HomeDroit dans les yeuxPROPOSITON DE RELEVEMENT DU SMIG AU BURKINA

PROPOSITON DE RELEVEMENT DU SMIG AU BURKINA


Les centrales syndicales et les syndicats autonomes, regroupés au sein de l’Union d’action syndicale (UAS), ont commémoré, le 1er mai 2021, la Journée internationale du travail, à Ouagadougou. Cette commémoration a été marquée par la remise au gouvernement, d’une plateforme revendicative en 29 points. La proposition de relèvement du Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à au moins 60 000 F CFA, en fait partie. Il faut rappeler que le SMIG actuellement s’élève à 33 139 F CFA. Ce montant a été dévoilé par la Coalition de lutte contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC). Dès lors, l’on peut se poser la question de savoir si l’UAS sera entendue. D’emblée, l’on peut souhaiter que ce point de la plateforme revendicative soit satisfait par qui de droit et cela, dans les meilleurs délais. En effet, l’on n’a pas besoin d’être syndicaliste pour s’apercevoir du caractère dérisoire du SMIG actuellement servi au Burkina. En tout cas, avec un tel montant (33 139), il n’est même pas possible de survivre encore moins de vivre à Ouagadougou où rien que les loyers des « entrées-coucher » varient aujourd’hui entre 15 000 et 17 500 F CFA. Une telle réalité suscite des questions. Sur quelle base fixe-t-on le SMIG au Burkina ? Ceux ou celles qui le fixent se sont-ils, un seul instant, mis à la place des personnes à qui le SMIG est servi ? Ceux ou celles qui déterminent le SMIG vivent-ils au Burkina ? En tout cas, s’ils y vivent, on peut en déduire qu’ils méconnaissent les réalités du pays. L’autre explication que l’on peut prendre le risque d’avancer, est que ces messieurs et dames ont agi par sadisme, c’est-à-dire le plaisir de voir souffrir les autres. Et pendant qu’ils servent aux autres des SMIG qui ne leur permettent pas de survivre, ils ont l’indécence de s’octroyer des salaires et des indemnités insolents.

 

C’est une question de volonté politique et de justice sociale

 

 Comment, en effet, dans le même pays, peut-on servir aux uns des salaires d’un million de F CFA avec en sus des indemnités hors norme et servir aux autres, 33 139 F CFA ? Sans forcément prôner le nivellement des salaires par le bas ou encore le Bolchévisme, il faut au moins avoir le courage de reconnaître que le SMIG doit être repensé de manière à ce qu’il permette à ceux à qui il est servi, de vivre dans la dignité. Et pendant que l’on parle à longueur de journée de réconciliation nationale et de vivre-ensemble, l’on doit obligatoirement aussi aborder ce genre de sujets. Car, les Burkinabè à qui l’on sert ce SMIG, sont en droit de se considérer comme des exclus de la Nation.  Subséquemment, ces derniers ont des raisons objectives d’être en colère contre le pays. En  réalité, on copie très souvent mal la France. Dans ce pays, en effet, où le SMIG, ancêtre du SMIC actuel (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) a été créé par la loi du 11 février 1950, les autorités de l’époque ont voulu, par-là, permettre à tous ceux à qui l’on verse le SMIG, de disposer d’un minimum vital pour se sentir, peut-on dire, membre à part entière de la communauté nationale. C’est d’ailleurs pour cette raison essentielle que le SMIG, là-bas, est régulièrement réajusté pour prendre en considération le coût réel de la vie. Depuis le 1er janvier 2021, par exemple, le SMIC se chiffre à plus de 1000 euros. Sous nos tropiques, ces genres de réajustements sont le cadet des soucis des autorités. Pourtant, l’on ne peut tirer le pays vers le haut, si l’on traite ces genres de questions avec désinvolture et cruauté. Et quand on fait le tour des pays francophones de la sous-région, on peut avoir l’impression que bien des pays se sont concertés pour servir pratiquement les mêmes SMIG à leurs salariés. En tout cas, comparaison n’est pas raison, mais l’on peut faire le constat que les SMIG servis au Burkina, au Mali ou encore au Niger, sont les plus faibles au monde. Pour toutes ces raisons, on peut suggérer à l’Etat d’aller dans le sens de l’UAS. Il doit même envisager d’aller nettement au-delà, pour autant qu’il aspire à une société harmonieuse et équitable. L’objection la plus irrecevable serait d’invoquer le manque de moyens pour accéder à la proposition de l’UAS. Car, plus qu’une question de moyens, c’est une question de volonté politique et de justice sociale.

 

Sidzabda

 

 


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