RAPT D’UN AMERICAIN AU NIGER
Un Américain, fils d’un missionnaire également américain, a été enlevé dans la nuit du 26 au 27 octobre 2020, dans le Sud du Niger, à environ 400 km de la capitale, Niamey. Cela porte à deux, le nombre d’Américains enlevés au Niger, et ce, après le rapt de Jeffery Woodke en octobre 2016. L’information a été confirmée par le préfet du département de Birni NKonni, qui précise que les ravisseurs, avec leur otage, ont pris la direction du Nigeria voisin. Toute chose qui laisse croire que ce rapt a été perpétré par Boko Haram qui, depuis des années, sévit rigoureusement dans la zone. S’agit-il d’un changement de stratégie? La question reste posée d’autant que Boko Haram, sous le magistère d’Abubacar Shekau, n’avait jamais fait des enlèvements d’Occidentaux, une priorité comme c’est le cas avec d’autres groupes armés. A moins que, s’inspirant du cas récent du Mali où des otages ont été libérés contre paiement d’une forte rançon, les islamistes insurgés nigérians n’aient décidé de changer leur fusil d’épaule. Cela dit, il ne faut pas non plus exclure le fait que cet enlèvement peut avoir été orchestré et exécuté par des individus en quête d’expédients, qui entendent ainsi revendre leur otage aux groupes djihadistes pour qui la peau blanche a une grande valeur marchande. Du reste, il faut rappeler que le rapt de ce ressortissant américain intervient un peu plus de deux mois seulement après l’assassinat de 6 humanitaires français au Niger.
Certains n’hésitent pas à dire que le rapt d’un Américain au Sahel, est la rançon de l’attitude de Donald Trump
Mais aussi au moment où séjourne au Sahel, le chef de la diplomatie française, Jean Yves le Drian. La nouvelle est tombée le jour même où il atterrissait à Niamey ; lui qui, durant son séjour à Bamako, affichait une position de fermeté vis-à-vis des terroristes, se refusant à tout dialogue avec ces derniers. Pour l’heure, on attend la réaction des autorités américaines. Vont-elles sortir l’artillerie lourde pour libérer leur compatriote des griffes du chacal ? Où vont-elles décider de négocier avec les terroristes? On attend de voir. Mais qui connaît la position du pays de l’Oncle Sam en la matière, sait que toute option de dialogue est à écarter. C’est la position de depuis toujours qui n’a subi aucune avarie avec le temps. Cela dit, ce qui vient de se passer au Niger, vient rappeler au locataire de la Maison Blanche, la nécessité de garder les troupes américaines au Sahel ; lui qui ne cachait pas sa volonté de tourner le dos à cette partie du continent africain devenue un véritable pandémonium. C’est pourquoi, certains, par cynisme, n’hésitent pas à dire que le rapt d’un Américain au Sahel, est la rançon de l’attitude de Donald Trump qui faut-il le rappeler, s’est refusé à tout soutien multilatéral au G5 Sahel qu’il a, du reste, combattu au moment où les dirigeants de cet espace se battaient comme de beaux diables pour que leurs forces soient placées sous le chapitre 7 des Nations unies. Tout se passe donc comme si Trump avait laissé pourrir les choses au point qu’il en subit aujourd’hui l’effet boumerang.
B.O