HomeA la uneREFORMES DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE AU BURKINA : Il faut cultiver le sens de l’Etat

REFORMES DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE AU BURKINA : Il faut cultiver le sens de l’Etat


En vue de moderniser l’appareil d’Etat et de le rendre performant dans sa mission de service public, beaucoup de chantiers sont ouverts. Au nombre des initiatives allant dans ce sens, il y a le projet de loi sur la neutralité de l’Administration publique mais aussi l’enrôlement annoncé des agents de l’Etat. A terme, l’ambition est de transformer la Fonction publique burkinabè qui reste encore largement sociale, en une administration véritablement de production de services et de biens. Mais toutes ces réformes peuvent s’avérer bien vite insuffisantes si elles ne s’attaquent pas à la racine du mal qui peut se résumer en un seul constat : de nombreux agents de l’Etat n’ont pas le sens de l’Etat. C’est cette absence du sens de l’Etat qui fonde le postulat selon lequel il faut « se servir avant de servir ». Et c’est malheureusement ce faux postulat dans le service public qui n’est, par ailleurs, qu’une paraphrase de la sagesse populaire selon laquelle  « la charité bien ordonnée commence par soi-même »,  qui est à l’origine de bien des maux décriés dans notre Administration publique : détournements de fonds, abus et pillages des ressources publiques, affairisme, promotion sur la base des affinités familiales et politiques, corruption, etc. Ces grands maux peuvent même prendre un aspect plus  pernicieux et sournois en épousant les contours de la légalité.  En effet, dans l’Administration publique, beaucoup de responsables privilégient les activités en mission, qui permettent de se remplir les poches, que d’engager leurs ressources dans des investissements profitables à toute la Nation.

 

Il n’est un secret pour personne que le besoin crée le vice

 

Que faire alors pour inculquer le sens de l’Etat à ceux qui sont censés le servir ? Telle est la question que l’on pourrait se poser. Elle a, en tout cas, tout son sens dans ce contexte de Transition où l’ambition clairement affichée est de refonder l’Etat.  L’un des leviers essentiels pour cultiver le sens de l’Etat, c’est d’abord la formation. Car, l’insuffisance de la formation peut être bien des fois à l’origine de mauvais choix sans que cela ne confine à un usage intéressé des ressources publiques. Mais il faut non seulement renforcer les capacités techniques des fonctionnaires, mais aussi cultiver l’éthique et la déontologie par des modules appropriés pour prévenir les comportements déviants. La culture de l’éthique, en particulier, ne devrait pas attendre les écoles de formation professionnelle, mais elle devrait s’enclencher dès le bas-âge dans la famille et dans le système éducatif à travers l’éducation civique et morale. Le second levier, pour cultiver le sens de l’Etat, est la mise à la disposition des agents de l’Etat, d’outils de planification contraignants qui obligent à plus de création et de production de biens et de services publics. Ces outils auraient l’avantage de limiter les choix orientés vers les intérêts personnels.

Cela dit, pour que cette thérapie soit véritablement fonctionnelle, il faut mettre les agents publics à l’abri du besoin. Même s’il est communément admis que l’on ne devient pas fonctionnaire pour devenir riche, il n’est non plus un secret pour personne que le besoin crée le vice. Cela dit, il serait bien indiqué que dans les réformes en cours, une valorisation des traitements des agents de l’Etat pour les mettre en phase avec le renchérissement du coût de la vie, soit envisagée. Même si cette solution n’est pas la panacée pour les maux que l’on dénonce, elle a au moins l’avantage de retirer de l’engrenage du vice, les agents les plus vertueux et d’isoler les brebis galeuses qui n’entendent que le langage du bâton.

 

Sidzabda

 


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