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RCA : Cathérine de Bangui relève le défi


Lentement mais surement, le bateau battant pavillon Centrafrique vogue vers l’épilogue de son histoire tumultueuse et ensanglantée. Déjà, force est de constater que le pari d’un taux honorable de participation est gagné et le défi d’un scrutin sécurisé est magnifiquement relevé. Repoussées à plusieurs reprises, ces élections présidentielle et législatives de l’ancien Oubangui-Chari auront donc finalement eu lieu le 30 décembre 2015, un jour de grâce s’il en est, pour ce pays encrassé par les turpitudes nombreuses et multiformes de ses propres enfants. De l’empereur ubuesque Jean Bedel Bokassa Ier au boulimique  Bozizé en passant par David Dako II,  André Kolingba et consorts, la Centrafrique aura connu le sort des républiques bananières perdues dans l’océan des égoïsmes et des ambitions d’un establishment politique dont l’irresponsabilité le dispute à la myopie politique.Depuis, tout semble basculer dans l’optimisme, et la perspective de la sortie d’une longue nuit harassante, rassure et embaume le cœur des Centrafricains. Jusque tard dans la soirée du jour des elections, aucun incident majeur digne de tempérer l’espérance d’une sortie de crise n’était véritablement enregistré. Assurément, l’expérience du référendum du 13 décembre dernier, a servi. On a envie de dire que les dieux de la politique  consentent enfin à desserrer l’étau autour du pays de Barthélémy Boganda.

La Centrafrique semble désormais positionnée sur les starting-blocks pour une échappée vers le vivre-ensemble

En tout cas, après trois harassantes années de tâtonnements, de soubresauts, d’incertitudes et de violences qui ont laissé sur le carreau plus d’un millier de macchabées, Bangui semble enfin bénéficier d’un très rafraichissement appel d’air. Même Sangaris n’aura pas pu empêcher pendant ces années, l’épopée sanglante de ce pays. Mais  on peut aussi imaginer légitimement ce qu’aurait pu être la Centrafrique sans l’opération Sangaris et sans l’implication de l’ONU. En tout état de cause, le bonheur ou à tout le moins la paix, semble enfin frapper à la porte de ce pays meurtri jusque dans ses entrailles. Catherine Samba-Panza, l’amazone de la Centrafrique , est en passe de réussir, quoique tardivement, le pari d’une sortie apaisée de crise. Elle aura au passage relevé le défi du fameux supplément de trois jours qui lui semblait indispensable pour accomplir son œuvre de salubrité publique. Un supplément qui, dans l’esprit de beaucoup d’observateurs,  ne devrait servir à rien. Au total, et comme par un mystique effet de contagion, la Centrafrique, à l’instar du Burkina Faso qui vient de refermer sa douloureuse parenthèse, semble désormais positionnée sur les starting-blocks pour une échappée vers le vivre-ensemble, la paix et le bien-être. Certes, tout est à reconstruire mais la volonté, la tolérance et la cohésion ne sont pas des obstacles rédhibitoires pour ce peuple qui peut désormais se targuer d’avoir un caractère bien trempé et qui mesure à leur juste importance, les ravages de l’intolérance et de la bêtise.

« Le Pays »


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