais leur vie brisée.  Certes, ce procès ne ramènera pas leurs suppliciés à la vie. Mais il peut constituer, pour bon nombre de ces familles, une forme de thérapie, ajoutée à celle qui s’est déjà matérialisée, à l’initiative des autorités ivoiriennes, par l’érection d’une stèle à l’entrée de la ville martyre, en mémoire aux victimes.

 

L’ouverture de ce procès montre bien que la Côte d’Ivoire entend manier à la fois l’arme militaire et celle judiciaire

 

 Mais le pouvoir ivoirien ne s’est pas contenté d’une stèle.  En réaction à l’attentat et pour se prémunir contre une tout autre hécatombe de ce genre, il ne semble pas avoir lésiné sur leurs moyens pour relever le niveau de sécurité sur l’ensemble du territoire, même si, évidemment, en la matière, le risque zéro n’existe pas.  Sans doute la Côte d’Ivoire a-t-elle beaucoup appris de ce malheur au point qu’elle semble vouloir se donner les moyens suffisants pour ne plus se laisser surprendre.  Mais il est vrai que le tout n’est pas de maintenir un niveau de vigilance accru à l’intérieur. Car, le contexte sécuritaire actuel au Sahel et dans ses proches alentours, impose un renforcement de la coopération sécuritaire entre Etats voisins et l’on peut croire que cette nécessité a été pleinement comprise par ces Etats si l’on en juge, du reste, par les initiatives sous-régionales développées dans ce sens.  Cela dit, que peut-on attendre du procès qui vient de s’ouvrir à Abidjan ?  La vérité éclatera-t-elle au terme de ce jugement ? Rien n’est moins sûr d’autant que le plus grand nombre des accusés n’est pas présent dans le box. Ils sont soit en fuite, soit en détention au Mali. L’on pense notamment à la tête pensante de l’attentat, identifiée comme étant un nommé Kounta Dallah et son bras droit, Alou Doumbouya alias « man », en territoire malien.  Le plus grave est qu’il n’est pas certain qu’il y ait encore une place pour la collaboration judiciaire entre Abidjan et Bamako, en raison des relations exécrables qu’entretiennent, en ce moment, les deux capitales. En tous les cas, l’ouverture de ce procès montre bien que la Côte d’Ivoire entend manier à la fois l’arme militaire et celle judiciaire dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme. Maintenant qu’on y est, quels risques court-elle à juger de présumés terroristes ?  Le moins que l’on puisse déjà souhaiter, c’est qu’Abidjan et pas seulement qu’elle, durcisse son arsenal pénal en matière de terrorisme. Qui sait si cela fera changer de vocation à quelques ogres sanguinaires en herbe ou contribuera à ramener à la raison, des âmes égarées pour autant qu’elles soient encore récupérables ?

 

« Le Pays »


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