HomeA la unePROCES DU FILS DE L’ANCIEN PRESIDENT SENEGALAIS :Le silence parlant de Karim Wade

PROCES DU FILS DE L’ANCIEN PRESIDENT SENEGALAIS :Le silence parlant de Karim Wade


Au Sénégal, le procès de Karim Wade, le fils de l’ancien président de la République, se poursuit. Jusque-là, pas de déballages ni même de révélations fracassantes, comme on s’y attendait, au regard de la personnalité de l’accusé et surtout des faits qui lui sont reprochés. Pour la presse à sensation comme pour le peuple sénégalais, il n’y a  encore vraiment rien à se mettre sous la dent.  Et pour  cause : le procès du ministre du Ciel et de la Terre est en passe de devenir ce qu’il convient d’appeler désormais « le procès du muet de Dakar ». En effet, depuis mardi, Karim Wade a changé sa stratégie de défense et refuse désormais de répondre aux questions de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. « Je ne répondrai à aucune de vos questions, tant que Bibo Bourgi  ne sera pas soigné et en état de comparaître ». C’est la phrase qu’il a « jetée » à la figure du  président de la Cour qui le pressait de justifier une fortune colossale accumulée en si peu de temps. Rappelons que  Bibo Bourgi  est le co-accusé de Karim Wade. Tout en continuant de dénoncer un procès politique destiné, selon lui, à empêcher sa candidature à la prochaine présidentielle, Karim Wade ajoute à sa ligne de défense, le mutisme. Une stratégie qui étonne, même dans son propre camp et face à laquelle les spécialistes les plus chevronnés du droit perdent totalement leur latin. On a souvent entendu des accusés refuser de parler en l’absence de leurs avocats, mais jamais, on n’avait entendu un accusé refuser de se défendre en l’absence de son co-accusé.

 

Le rejeton d’Abdoulaye Wade a été manifestement mal inspiré en adoptant cette nouvelle ligne de défense

 

Ce silence bruyant qui s’apparente plutôt à un aveu de culpabilité, risque fort de faire perdre à  l’accusé la sympathie dont il bénéficiait encore auprès de certains de ses compatriotes. Cette volonté de faire diversion ne trompe personne et peut même se retourner contre lui. Pire, Karim Wade, en refusant de répondre aux questions de la cour, prend le risque d’aggraver sa situation, car d’aucuns verraient là une tentative d’obstruction à l’action de la Justice. Comment comprendre un homme qui se dit victime d’une cabale politique de la part de ses adversaires et qui refuse de parler au moment où l’occasion lui est donnée de prouver son innocence ? Refuser de se défendre, c’est faire montre, quelque part, d’un aveu de culpabilité. A moins que ce refus de parler procède de la volonté de l’accusé d’éviter toute déclaration qui pourrait se révéler en contradiction avec les propos de son co-accusé, pour ne pas dire son complice. En vérité, le rejeton d’Abdoulaye Wade a été manifestement mal inspiré en adoptant cette nouvelle ligne de défense, car elle ne pourra en aucun cas arrêter le cours du procès, même si, dans le meilleur des cas, pour lui, son complice venait à passer l’arme à gauche. Quoi qu’il en soit, cette attitude a suffisamment révélé sa mauvaise foi, tant aux yeux des membres du tribunal que des Sénégalais et même de l’opinion internationale. Et cela est déjà en soi, une victoire pour le camp présidentiel.

 

Karim Wade doit arrêter de jouer à l’enfant gâté ; le tribunal est loin d’être le douillet cocon familial

 

Qui, à présent, croira encore à sa thèse de procès politique ? Et même si tel était vraiment le cas, il faut dire que ce comportement de Karim Wade réjouit Macky Sall qui boit son petit lait. Au fond, Karim Wade qui dénonce une stratégie de sa mise à l’écart pour les échéances futures, peut-il faire de l’ombre au président Sall ? Rien n’est moins sûr. Tout le monde sait que la popularité de Wade fils découle de l’aura de son président de père, et non de lui-même. Preuve en a été donnée aux dernières élections législatives  où Karim Wade a été battu à plate couture dans son propre fief, par le candidat du parti de Macky Sall. Alors, Karim Wade doit arrêter de jouer à l’enfant gâté ; le tribunal est loin d’être le douillet cocon familial. Et comme dit Aimé Césaire, « quand on ne peut pas éviter une flèche, on doit bomber la poitrine et la recevoir avec honneur. »

 

Dieudonné MAKIENI


Comments
  • on est en plein dans le procès: cher journaliste réclamez les preuves et rien que des preuves matérielles c’est mieux que de faire des procès d’intention

    9 septembre 2014

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