A PROPOS DES DEMISSIONS:L’appel de l’œsophage

Neuf mois auront suffi à certains militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et même moins pour d’autres, pour tourner casaque. Et comme si cela ne suffisait pas, ils rejoignent tambour battant, avec armes et bagages, leur ancien parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Que s’est-il donc passé pour que des militants qui ont pris l’engagement de défendre les idéaux du MPP et de travailler à le faire grandir, fassent un revirement à 180% degré en si peu de temps ?

 

Les démissions sont loin d’être motivées par des raisons politiques ou idéologiques

Pour éviter de paraître ridicules, certains démissionnaires ont justifié leur départ du MPP par le fait que les tares qu’ils ont dénoncées au CDP se sont démultipliées au sein de leur nouveau parti. Un argument si spécieux qu’il ne convainc personne. En bon observateur, on se demande ce qui a pu bien changer au CDP, en si peu de temps, pour que ces brebis égarées décident d’y retourner. En tout cas, jusqu’à preuve du contraire, le CDP n’a pas abandonné son projet de référendum en vue de modifier l’article 37 de la Constitution, pour permettre à son champion de briguer un autre mandat. Or, c’est cette position qui aura été la vraie pomme de discorde. En vérité, les démissions auxquelles on assiste actuellement sont loin d’être motivées par des raisons politiques ou idéologiques. Même si la majorité n’a pas le courage de le dire, ces démissionnaires ont tout simplement répondu à l’appel de l’œsophage. Cela est d’autant plus vrai que s’il n’y avait pas d’autres considérations, ces démissionnaires auraient pu, soit créer leur parti soit rejoindre d’autres formations politiques. Cela dit, le comportement de ces militants laisse croire qu’ils ont monnayé leur départ du MPP. Un des militants a d’ailleurs affirmé haut et fort avoir reçu une somme de 3 millions de FCFA de la part d’un responsable du CDP, pour quitter le MPP. Certes, on peut ne pas aimer les leaders du MPP car ils ne sont pas des anges, (en trouve-t-on seulement aujourd’hui ?), mais l’attitude de ces démissionnaires pose un problème de morale, de dignité et d’éthique en politique.

La politique n’est pas un jeu de duperie

Car au-delà des personnes physiques, il y a des convictions que tout bon militant doit défendre et pour lesquelles il doit être prêt à tout sacrifice, même au prix de sa vie. La fidélité est une vertu et l’engagement une valeur. Si certains vieux continuent à militer dans certains partis depuis plus d’un demi-siècle, ce n’est pas parce qu’on bourre leurs poches quotidiennement d’argent, mais parce qu’ils ont pris un engagement de défendre un idéal. En tout cas, le CDP à qui profite a priori ces démissions en cascade, aurait tort de s’en réjouir. Car il n’enregistre pas de vrais militants mais des pantins qui peuvent changer de position à tout moment, au gré de leurs intérêts personnels. A vrai dire, de tels militants n’inspirent pas confiance. Ils ne sont ni plus ni moins que des mercenaires politiques, prêts à offrir leurs services au plus offrant. Et tout leader politique devrait s’en méfier, car ils n’ont ni parti ni conviction ; le seul appel qu’ils entendent, c’est celui de leur panse. Le MPP devrait même se réjouir du départ de ces taupes. Ils étaient en mission commandée, d’où ce recours systématique à la presse pour annoncer leur démission, en présentant souvent une liste où leur nombre est souvent surévalué. Le but recherché étant de créer un effet psychologique au sein des populations, pour affaiblir l’autre camp. Et la presse dont ils se servent pour faire un large écho de leur forfaiture, devrait observer plus de prudence dans le traitement de l’information y relative. La politique, faut-il le souligner, n’est pas un jeu de duperie, encore moins un jeu de ripoux. Mais l’environnement moral du Burkina étant favorable à de telles pratiques, des personnes sans scrupule en profitent pour se mettre plein les poches. On est d’ailleurs en droit de se demander d’où vient tout cet argent qu’on utilise pour acheter les consciences. Si c’est l’argent du contribuable, ce qui est fort probable, il faudrait y mettre le holà car on gagnerait à investir dans des domaines porteurs, plutôt que dans les estomacs d’individus qui n’ont aucun poids ni base politique réelle.

Sidzabda