HomeA la uneRECOMPENSES POUR LES DENONCIATIONS DE FAITS DE CORRUPTION : Eviter à tout prix les dérives !

RECOMPENSES POUR LES DENONCIATIONS DE FAITS DE CORRUPTION : Eviter à tout prix les dérives !


 Dans un communiqué datant du 7 avril dernier, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a porté à la connaissance du public, ceci : « Dans le cadre du contrôle approfondi des structures publiques, commandité par Son Excellence Monsieur le président du Faso, le Contrôleur général d’Etat et de lutte contre la corruption  lance un appel solennel à toutes les personnes susceptibles de lui fournir des informations sur les acquisitions de patrimoines mobiliers et immobiliers au Burkina ou à l’étranger et susceptibles de constituer des faits présomptifs de corruption, de délit d’apparence, d’enrichissement illicite, de détournement de biens publics… ». Dans le même communiqué, l’institution prévoit des récompenses sur les produits recouvrés grâce aux dénonciations faites. Toutefois, le Contrôleur général d’Etat attire l’attention de l’opinion sur le fait que les dénonciations doivent être faites de bonne foi. Cet appel à la dénonciation des faits présumés de corruption, de délit d’apparence et autres détournements de biens publics, pour autant qu’il vise véritablement à assainir l’Administration et à faire rendre gorge les personnes qui se sont rendues coupables de ces faits, est une initiative à saluer. Elle est d’autant plus à louer qu’elle s’attaque à des maux auxquels le pays est en proie notamment depuis 1987, date de l’avènement de Blaise Compaoré. Roch Christian Kaboré a poursuivi l’entreprise de pourrissement  du pays, entamé par ce dernier. Résultat : le Burkina a touché le fond  en matière de pillage et de prédation des biens de l’Etat. Les auteurs de ces pratiques, à cause de l’impunité dont ils ont toujours bénéficié, se sont transformés en de nouveaux riches dont l’arrogance n’avait d’égale que leur goût immodéré de l’accumulation des biens mal acquis. Que le régime de Damiba mette un point d’honneur à les traquer, ne devrait, en principe, pas déplaire aux Burkinabè épris de bonne gouvernance et de justice. Bien  au contraire, ils devraient volontiers  l’accompagner dans cette œuvre de salubrité publique. Mais pour que ces dénonciations de faits présumés de corruption tirent véritablement vers le haut le pays en matière de moralisation et d’assainissement de l’Administration, l’ASCE-LC doit faire en sorte d’éviter à tout prix les dérives. La première, ce sont les dénonciations calomnieuses. En effet, certains Burkinabè sont ainsi faits, qu’ils sont prêts à donner des informations fausses à l’ASCE-LC dans l’intention de  nuire à des personnes qu’ils ne veulent pas voir, même en peinture. C’est pourquoi d’ailleurs, l’ASCE-LC, pour éviter cette dérive, en plus d’attirer l’attention de l’opinion publique dans son communiqué, sur le fait que les dénonciations devraient être faites de bonne foi, devrait compléter la phrase par ceci : « Sous peine de poursuites judiciaires ». La deuxième dérive, c’est le risque d’instrumentalisation de l’ASCE-LC à des fins de politique politicienne. Luc Ibriga avait mis un point d’honneur à éviter cette dérive. Son successeur, Philippe Nion doit tout faire pour s’inspirer de son exemple. Autrement, il court le risque de dévoyer l’institution. Cette inquiétude est d’autant plus justifiée que l’opération a été « commanditée » par l’Exécutif. Il n’est pas exclu donc que par là, il cherche à « neutraliser » de potentiels adversaires politiques. Il se susurre déjà que certains audits auraient pour objectif, entre autres, de   neutraliser politiquement certains dignitaires du régime déchu . Vrai ou faux ? L’avenir nous le dira. En tout cas, aujourd’hui, une éventuelle chasse aux sorcières, quelle que soit la force qu’elle prendrait, créera plus de problèmes au pays qu’elle n’en résoudra. La dernière dérive pourrait provenir des réseaux sociaux. Très souvent, ces canaux ne vérifient pas l’information avant de la publier. Tout récemment, l’on a présenté sur la toile, un immeuble de grand standing dont on disait qu’il appartenait à x. Cette information s’est révélée fausse après vérification. Par ces temps qui courent, ces fake news, malheureusement, sont observables au quotidien sur les réseaux sociaux au Burkina. Pour réparer ces torts après, c’est pratiquement impossible. Autre chose que l’on peut suggérer à l’ASCE-LC, est le fait qu’elle doit  s’entourer de toutes les conditions juridiques pour restituer à l’Etat, les biens mal acquis. Car, ce qui s’est passé sous le CNR (Conseil national de la révolution) à propos de l’expropriation de bien des Burkinabè, a coûté cher à l’Etat après la Révolution en termes de réparations. En effet, tous ceux qui ont poursuivi l’Etat devant les tribunaux pour expropriation abusive, ont tous eu pratiquement gain de cause. De manière générale, l’on peut inviter l’ASCE-LC à conduire l’opération « dénonciation  des faits présumés de corruption contre récompenses » en ne perdant pas de vue, les propos de cet homme politique burkinabè : « les Burkinabè souffrent de 3M, c’est-à-dire le mesquinerie, la méchanceté et la médiocrité ». De ce point de vue, leurs dénonciations de faits de corruption  doivent être prises avec des pincettes en attendant vérifications.

 

Sidzabda

 

 

 

 

   


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