HomeA la uneRAPPORT 2016 D’AMNESTY INTERNATIONAL : On en rit au Gondwana

RAPPORT 2016 D’AMNESTY INTERNATIONAL : On en rit au Gondwana


Dans son rapport annuel présenté hier, 22 février 2017, Amnesty International a fait un état des lieux des atteintes aux droits de l’Homme dans le monde. Dans des pays comme les Etats-Unis d’Amérique, la Hongrie, la Turquie et la liste est loin d’être exhaustive, l’Organisation non gouvernementale (ONG) dénonce une rhétorique « toxique » « diabolisant » certains groupes et en premier lieu les réfugiés. A la lecture de ce rapport, les hommes de bien ne peuvent qu’avoir froid dans le dos. En effet, certains faits qui y sont relatés, leur rappellent le discours nazi initié par Adolf Hitler et dont les conséquences font encore frémir. Comme si le monde était devenu amnésique au point d’oublier cette tragédie, on assiste aujourd’hui, dans l’hémisphère Nord surtout, à un retour de ce type de discours. Et invariablement, il est tenu en toute impunité, en s’abritant derrière la lutte contre le terrorisme. C’est le lieu de rappeler que Hitler aussi avait su justifier de manière cynique, sa haine des populations sémites en brandissant l’intérêt supérieur de sa patrie. Aujourd’hui, franchement, bien des dirigeants de ce monde sont dans cette posture. Dans le même rapport, l’ONG de défense des droits humains a fait le point sur les atteintes aux droits de l’Homme en Afrique. Samira Daoud, directrice régionale adjointe Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International, note une régression manifeste des droits humains sur le continent noir. Elle se décline, a-t-elle indiqué, en termes de répressions sanglantes de manifestations, d’incarcérations d’opposants politiques, de journalistes et de centaines de milliers de déplacés à cause des conflits. Bref, le tableau est on ne peut plus noir.

 

Le présent n’aura aucun effet sur les excès des satrapes

 

Mais, cela ne devrait étonner personne. Car, et pour reprendre un adage de chez nous, c’est « ce qui a rendu la tête plate, qui a fait sortir les yeux de leurs orbites ». En effet, quand on dresse un répertoire des pays africains où les droits humains sont bafoués chaque jour que Dieu fait, l’on peut vite se rendre compte que ce sont des contrées régentées par des prédateurs attitrés de la démocratie. C’est ceci donc qui explique cela. Et en la matière et comme toujours, la tête du peloton est tenue par les pays de l’Afrique centrale. Dans bien des pays de cette zone, l’on peut même se poser la question de savoir, au regard de la fréquence et de l’ampleur des violations systématiques des droits humains qui s’y passent, si les autorités ont seulement entendu un jour parler de ce sujet. Dans l’hypothèse où elles en auraient entendu parler, l’on peut dire qu’elles n’en ont cure. C’est pourquoi l’on peut affirmer sans aucun risque de se tromper, que le présent rapport d’Amnesty International, comme d’ailleurs tous ceux qui l’ont précédé, n’aura aucun effet sur les excès des satrapes en Afrique. Mieux, ils vont même en rire. Car, ils sont convaincus que ce n’est pas une simple compilation de feuilles qui pointe du doigt leur comportement, qui fera vaciller leur trône. De ce fait, et tout en saluant le travail d’Amnesty International qui, chaque année, fait l’état des lieux des atteintes aux droits de l’Homme en Afrique et ailleurs dans le monde, l’on peut se permettre de lui suggérer d’aller au-delà de la publication rituelle de rapports. Elle pourrait, par exemple, ne serait-ce qu’à titre symbolique, déposer des plaintes devant la Cour pénale internationale (CPI) contre les prédateurs avérés et incorrigibles des droits humains, qui sévissent sur le continent noir. Déjà, elle a l’avantage de les connaître.

 

L’Union africaine n’a pas une seule fois tenté de remonter les bretelles aux dictateurs

 

Il ne faut surtout pas compter sur l’UA (Union africaine), dont elle dit d’ailleurs à juste titre qu’ « elle ne prend pas la mesure des événements tragiques qui secouent l’Afrique », pour faire entendre raison aux présidents qui font dans l’excès en matière de gouvernance des droits humains. En effet, sauf oubli ou omission de notre part, l’UA, depuis qu’elle existe, n’a pas une seule fois tenté de remonter les bretelles aux dictateurs présidents en exercice, qui se comportent ainsi dans leur pays vis-à-vis de leurs compatriotes comme si l’Afrique étaient encore au Moyen Âge. La seule fois où l’UA a véritablement secoué un dictateur, c’était Hissène Habré, par l’entremise des Chambres extraordinaires africaines. Mais, c’était bien après qu’il fut chassé du pouvoir. Pour éviter tout risque de subir un jour le sort de l’ancien tortionnaire tchadien, les dictateurs semblent avoir trouvé un antidote puissant : s’accrocher au pouvoir jusqu’à ce que dame nature les contraigne à le quitter. C’est forts de cet état d’esprit qu’ils mettent un point d’honneur à tailler les Constitutions à leur mesure et à se faire accompagner par des Raspoutine pour faire main basse sur le pouvoir. Dans ces conditions, ils n’ont aucun scrupule à cracher sur des rapports comme celui que vient de produire Amnesty International. Quand ils ne crachent pas dessus, en guise de réaction, ils développent l’indécence et le cynisme au point de nier la matérialité des atrocités qui y sont relatées. Denis Sassou Nguesso, Joseph Kabila, Pierre Nkurunziza et les autres dictateurs sont dans cette posture. Le premier, par exemple, avec toute la désinvolture dont seuls les dictateurs ont le secret, a refusé l’accès au Congo-Brazzaville à Amnesty International. Pourtant, il y avait matière à y faire un tour, à en croire Samira Daoud, directrice régionale adjointe Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International. Et elle l’a signifié en des termes qui ne souffrent d’aucune ambiguïté : « La situation au Congo-Brazzaville est extrêmement préoccupante par nous et malheureusement, les autorités congolaises nous refusent l’accès au pays. » Et d’ajouter : « ce que nous avons déjà constaté depuis plusieurs mois, c’est que le droit d’exprimer les opinions politiques et divergentes et le droit de manifester, ne sont manifestement ni respectés ni protégés ». Ce constat n’est pas le propre du Congo-Brazzaville. Il est valable pour l’ensemble des pays africains dont les dirigeants sont convaincus que la démocratie est une affaire « de Blancs ». C’est pourquoi, sous le couvert du maintien de l’ordre, ils répriment très souvent dans le sang, toute manifestation à caractère politique. Ces derniers temps, ils ont fait la trouvaille d’un alibi bien commode pour casser de l’opposant. C’est celui de la lutte contre le terrorisme. Et ils ont de fortes chances d’être malheureusement compris et tolérés par les grandes puissances de ce monde. Le nouveau président américain, Donald Trump, est l’un d’eux. Et cela, au grand malheur des peuples africains.

 

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment