HomeA la unePROPOSITIONS DE LA COMMISSION TECHNIQUE MISE EN PLACE PAR LE MPSR : C’est la bonne foi qui comptera le plus

PROPOSITIONS DE LA COMMISSION TECHNIQUE MISE EN PLACE PAR LE MPSR : C’est la bonne foi qui comptera le plus


Installée le 8 février dernier par le président du MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration), la Commission technique d’élaboration de projets de textes et de l’agenda de la transition, a remis son rapport à qui de droit, le 23 février dernier. Avant de s’arrêter sur quelques propositions majeures, il convient de faire observer que la Commission a respecté, de manière quasi religieuse, le délai de deux semaines qui lui a été accordé pour faire le travail. L’on peut également relever et saluer le fait que la Commission a impliqué presque toutes les couches de la Nation en lançant un appel à contribution des citoyens et des citoyennes du pays. Le mérite de la  Commission est d’autant plus grand qu’elle a fait le boulot sans contrepartie financière. La cerise sur le gâteau, peut-on dire, est que la Commission a élaboré une charte des valeurs pour servir de socle à la refondation prônée par le MPSR. A en croire l’agence de presse Reuters, qui cite une source anonyme de la présidence, la Commission a fait les propositions suivantes. La première est en lien avec la durée de la transition. Une période de 30 mois avant les élections, a été suggérée. 30 mois correspondent à la moitié d’un mandat de cinq ans. L’on peut prendre le risque de juger cette durée, acceptable au regard de l’immensité des défis que le MPSR doit impérativement relever avant de remettre le pays sur les rails d’un retour à une vie constitutionnelle normale. Le premier est incontestablement le défi sécuritaire et ses corollaires. Et sans jouer au rabat-joie, ce chantier pourrait prendre du temps pour être exécuté à un niveau qui rassure les populations ; tant le péril a eu tout le temps de s’installer confortablement dans le pays.

 

Damiba doit se convaincre que son seul juge sera le peuple burkinabè

 

Même si comparaison n’est pas raison, en faisant le parallèle avec le scénario malien, où l’on envisage, en sus des 18 mois de transition presque consommés, une autre transition dont la durée peut s’étaler sur 6 mois à 5 ans, l’on peut estimer qu’une transition de 30 mois au Burkina n’est pas excessive. La deuxième proposition faite par la Commission technique, selon la même source, est en lien avec le nombre de ministres du gouvernement de la transition. Une équipe de 15 à 20 ministres a été proposée. Ce chiffre pourrait convenir à un pays de la taille physique et économique du Burkina. Certains pays, 10 fois plus grands que le pays des Hommes intègres et dont les performances économiques ne peuvent pas souffrir d’une comparaison avec celles du Burkina, ont des gouvernements plus réduits que celui que propose la commission technique. Pour autant, ils ne s’en portent pas plus mal. En réalité, le caractère pléthorique des gouvernements sous nos cieux, répond beaucoup plus à une logique de récompenses  de parents et de copains de quartier qu’à celle liée à l’efficience et à l’efficacité de l’action gouvernementale. Et dans un contexte marqué par la rareté des ressources et l’aspiration légitime des populations à la réduction du train de vie de l’Etat, on peut dire que le MPSR est politiquement et moralement tenu d’aller dans le sens de la proposition de la Commission technique. La Commission a proposé également un organe législatif de 51 membres. L’organe législatif de la transition de 2015, comptait 90 membres. Plus de la moitié de cet effectif a consacré leur législature à l’oisiveté. De ce point de vue, un organe législatif de 51 membres est raisonnable. Le MPSR se serait même passé d’une telle structure et légiférer par ordonnances que le Ciel ne serait  pas  tombé pour autant sur la tête des Burkinabè. Les réformes envisagées par le MPSR dans le cadre de la refondation, pourraient aller plus vite par cette manière de légiférer. En tout cas, l’on se souvient que les grandes décisions qui ont été prises par le CNR (Conseil national de la révolution) de Thomas Sankara, l’ont été par le quarteron d’officiers qui conduisait le navire burkinabè à l’époque: Sankara, Compaoré, Lingani et Zongo. Certes, Damiba dit ne pas faire la révolution, mais pour plus d’efficacité de son action, il gagnerait à s’inspirer de certaines méthodes de l’ère Sankara, parmi lesquelles la rigueur et l’esprit de suivi. Et la population pourrait ne pas s’en offusquer outre mesure.  Il est évident que le rapport ne se réduit pas à ces propositions. Il faut donc espérer que toutes les autres propositions qui ont été faites par la Commission, iront dans le sens de l’intérêt général, de la lutte contre la corruption, les détournements de fonds et de la nécessaire refondation de la Nation, prônée par le MPSR. Ce dernier chantier, par exemple, ne peut pas s’exécuter en si peu de temps avec succès. Mais le MPSR peut en tracer les sillons, des sillons suffisamment profonds, de sorte à préserver le pays d’éventuels aventuriers politiques et de pratiques qui ont été à l’origine de sa chute morale. Sinon, le coup d’Etat de Damiba n’aurait servi à rien. Les mêmes vilaines pratiques et leurs acteurs signeraient rapidement leur retour après la transition. Il est vrai que les délais des transitions intéressent particulièrement la communauté internationale. Mais Damiba, tout en ne perdant pas cela de vue, doit se convaincre que son seul juge sera le peuple burkinabè. Et la note que ce dernier lui donnera, sera fonction de l’atteinte des objectifs que lui et ses camarades ont déclinés dans leur première déclaration de prise du pouvoir. Et au-delà des délais, des slogans laudateurs favorables au MPSR et autres professions de foi, l’on peut dire que ce qui comptera le plus, c’est la bonne foi des membres du MPSR et des hommes et femmes qui les accompagneront dans la période de transition. Pour terminer, l’on peut demander aux nouvelles autorités de clarifier le statut du MPSR de sorte à  éviter un risque de bicéphalisme avec la mise en place d’un éventuel organe législatif de la transition. En Guinée Conakry, c’est déjà le cas. En tout état de cause, le Burkina aspire aujourd’hui à la clarté et à une reprise en main rigoureuse et méthodique de ses citoyens, et ce dans le cadre d’une gouvernance juste, généreuse et patriotique.

 

Pousdem PICKOU

 

 


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