HomeA la uneRECOMPENSE DU MERITE SCOLAIRE : Encourager les génies c’est bien, mais…

RECOMPENSE DU MERITE SCOLAIRE : Encourager les génies c’est bien, mais…


Le 18 août dernier a été dédié, au Burkina, peut-on dire, à la célébration du mérite en milieu scolaire. Ce jour-là, en effet, la nation a tenu à rendre hommage et à récompenser les élèves qui se sont illustrés par leurs résultats brillantissimes aux examens du CEP (Certificat d’études primaires), du BEPC (Brevet d’études du premier cycle) et du Baccalauréat. La cérémonie a eu lieu dans le cadre enchanteur de Kosyam, et a été présidée par le locataire des lieux, c’est-à-dire Roch Marc Christian Kaboré himself. Cela est la preuve que le sommet des sommets de l’Etat accorde du prix à l’excellence à l’école et s’investit à en faire la promotion. Et les choses n’ont franchement pas été faites à moitié pour le traduire dans les actes en termes de fournitures scolaires et d’espèces sonnantes et trébuchantes. En effet, 73 prix ont été décernés à 72 lauréats, puisque l’un d’eux a réussi la prouesse d’arracher 2 prix à la fois, soit un prix au CAP aide-comptable et 1 autre au BAC G2. Le génie en question s’appelle Koïta Osée et il nous vient de la Boucle du Mouhoun. Il serait trop fastidieux, ici, de rentrer dans les détails de tous les prix attribués, mais à titre d’illustration, l’on peut retenir ceux décernés dans le cadre du BAC. Les lauréats sont repartis chacun avec une attestation, un ordinateur portable. Au titre des prix en numéraires, les premiers de chaque série de BAC ont été gratifiés chacun de 500 000 F CFA offerts par le président du Faso et 200 000 F CFA par le comité d’organisation. Quant aux autres lauréats, ils ont engrangé chacun 300 000 F CFA du président de Faso plus 200 000 F CFA de la part du comité d’organisation. Il faut aussi mentionner que des prix spéciaux ont été distribués. 4 prix spéciaux ont été dédiés au Sahel pour des raisons que l’on peut facilement imaginer et 5 autres ont été attribués à des élèves vivant avec un handicap. Bref, les génies ont été suffisamment arrosés de prix et c’est une première, au regard de l’importance du montant des numéraires. La cerise sur le gâteau est que chaque lauréat du BAC aura d’office une bourse nationale.

Il faut une politique courageuse et volontariste si l’on veut véritablement booster l’excellence en milieu scolaire

Sans verser dans une posture dithyrambique, l’on peut reconnaître que l’Etat n’a pas eu tort de délier les cordons de la bourse pour récompenser les meilleures performances des élèves au CEP, au CAP, au BEPC et au BAC. Car, la portée pédagogique de cela est évidente. Outre le fait que cela participe de la saine émulation, l’on peut aussi dire que le geste a l’avantage d’aiguillonner les lauréats à s’investir davantage dans le travail scolaire et universitaire pour ce qui concerne les nouveaux bacheliers. Et dans un contexte marqué en milieu scolaire par la culture de la paresse et de la fraude, le simple fait de célébrer et de récompenser l’effort et le travail est un message dont la charge civique est élevée. Tout cela est bien et est à encourager. Mais il ne faut pas oublier que la condition à remplir pour qu’un plus grand nombre d’élèves accèdent à l’excellence, consiste à améliorer les conditions de travail des apprenants et celles des enseignants. A ce niveau, les voyants sont visiblement au rouge. En effet, les effectifs sont tellement pléthoriques que la qualité de l’enseignement en prend forcément un coup. A ce propos, quand on fait le point des lauréats qui ont été récompensés, on peut se rendre compte que la plupart viennent d’établissements dont les effectifs sont plus ou moins raisonnables. Nous n’allons pas les citer ici, de peur de faire leur publicité. L’autre élément sur lequel on peut insister dans la perspective de la promotion de l’excellence, est lié à la qualité des infrastructures scolaires, notamment les salles de classes. Il faut avoir le courage de reconnaître que bien des salles de cours ressemblent plus à des boites de sardines qu’à des cadres d’apprentissage, tant elles sont exiguës. L’on peut ajouter à cela leur caractère vétuste. Et que dire de ces salles de fortune qui font office de salles de classes et dont le nombre au Burkina est aujourd’hui effarant ? Certes, des efforts sont faits pour les réduire, mais l’on peut avoir l’impression que le rythme est très lent. Il faut donc une politique courageuse et volontariste à ce niveau, si l’on veut véritablement booster l’excellence en milieu scolaire. Et l’Etat ne doit pas craindre d’y injecter l’argent qu’il faut. Car, ne dit-on pas que le meilleur investissement consiste à investir en l’homme ?

SIDZABDA


Comments
  • Pur folklore. Les gouvernants salopent le système éducatif en prenant soin de mettre leurs garnements à l’abri.

    4 septembre 2017

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