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PROJET DE BITUMAGE DE ROUTES A OUAGADOUGOU


 Faire les choses en dehors de toutes considérations politiciennes et dans les règles de l’art

Le Conseil municipal de la ville de Ouagadougou a examiné et adopté le projet de bitumage de routes à Ouagadougou. C’était le 22 octobre dernier, à l’occasion de sa 4e session ordinaire. Il est prévu dans ce cadre, le bitumage de 254 kilomètres de routes. L’on peut déjà saluer cette volonté du Conseil municipal de répondre à une des préoccupations majeures des populations. En effet, bien des routes de Ouagadougou sont dans un état calamiteux. Le problème est encore plus accentué dans les quartiers périphériques de la ville. Dans ces zones, la problématique des routes reste entière. En période hivernale, on ne peut même pas parler de routes. Il s’agit plutôt de marécages. En ces endroits abandonnés par la municipalité de Ouagadougou depuis qu’ils ont été lotis, circuler rime avec acrobaties, contorsions et autres manœuvres périlleuses pour les usagers de la route. Que le Conseil municipal ait eu le souci de retirer cette grosse épine du pied des populations, est une très bonne chose en soi. Mais l’exécution de ce projet salutaire doit impérativement tenir compte de plusieurs exigences. Premièrement, il faut prendre en compte l’équité dans la répartition des routes à bitumer. Tous les secteurs périphériques doivent bénéficier du projet. Il est vrai que le Conseil municipal a prévu cela, mais sait-on jamais !?

On le dit d’autant plus que dans le passé, l’on bitumait les routes en fonction du statut et de la qualité des hommes et des femmes qui habitent la zone. Les exemples sont légion à Ouagadougou. Les populations, impuissantes face à cette discrimination, n’avaient que leurs yeux pour pleurer tout en priant que la providence fasse en sorte qu’un gourou ou môgho-puissant emménage dans leur quartier afin qu’elles en profitent pour avoir droit à une route bitumée. Et cela n’est pas sans rappeler  l’adage selon lequel « le caillou profite du haricot pour avoir sa part d’huile ».

La vigilance doit être de mise pendant tout le processus de la mise en œuvre du projet

Deuxièmement, il faut éviter d’ostraciser les arrondissements dont les maires ont été élus sous la bannière d’un parti de l’opposition.

Tous les Burkinabè, quelles que soient leurs colorations politiques, doivent bénéficier des investissements du Conseil municipal et de la République. D’ailleurs, cette exigence figure dans la Constitution. Aucun citoyen ne doit payer pour son choix politique. Pour résumer les choses, l’on peut dire que toutes les considérations politiciennes doivent être soigneusement évitées dans la mise en œuvre du projet. Outre cette exigence, il faut également veiller à ce que les routes retenues soient bitumées dans les règles de l’art. Et cela implique d’abord que les études relatives au projet soient dignes de ce non, c’est-à-dire des études qui prévoient des caniveaux larges et recouverts. Ces études doivent être sanctionnées par un cahier de charges. Et celui-ci doit être porté à la connaissance des populations pour qu’elles puissent jouer leur rôle de veille citoyenne. Cela implique ensuite que la sélection des entreprises qui auront en charge le bitumage des routes, ne se fasse pas entre copains et coquins. La probabilité de cette dérive est d’autant plus forte qu’il est prévu de passer les marchés par la procédure accélérée. L’opposition a dénoncé cette façon de faire. Sans donner raison à X ou à Y, l’on peut craindre effectivement que des individus indélicats profitent de ce grand projet pour se remplir les poches. L’ensemble du Conseil municipal doit donc mettre un point d’honneur à ce que la montagne n’accouche pas d’une souris. Dans un Burkina gagné par la corruption, l’on peut même craindre qu’en lieu et place des routes annoncées, des pistes construites à la sauvette soient servies in fine aux usagers. Le « je retiens » a tellement fait du mal au Burkina que la vigilance doit être de mise pendant tout le processus de la mise en œuvre du projet. La qualité du bitumage de ces  routes implique enfin un contrôle sans complaisance de la qualité des travaux. A ce niveau, il faut que les populations aient la possibilité d’attaquer en justice les contrôleurs qui se seront montrés défaillants dans leur rôle au point de valider des travaux qui, visiblement, ont été bâclés. Les organisations de la société civile dignes de ce nom feraient œuvre utile en orientant leur veille citoyenne vers le domaine de la réalisation des infrastructures publiques, car, c’est l’une des plaies les plus infectes de la République. En tout cas, le jour où un entrepreneur sera traduit en justice par une organisation de la société civile pour la mauvaise qualité de ses travaux, tous les Burkinabè épris de bonne gouvernance applaudiront.

Et ce jour-là, tous les magouilleurs et tous ceux qui ne peuvent prospérer que dans la pénombre, commenceront à trembler.

Sidzabda 


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