HomeA la uneRECONDUCTION DE LA GREVE GENERALE AU MALI SUR FOND DE MARASME ECONOMIQUE

RECONDUCTION DE LA GREVE GENERALE AU MALI SUR FOND DE MARASME ECONOMIQUE


Au Mali, le bras de fer entre le gouvernement et l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), la principale centrale syndicale du pays, se poursuit. Ce, à la suite de l’échec des négociations, qui a vu les grévistes reconduire leur mouvement de débrayage pour une nouvelle semaine consécutive, en raison de leur insatisfaction des propositions de l’Exécutif. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les autorités de la Transition sont véritablement sur la brèche au Mali, avec la reconduction de cette grève des travailleurs du public qui vient en rajouter aux insomnies des autorités intérimaires de Bamako. Certes, les syndicalistes sont dans leur rôle et dans leur droit de travailler à l’amélioration des conditions de vie et de travail de leurs membres ainsi qu’à la satisfaction de leur plateforme revendicative. Mais attention à ne pas tirer sur l’ambulance ! Surtout par ces temps de marasme économique exacerbé par les effets pervers de la crise sanitaire du Covid-19 qui est venue en rajouter à la crise sociopolitique que traverse le pays depuis la réélection pour un second mandat du président Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) jusqu’au coup d’Etat du 18 août 2020 qui a renversé son régime dans les conditions que l’on sait.

 

Il faudra, de part et d’autre, savoir raison garder

 

Depuis lors, la Transition malienne censée conduire le pays à des élections en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel normal, peine à trouver son équilibre. Ballotée qu’elle est entre des vents violents et parfois contraires, comme ces sempiternelles récriminations d’acteurs politiques contre la Transition, à l’image du M5 qui a mené la contestation contre le régime d’IBK jusqu’à sa chute et qui continue de ruer dans les brancards pour se tailler une place dans la Transition. Obligeant, soit dit en passant, le président de la Transition Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane, à revoir leur copie en matière de formation du nouveau gouvernement qui attend d’être connu depuis la dissolution du dernier, il y a une dizaine jours. C’est dire si le Mali vit une situation encore plus délicate  avec ce durcissement de ton des grévistes au moment où les négociations, à en croire certaines sources, semblaient pourtant, tendre vers un accord de sortie de crise. Et là-dessus, on ne cesse de se poser des questions. Que s’est-il passé pour que les choses capotent au dernier moment comme tend à le soutenir la partie gouvernementale pour qui les deux parties étaient proches de la signature d’un accord en fin de semaine dernière ? Les grévistes cherchent-ils à monter opportunément les enchères devant un Exécutif fragilisé ou bien faut-il les croire quand ils affirment qu’ « en fait, sur l’ensemble des points, très honnêtement, il n’y a aucune proposition concrète  » ? Quoi qu’il en soit, pour le bien du Mali, il faudra, de part et d’autre, savoir raison garder pour éviter de pousser le pays qui est déjà au bord du gouffre, dans le précipice. Car, quand on voit comment le mouvement de la semaine dernière a paralysé l’Administration publique, on n’ose pas imaginer le manque à gagner pour les caisses de l’Etat si le mouvement de fermeture des guichets doit se poursuivre dans des services comme la Douane ou les impôts qui sont les principales mamelles nourricières de l’économie malienne.

 

Il serait irresponsable, pour les autorités de la Transition, de prendre des engagements intenables à long terme pour l’Etat

 

Mieux, on se demande si une telle situation est tenable à terme pour un pays comme le Mali qui est pratiquement maintenu en apnée économique grâce au soutien de la communauté internationale. C’est pourquoi il est non seulement nécessaire de maintenir le dialogue entre les deux parties, mais il est aussi impératif de parvenir à un accord de sortie de crise dans les meilleurs délais, pour relancer la machine de l’administration publique. Autrement, on pourrait se demander si prises entre la pression d’une économie au bord de l’asphyxie, le marteau des attaques terroristes et l’enclume des revendications syndicales, les autorités de la Transition sauront garder le cap de leur objectif qui est de conduire le pays à des élections dans quelque huit mois maintenant.  En tout état de cause, si l’on peut comprendre la détermination des grévistes à arracher le maximum de concessions du gouvernement en cette période transitoire qui peut leur paraître propice, il serait irresponsable, pour les autorités de la Transition, de prendre des engagements intenables à long terme pour l’Etat, juste pour calmer momentanément le climat social. Et puis, dans le fond, même si l’Etat est une continuité, on peut se demander si une Transition clairement limitée dans le temps, a raisonnablement vocation à trancher le débat sur des sujets aussi brûlants et aussi sensibles que celui de l’harmonisation des primes et autres indemnités au sein de l’Administration publique.

 

« Le Pays »

 

 

 


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