HomeA la uneREACTION DE BLE GOUDE A LA CPI :Le « général de la rue » dans la logique du déni

REACTION DE BLE GOUDE A LA CPI :Le « général de la rue » dans la logique du déni


 

Comme il fallait s’y attendre, Charles Blé Goudé a nié presqu’en bloc les charges de meurtres, viols et autres crimes retenues contre lui par la Cour pénale internationale (CPI). Dans son intervention hier 2 octobre à la Haye, le leader de la galaxie patriotique n’a pas fait dans la dentelle. Il s’est livré à un discours politique, pendant près d’une heure d’horloge, pour convaincre les juges de son innocence.

 

Blé Goudé ne pensait pas qu’il se retrouverait un jour devant la justice internationale

 

«  La procureure cherche à faire de moi celui qu’elle voudrait que je sois, mais que je ne serai jamais, un criminel ». Soit, Blé Goudé peut réfuter les accusations de l’équipe de la procureure Fatou Bensouda, mais il ne peut cacher le soleil avec sa main. Car, tout le monde sait qu’il a été l’un des fidèles parmi les fidèles de Laurent Gbagbo, qui ont contribué à répandre la violence et la haine en Côte d’Ivoire. Environ 3000 personnes ont péri lors de la crise post-électorale de 2010-2011. Et la CPI ne manque pas d’éléments de preuves en ce qui concerne ces horreurs, même s’il s’est évertué à nier toute responsabilité. Il n’a certes pas tué 3000 personnes, mais il aura au moins appelé des milliers de jeunes Ivoiriens à s’enrôler dans les forces armées de Côte d’Ivoire, à prendre les armes contre ceux qu’il a considérés comme étrangers, envahisseurs, en l’occurrence les partisans de Alassane Ouattara. Or, comme l’a relevé l’écrivain Jean Paul Sartre, « les mots  sont des pistolets chargés ». C’est par les mots qu’on instrumentalise un peuple, c’est par des mots qu’on déclenche aussi une guerre. Blé Goudé peut-il balayer tout cela du revers de la main? Assurément, non. La responsabilité de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, ne serait-ce que morale, est si grande dans le malheur qui a frappé la Côte d’Ivoire, qu’il lui serait difficile de se soustraire des fourches caudines de la CPI. Comme Socrate l’avait si bien dit à ses bourreaux : « le mal que nous faisons court plus vite derrière nous que le bien que nous faisons ». Et l’on peut dire que Charles Blé Goudé a été vite rattrapé par le mal qu’il a causé à son pays. A l’évidence, au moment où Blé Goudé faisait feu de tout bois pour maintenir son mentor au pouvoir, il ne pensait pas qu’il se retrouverait un jour devant la justice internationale. Pour sa défense, l’ancien Général de la rue a estimé que les vrais criminels n’avaient pas été conviés à la barre.

 

En attendant que la CPI veuille poursuivre ceux qu’il indexe, il doit s’assumer devant l’histoire

 

« Ce n’est pas moi qui devrais être là, mais Soro ou Bakayogo ». En se défendant de la sorte, on a bien envie de se demander qui de Blé Goudé ou de Soro a plus causé du tort à la Côte d’Ivoire? Blé Goudé veut-il par là, dire qu’il est blanc comme neige et qu’il doit son sort à la justice des vainqueurs comme il l’a toujours clamé haut et fort? Si c’est le cas, son argument ne saurait prospérer. Qu’aurait voulu Blé Goudé ? Que les vaincus jugent les vainqueurs ? Nulle part au monde, on n’a vu pareille chose. Les vaincus ont toujours subi la loi des vainqueurs. Le cas le plus emblématique est sans conteste le procès de Nuremberg en 1945-1946.

Et d’ailleurs, on peut imaginer le sort du camp Ouattara si c’est Laurent Gbagbo qui était sorti vainqueur de cette crise… En vérité, le Général de la rue est dans une logique de déni. Or, les faits parlent contre lui. Blé Goudé gagnerait à organiser sa défense, plutôt que d’adopter une posture qui risque de lui coûter plus cher. Certes, il est vrai que le camp du président Alassane Ouattara n’est pas allé déloger Gbagbo de son bunker, les mains nues. Il a aussi marché sur des cadavres. Et il faudra que tôt ou tard, tous ceux qui ont leurs doigts tâchés de sang d’innocents Ivoiriens, fussent-ils partisans du régime en place, répondent de leurs actes. Mais, Blé Goudé aurait tort de vouloir utiliser cet argument pour se défendre. Et en attendant que la CPI veuille poursuivre ceux qu’il indexe, il doit s’assumer devant l’histoire. En tout état de cause, il sera situé sur son sort d’ici quelques mois. Il faut dire que cette audience de confirmation des charges contre le fils putatif de Laurent Gbagbo, est intervenue au moment où les audiences foraines des parents des victimes de la crise post-électorale viennent de connaître leur épilogue sur les bords de la lagune Ebrié. Des audiences qui ont fait l’objet de moult critiques, si bien que l’on se demande si elles permettront d’aboutir à une vraie réconciliation en Côte d’Ivoire.

 

Dabadi ZOUMBARA


Comments
  • Peuple du Burkina un jour vous saurai toute la vérité la vraie sur la crise de ce pays frère. vous saurai que vos gouvernants vous ont mentis trompés et engagés dans un combat qui n ‘était pas le votre. ce jour là, beaucoup de Burkinabè auront honte et certains même se demanderont si les relations de fraternités qui ont toujours existé entre eux et les ivoiriens va perdurer du fait de tous ces complots mis à jour…Pour le moment préserver votre paix car les temps a venir ne sont pas bon du tout. Réagissez pendant qu’il est encore temps…

    3 octobre 2014
  • Ble Goude est un nnocent devant cette la cour de l’injustice internationale. il paye le prix de la democratie de facade instauree en afrique par la france.

    4 octobre 2014
  • Ble Goude est un innocent devant cette la cour de l’injustice internationale. il paye le prix de la democratie de facade instauree en afrique par la france.

    4 octobre 2014
    • Vous n’etiez pas en cote d’Ivoire pendant la crise, c’est pourquoi vous affirmez que Ble Goudé est innocent. Nous qui avions vecu cette crise avec les appels de Ble Goudé, les innocents brulés vifs parce qu’il a un nom….., les enrolements de jeunes patriotes à qui on distribue des Kalach. au camp d’akouédo etc. etc. etc. Ayez pitié et respectez au moins la mémoire de ces 3000 victimes. Merci !!!

      6 octobre 2014

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