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RECURRENCE DES ATTAQUES TERRORISTES A OUAGADOUGOU : On est mal barré


 

 

Hier, 5 mars 2018, soit trois jours après la double attaque terroriste que la capitale burkinabè a connue, deux présidents de pays voisins  ont fait le déplacement de Ouagadougou à l’effet de témoigner de leur solidarité au peuple burkinabè. Le premier qui a foulé le sol meurtri de Ouagadougou, est le Togolais Faure Gnassingbé, par ailleurs Président en exercice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Peu après, c’est le Nigérien Mahamoudou Issoufou qui a débarqué à Ouagadougou en sa qualité non seulement d’ami et de voisin du Burkina, mais aussi de Président du G5 Sahel dont est membre le pays des Hommes intègres. C’est la preuve que la double attaque de Ouagadougou a suscité une résonance  régionale et que les voisins en sont au plus haut point préoccupés. C’est la preuve également que la solidarité régionale n’est pas un vain mot. Ces visites seront certainement mises à profit par nos hôtes, même si cela semble une gageure, pour peaufiner par anticipation leur plan de riposte contre toutes les attaques de l’envergure de la double attaque de Ouagadougou. Par ces temps de malheur où leur homologue Roch Marc Christian Kaboré ne sait plus où donner de la tête ni à quel saint se vouer pour mettre son pays à l’abri des attaques terroristes, ces visites viennent comme un réconfort moral. Et le Burkina en a fortement besoin  pour faire face à l’adversité. Il en a d’autant plus besoin que les conséquences de ces attaques sont immenses et peuvent se décliner de la manière suivante. La première est d’ordre psychologique et elle est  de loin la plus difficile à soigner. En effet, la psychose est en  passe de s’emparer de toute la cité. Toute explosion, même suscitée par un sachet de plastique, suffit pour créer la débandade. Pas plus tard que le 4 mars dernier, dans la  zone du SIAO (Salon international de l’artisanat de Ouagadougou), l’explosion d’une bouteille de gaz butane a suscité une panique généralisée et cette réaction est humainement compréhensible.

 

La deuxième conséquence des attaques terroristes récurrentes à Ouagadougou et celle-ci d’ailleurs découle de la psychose, est d’ordre économique

 

Car, la peur est ambiante à Ouagadougou. Et la double attaque de Ouagadougou, de par son caractère osé, y est pour quelque chose. En effet, quand c’étaient des commissariats et des postes de gendarmerie isolés et très loin de la capitale, où servent quelques gendarmes et policiers qui étaient la cible des barbares, les Burkinabè arrivaient, peut-on dire, à dompter cahin-caha leur peur. Avec l’attaque de l’institution qui est censée être la plus sécurisée et la plus inexpugnable du pays, et cela en plein jour, il y a de quoi basculer dans la psychose. De ce point de vue, les terroristes ont atteint en partie leurs objectifs et l’un d’eux est d’installer un climat de terreur et d’angoisses au sein des paisibles populations. La deuxième conséquence des attaques terroristes récurrentes à Ouagadougou et celle-ci d’ailleurs découle de la psychose, est d’ordre économique. Aucune activité de ce domaine ne peut prospérer dans un tel climat. Déjà, à ce niveau, les choses allaient, on ne peut plus mal. En tirant à trois reprises sur l’ambulance, le doute  n’est pas permis que les choses  pourraient aller de mal en pis. Là aussi, on peut dire que les terroristes ont atteint un autre point de leurs objectifs terminaux. Et il faut être un investisseur qui  a vraiment foi en ce pays pour désormais s’y intéresser. En vérité, il ne faut pas se voiler le visage pour   voir la réalité des choses. Il faut dire qu’on est mal barré. Et cette situation commande un changement de paradigme sécuritaire  pour au moins atténuer les choses à défaut de les éradiquer. La première des solutions à envisager est de repenser de fond  en comble l’armée, de manière à la hisser à un niveau où elle peut riposter comme il faut au nouveau péril. L’heure n’est plus aux mesures cosmétiques. Toutes les intelligences, et notre armée en regorge, doivent être mises en synergie pour anticiper les attaques terroristes et leur apporter une thérapie de cheval. A ce propos, on peut déjà envisager la délocalisation des enceintes militaires à des endroits où, en cas d’attaques terroristes, les effets collatéraux pourraient être minimisés. A cela, l’on peut ajouter la nécessaire coordination de tous les services  de renseignement de la République. Car, à ce niveau, l’on peut avoir l’impression que le travail se passe de manière cloisonnée. L’autre levier à activer, c’est celui de la discipline et de la cohésion de la Grande muette. Les différents  régimes d’exception que le pays a connus ont eu raison de ces deux valeurs qui font la force de toute armée digne de ce nom. De ce fait, l’armée semble avoir perdu son âme et le sens de ses missions régaliennes. C’est ce qui explique, entre autres, certaines mauvaises pratiques en son sein. Le vol de 400 uniformes en mars 2017, en est une. Et tous ceux qui sont en train d’encenser Blaise Compaoré aujourd’hui, doivent le faire avec modération. Car, il est de loin le président qui a le plus dévoyé l’armée  pour y avoir introduit la culture de la promotion en fonction de ses intérêts à lui, le goût immodéré du lucre, du luxe et de la délation.  Aujourd’hui, cette page doit être radicalement tournée. Et sur la nouvelle page, l’on doit poser les bases d’une armée véritablement républicaine, c’est-à-dire une armée non pas au service d’un homme et de son clan, mais une institution forte et résolument tournée vers les intérêts supérieurs de la Nation. Et l’armée burkinabè est capable d’une telle mutation, car en son sein existent des hommes et des femmes qui ont en partage cette valeur cardinale. C’est le lieu de leur rendre hommage et les inviter à davantage d’efforts. C’est le lieu également d’interpeler les dirigeants pour qu’ils inscrivent la dimension  sécuritaire au centre de leurs préoccupations. Car, sans un minimum de sécurité, rien de grand ne peut être envisagé pour la Nation. De manière générale, tous les Burkinabè doivent désormais intégrer cette donne dans leurs actions de tous les jours. Mais les signaux forts de cet impératif doivent être donnés d’abord par les détenteurs de la puissance publique. Il faut souhaiter vivement que ce cri, qui s’apparente à un cri de détresse, soit entendu par qui de droit.

SIDZABDA

 


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