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REDUCTION DU TRAIN DE VIE DE L’ETAT AU MALI


 Saura-t-on aller au-delà du discours ?

L’année 2019 est placée sous le signe de la réduction du train de vie de l’Etat, au Mali. En tout cas, c’est l’annonce faite par le gouvernement en début d’année. Et le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga,  vient de passer à l’acte. En effet, le chef du gouvernement a rendu publique une batterie de mesures allant dans ce sens, le mercredi 23 janvier 2019. Elles concernent notamment les dépenses en carburants, en produits alimentaires, les achats de véhicules et de billets d’avion pour les missions hors du Mali. A en croire la primature, toutes ces mesures visent à maîtriser les dépenses publiques et surtout à faire face aux importantes priorités du gouvernement en matière d’amélioration des conditions de vie des populations. Il n’y a rien à redire quant à l’opportunité et à la pertinence de l’objectif affiché. Mais l’éternel problème, sous nos tropiques, est que très souvent, les promesses des gouvernants sont rarement suivies d’effets palpables et observables. Dans bien des pays africains, en effet, de telles mesures sont annoncées soit pour réduire la grogne sociale soit pour passer aux yeux des fameux partenaires   techniques  et financiers, comme des champions de la rationalisation des dépenses publiques. Cela dit, il faut avoir le courage de reconnaître que ce genre de mesures dans un pays comme le Mali, ne devraient pas être l’exception mais la règle. En effet, ce pays est un échantillon représentatif de l’Afrique à la peine, surtout dans sa partie au Sud du Sahara. Dans cet espace, en effet, il est loisible d’observer toutes les formes de misère dans leur nudité, c’est-à-dire des enfants malnutris disputant avec les mouches un maigre repas ; des hommes et des femmes tenaillées par la faim et la soif ; des jeunes qui, rongés par l’oisiveté et le chômage, sont prêts à rallier l’Europe au péril de leur vie et l’on en oublie.

L’Afrique doit mettre un point d’honneur à réduire ses incongruités

Pendant ce temps, leurs gouvernants vivent au rythme de « American Way of life », c’est-à-dire mènent un train de vie marqué par le faste et le somptuaire et ce, de manière arrogante. Comme on le constate, le paradoxe entre le standing de vie des gouvernants et la misère crasse dans laquelle végètent les populations, est abyssal. Plus que de l’indécence, on peut qualifier cela d’immoral. Et l’autre paradoxe, c’est que ce sont ces mêmes gouvernants repus et insoucieux de la misère  de leurs populations, qui se fendent très souvent de discours invitant leurs concitoyens à l’austérité au prétexte que les caisses de l’Etat sont mal en point. Le dernier paradoxe est que quand on ose la comparaison avec le train de vie des dirigeants de certains pays du Nord, surtout ceux des pays scandinaves, l’on peut se rendre vite compte que dans ces pays riches et développés, c’est la mesure et la modestie qui sont religieusement observées dans la gestion des biens publics. En Afrique  au Sud du Sahara, c’est le contraire de ces valeurs qui fait office de règle de vie de bien de nos gouvernants. C’est pourquoi, les mesures annoncées par le gouvernement malien allant dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat, peuvent être qualifiées de mesures justes et éclairées. Mais encore faut-il qu’elles soient traduites en actes concrets. Dans l’hypothèse où elles le seraient, l’on peut suggérer au gouvernement malien de les faire accompagner par d’autres mesures allant dans le sens de la moralisation de la vie publique de manière générale. Une suggestion parmi tant d’autres, serait de veiller à ce que les ministres et autres présidents d’institutions de la République fassent l’inventaire de leurs biens aussi bien à leur prise de fonction qu’au moment de cesser service et cela, dans les règles de l’art. Car, le plus souvent, l’on a l’impression que personne n’accorde le moindre crédit à ce genre de rituels, tant ils s’apparentent à de la comédie. En tout cas, si l’Afrique veut cesser d’être la risée des autres, elle doit mettre un point d’honneur à réduire de manière significative ses incohérences et ses incongruités. Et ce cap de la bonne gouvernance et de la responsabilité ne peut être atteint sans que les gouvernants décident d’aller au-delà des discours convenus pour poser des actes forts, susceptibles d’entraîner les populations dans leur sillage. En tout cas, on attend de voir pour croire à la sincérité du gouvernement malien dans la traque de la gabegie. Car, sous nos tropiques, la démagogie est en passe de devenir une valeur.

Pousdem PICKOU


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