HomeA la unePROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION AU BURKINA : Et le français dans tout ça ?

PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION AU BURKINA : Et le français dans tout ça ?


Bientôt, le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, aura une nouvelle Constitution. A ce qu’on dit, les sillons ont même été déjà tracés puisque le document récapitulatif contenant les propositions de réformes politiques et administratives, a été remis au Premier ministre en début de semaine en cours. Pour revenir sur le cas précis de la Constitution, il ressort que c’est le souhait de bien des Burkinabè de la voir modifiée et adaptée à nos valeurs et réalités socio-culturelles. Même moi fou, je me suis laissé convaincre que notre Constitution actuelle n’est ni plus ni moins qu’une pâle copie de la Constitution de l’ex-puissance coloniale qu’est la France. Il suffit de l’examiner minutieusement pour comprendre que ceux qui l’ont élaborée, si l’on peut se permettre de parler ainsi, n’ont fait que remplacer le mot France par Burkina Faso. Il n’y a  pas eu  beaucoup d’efforts d’homogénéisation du texte. Toute chose qui ne me paraît pas normale. Car, une loi fondamentale doit être le reflet de notre identité. C’est en cela que je soutiens personnellement le projet de modification de notre Constitution. Seulement, je souhaite que ceux qui seront commis à la tâche, y mettent plus de sérieux pour nous proposer un texte qui, de la première à la dernière lettre, incarnera le Burkina nouveau que nous appelons de tous nos vœux.  Et ne se soucient pas seulement de leurs propres intérêts personnels et immédiats, mais qu’ils pensent beaucoup plus à l’intérêt de la Nation. Je ne veux plus du copier coller comme c’est le cas avec la Constitution actuelle en vigueur.

 

La vraie souveraineté commence par la valorisation de sa propre langue en tant que véhicule de valeurs

 

Je ne dis pas que ceux qui ont rédigé cette dernière, n’ont pas mouillé le maillot. Loin s’en faut ! Mais les temps ayant changé, je pense qu’une nouvelle Constitution typiquement burkinabè est désormais possible. Il faut que nous apprenions, dans la quête de notre souveraineté, à gommer progressivement les scories de la colonisation en vue de la sauvegarde de notre identité ou du moins de ce qu’il en reste. Et c’est bien là que je trouve à redire sur le projet de révision constitutionnelle en cours. En effet, si le souci est d’adapter notre loi fondamentale à nos réalités socio-culturelles,  l’idéal aurait été qu’elle fût rédigée dans une langue nationale. J’aurais personnellement applaudi à tout rompre si la nouvelle loi fondamentale avait été rédigée en mooré, en dioula, en fulfuldé, en gulmancema, etc. Voyez-vous ? C’est à ce niveau notamment que je trouve que les choses pèchent. Car, quoi que l’on dise, le français reste comme une survivance de la colonisation.  C’est une partie de notre histoire que l’on ne saurait occulter. Et l’erreur qu’il ne faut pas commettre, c’est de vouloir abandonner le français pour l’anglais, le russe, le chinois, etc. Ce serait une manière de déshabiller Pierre pour habiller Paul. En tout cas, la vraie souveraineté, à mon avis, commence par la valorisation de sa propre langue en tant que véhicule de valeurs. Donc, oui à une nouvelle Constitution mais dans quelle langue sera-t-elle  rédigée ? Peut-être même nous faudra-t-il désormais trouver une autre appellation. Car, le mot Constitution en lui-même renvoie à quelque chose d’importé.

 

« Le Fou »


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