HomeA la unePSYCHOSE PROVOQUEE PAR EBOLA :Vers la déshumanisation du monde

PSYCHOSE PROVOQUEE PAR EBOLA :Vers la déshumanisation du monde


Plus de 1000 morts en deux mois ! Incroyable mais vrai ! C’est le triste bilan de la fièvre hémorragique Ebola qui, plus que la guerre, a mis à rude épreuve la légendaire solidarité qui existait entre les peuples. Car il suffit d’être aujourd’hui reconnu comme Libérien, Sierra- léonais ou Guinéen, pour se voir éconduit ou rejeté dans certains pays, de peur de s’exposer à des risques de contamination d’Ebola.

 

A cause d’Ebola, le parent le plus proche devient un pestiféré

 

C’est dire à quel point ce mal a créé la psychose au-delà des frontières. C’est ainsi que, sauf changement de dernière minute, les autorités saoudiennes ont refusé d’accorder des visas aux ressortissants de ces trois pays frappés de plein fouet par le virus Ebola. Les multiples démarches entreprises par les officiels guinéens n’ont pas pu faire plier les Saoudiens qui sont restés sur leur position, affirmant que des dispositions ont été prises aux frontières et aux aéroports pour le respect de la mesure. Et dans la foulée, on apprend que le sommet extraordinaire de l’Union africaine sur l’emploi, l’éradication de la pauvreté et le développement inclusif qui devait se tenir du 2 au 7 septembre prochain à Ouagadougou, au Burkina Faso, a été reporté sine die. La raison invoquée par les autorités burkinabè est le risque d’importation du virus Ebola, ce d’autant qu’à l’occasion, de nombreuses délégations venues de plusieurs pays africains devraient séjourner dans la capitale burkinabè. Si la mesure en elle-même n’est pas farfelue, il faut reconnaître qu’elle traduit le degré de méfiance qui existe désormais entre les peuples, au point même que le parent le plus proche devient un pestiféré. La situation est d’autant plus complexe qu’un centre d’isolement a été saccagé au Libéria, permettant ainsi aux patients de disparaître dans la nature. Certes, l’humanité, dans son histoire, a connu des fléaux dévastateurs, mais de mémoire, elle n’avait jamais connu pareille épidémie qui subjugue toutes les consciences, répandant partout la terreur. Si fait que le monde lui-même est en train de se déshumaniser.

 

L’heure est à une mobilisation mondiale contre Ebola

 

En effet, comment rester indifférent, quand on voit ces images présentant un enfant abandonné dans une case par ses propres géniteurs, de peur de se faire contaminer par Ebola? Comment ne pas s’émouvoir outre mesure, quand on sait que des athlètes africains ont été empêchés de prendre part aux Jeux Olympiques de Pékin, parce qu’ils sont susceptibles d’avoir le virus Ebola? Et que ceux d’entre eux qui ont reçu l’autorisation se sont vu refuser certaines compétitions comme la natation et les sports de combat ? Tout cela, on le sait, participe des mesures de précaution visant à éviter le risque de propagation d’un virus qui ne pardonne pas. Au fait, jadis présenté comme une maladie redoutable, le SIDA est aujourd’hui perçu comme un mal bénin devant la fièvre Ebola. Car contrairement à la fièvre rouge qui ne donne aucun répit à ses victimes, les malades du SIDA, grâce au progrès de la médecine, peuvent vivre aussi longtemps qu’une personne bien portante, surtout avec l’avènement des antirétroviraux. En tout cas, pour l’heure, tous les regards sont tournés vers le Liberia où le sérum expérimental ZMapp est en train d’être administré à des malades d’Ebola. Le monde entier retient son souffle et souhaite que ce sérum non encore homologué, produise les effets escomptés, au grand bonheur de tous. A défaut, il faudra poursuivre les recherches. Car, s’il est vrai que l’on  peut prendre des dispositions préventives, en limitant les mouvements des hommes, on ne peut tout de même pas le faire pour les animaux qui ne connaissent pas de frontières et qui n’ont pas de nationalité. Combien de chauve-souris, par exemple, survolent, chaque jour, la frontière entre le Liberia et la Côte d’Ivoire et peuvent charrier avec elles le virus Ebola ? C’est dire que l’heure n’est pas aux mesures cosmétiques, mais à une mobilisation mondiale contre Ebola. Car comme le dit l’adage, « aux grands maux, les grands remèdes ».

 

Boundi OUOBA


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